Congo-Kinshasa: Opacité dans la gestion des droits d'auteurs en RDC - Maika Munan dénonce 14 mois de salaire impayés et répartitions inexistantes à la SOCODA

Maika Munan

La situation de la gestion collective des droits d'auteurs des artistes reste préoccupante en République démocratique du Congo se prépare à l'endroit du gouvernement, a alerté annoncé Maika Munam, guitariste-arrangeur des musiques de renom, au cours d'un entretien avec La presse.

« Si le secteur de droits d'auteurs n'évolue pas dans notre pays, la responsabilité revient à l'Etat et à la Société congolaise des droits d'auteurs et des droits voisins (SOCODA). Cette dernière a toujours été dirigée par des novices depuis sa création. Nous sommes très préoccupés et déçus par la mauvaise politique de gestion de nos droits d'auteurs. Le gouvernement devra gérer cette situation sans état d'âme comme c'est le cas en Europe », a-t-il fait savoir.

Et de poursuivre : « La SOCODA est une coopérative qui a été créée pour permettre aux artistes congolais en général, de bénéficier de leurs créations artistiques. Malheureusement, tous ses dirigeants n'arrivent toujours pas à satisfaire les ayants droits que nous sommes. La société a failli à sa mission fondamentale qui consiste à percevoir, gérer et répartir les droits des artistes, alors qu'elle génère des recettes importantes, capables de répondre favorablement à notre souci, nous les sociétaires ».

L'artiste Maïka Munan a, en plus, déploré l'opacité dans la gestion et le détournement à répétition, qui, selon lui, freinent l'expansion de la SOCODA et entrainent des crises interminables. Et pourtant cette coopérative est régie par la loi supra nationale OHADA qui définit toutes les dispositions pour son bon fonctionnement. Cette loi OHADA que la République démocratique du Congo a ratifié le dit clairement, le mandat d'un dirigeant de la SOCODA, n'est renouvelable qu'une seule fois.

« Il est important que le système fonctionne normalement. Chacun doit recevoir ce qu'il produit comme droits en qualité d'auteur, compositeur, interprète... Personne n'a le droit d'user des droits des autres. Ce qui se passe actuellement à la SOCODA est anormal. Imaginez surtout que ça fait déjà plus d'un an de salaires impayés pour les agents et répartitions inexistantes pour les artistes après toutes les perceptions. Nous voulons savoir où passent nos droits d'auteurs. Pourquoi les responsables de ce hold-up restent-il impunis jusqu'à ce jour? », s'est-il interrogé.

Maïka Munan pour la tenue d'un forum le droit d'auteur en RDC

Répondant à une question, le doyen Maïka Munan a salué l'initiative du Président de la République Félix Tshisekedi, de convoquer un forum national sur la culture et les droits d'auteurs en RDC. Il a estimé que cette rencontre permettra de mettre fin au cycle infernal des conflits qui divisent les artistes.

« L'initiative prise par le Chef de l'Etat aidera à mettre de l'ordre dans notre secteur, afin de permettre aux créateurs congolais de jouir des fruits de leurs oeuvres de l'esprit. Nous le remercions pour avoir confié à la ministre de la Culture, arts et patrimoines, la mission d'organiser ces assises. L'heure est venue de nous réunir autour d'une table pour trouver des solutions à la problématique de la gestion des droits d'auteurs dans notre pays. Ça prouve qu'avec la volonté politique, les choses peuvent s'améliorer dans le domaine des droits d'auteur », a soutenu le guitariste congolais.

Toutefois, celui que les musiciens appelés affectueusement "Mukubwa" soutient les processus de consultation en cours qui sont menés jusque-là par la Ministre Catherine Kathungu, pour une participation inclusive au Forum.

« Toutes les parties prenantes doivent être consultées au préalable par la ministre de tutelle avant la tenue de ce forum qui est la volonté du chef de l'Etat qui délègue son pouvoir au ministère de la Culture. Nous sommes tous concernés par le schéma de réconciliation. Tous les artistes ont l'obligation de collaborer avec la ministre de la culture. La SOCODA a été créée par l'Etat congolais. Elle est sous la tutelle du ministère de la Culture. Pourquoi alors Nyoka Longo exige du ministère un protocole spécifique pour s'adresser à sa personne ?», fustige Maika Munan.

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