Alors que le Sénégal commémore mercredi 27 septembre le 21e anniversaire de la catastrophe du Joola, ce naufrage terrible dans lequel près de 2 000 personnes ont perdu la vie en 2002, la liaison maritime entre la capitale et Ziguinchor, en Casamance, est toujours suspendue depuis début juillet 2023. Pourtant, depuis 2008, un bateau l'assurait.
L'ordre de suspendre la liaison entre Dakar et Ziguinchor date du mois de juin. Depuis, aucune nouvelle instruction n'a été reçue, résume le directeur de la Cosama, la compagnie qui gère le ferry entre la capitale et la Casamance.
La suspension de la liaison maritime s'est faite surtout en raison des émeutes à Dakar, qui ont éclaté début juin, confirme une source au ministère de la Pêche et des Affaires maritimes : « À l'époque, le bateau n'a jamais été autant rempli que pendant les émeutes, c'est donc pour garantir la sécurité que le choix a été fait de le suspendre. »
Toujours aucun calendrier
Mais trois mois plus tard, aucun calendrier n'est encore connu pour la reprise des trajets. Et pour les acteurs économiques de la Casamance qui l'utilisent pour vendre fruits, huile de palme et poissons dans la capitale, c'est un gros manque à gagner, comme le confirme François Joseph Cabral, professeur d'économie à l'université Cheikh Anta Diop : « L'effet est tout de suite ressenti parce que vous n'avez plus de ventes possibles vers le reste du Sénégal ou, si vous en avez, le volume est beaucoup moins important et vous perdez un manche en utilisant un moyen de transport plus coûteux, la route. »
Les coûts sont quasiment multipliés par deux par la route et il n'existe pas de liaison ferroviaire jusqu'en Casamance. Depuis presque quatre mois, c'est aussi quelque 1 500 personnes qui sont privées de ce moyen de transport direct et peu coûteux.
Selon François Joseph Cabral, professeur d'économie à l'université Cheikh Anta Diop, « ce bateau représente le cordon ombilical entre la région sud, la Casamance, et le reste du Sénégal » et les conséquences de cette suspension sont surtout économiques et « visibles ».
02:10 «Le bateau est un moyen d'augmenter le pouvoir d'achat des agriculteurs casamançais», selon François Joseph Cabral, professeur d'économie à l'université Cheikh Anta Diop