Congo-Kinshasa: Présidentielle de 2018 - Controverse autour de l'existence d'un accord politique entre Kabila et Tshisekedi

Le Phare
L’ancien Chef de l’Etat, Joseph Kabila et Félix Antoine Tshisekedi, Président de la RDC (photo d'archives).

Un sujet défraie la chronique de ces dernières heures. Il s'agit du pavé jeté récemment par Corneille Naanga, l'ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) au sujet d'un prétendu accord qu'auraient conclu, à la suite de la présidentielle de 2018, Joseph Kabila et Félix Tshisekedi en faveur d'une transition politique.

La proclamation de Félix Tshisekedi, comme vainqueur de la présidentielle de 2018 serait, de l'avis de Corneille Naanga, la résultante dudit accord négocié devant témoins. Les propos de l'ex-président de la Ceni ont, comme il fallait s'y attendre, mis de l'huile au feu en suscitant une vive controverse dans la classe politique. Le fait que l'intéressé, en plus de confirmer ledit accord, soutient avoir été l'un de ses co-rédacteurs, a rajouté à la tension. Les propos de Corneille Naanga ont réconforté les pro Fayulu qui ont eu, de cesse, de réclamer la victoire de leur leader tout en exigeant la « vérité des urnes ». Pour la plateforme de l'opposition Lamuka, ce fait de l'histoire évoqué par Corneille Naanga est très grave et donne raison à tous ceux qui ont toujours contesté la légitimité du pouvoir de Félix Tshisekedi.

Prince Epenge, un des porte-paroles de cette coalition, va même plus loin en réclamant l'ouverture d'une enquête par le procureur général de la République. "On ne peut pas dépenser un milliard de dollars, déplacer plus de cinquante millions d'électeurs et finir par un arrangement, un compromis obscur entre Kabila et Felix Tshisekedi, en rejetant le vrai vainqueur qui était Martin Fayulu", a-t-il tempêté sur une chaîne périphérique captée à Kinshasa. À moins de trois mois des prochaines joutes électorales, les allégations de Corneille Naanga tendent à jeter un sérieux discrédit sur le processus électoral en cours avec le risque de démobiliser les potentiels électeurs. Qu'à cela ne tienne. Dans les cercles du pouvoir, on relativise jusqu'à déconsidérer carrément les affirmations "gratuites" de Corneille Naanga non assorties de preuves.

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À l'Union sacrée de la nation (USN), en effet, Corneille Naanga se passe pour un illuminé qui joue aux trouble-fêtes pour discréditer le processus électoral en cours et saper la tenue des prochaines élections. Pour Thierry Monsenepwo, un des portes-paroles de l'USN, l'intervention de Corneille Naanga s'explique par son envie de dénigrer le gouvernement et l'État congolais de sorte à ramener les projecteurs de l'actualité sur sa personne. Il explique : "Le seul accord politique qui existe, c'est celui de gouvernance qui a été signé entre le Front commun pour le Congo (FCC), représenté par le professeur Néhémie Mwilanya et Jean-Marc Kabund pour le compte du Cach, qui a été rendu public le 6 mars 2019 et qui a donné suite au gouvernement de Sylvestre Ilunga Ilunkamba le 10 juillet 2019 ».

De New York, où il séjourne, le président Félix Tshisekedi est revenu sur la question, lors d'un échange avec les médias le mercredi 20 septembre. Le chef de l'État congolais a apporté la contraction attendue. " Il n'y a jamais eu d'arrangements frauduleux entre moi et mon prédécesseur ", avait-il soutenu tout en affirmant avoir rejeté, à l'époque, toute sollicitation venant de la "Kabilie" après la proclamation des résultats le donnant vainqueur de la présidentielle. Toujours sous sanction des États-Unis pour corruption et entrave au processus démocratique, Corneille Naanga se trouve présentement en exil. Il s'est proclamé candidat à la présidentielle de décembre 2023.

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