Le monde du football, souvent considéré comme un reflet de la société, est le théâtre de nombreux enjeux et controverses qui soulèvent des questions fondamentales sur l'éthique, la transparence et l'intégrité. L'affaire récente du baiser forcé de M. Luis Rubiales, ex-Président de la Fédération Espagnole de Football, à la joueuse Jenni Hermoso, lors de la finale de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA en août 2023 à Sydney, a suscité une vive réaction. Cette affaire a finalement conduit à la démission de M. Rubiales et à une suspension de 90 jours infligée par la FIFA. Cette réaction rapide de la FIFA a été saluée presque unanimement, soulignant l'importance de l'éthique dans le sport.
Cependant, cette affaire soulève également des questions sur la cohérence et l'équité des actions de la FIFA. Si le comportement de M. Rubiales était inexcusable, pourquoi la FIFA reste-t-elle silencieuse face à d'autres cas potentiellement plus graves ailleurs, notamment au sein de la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT) ?
En juin 2022, M. Samuel Eto'o Fils, Président de la FECAFOOT, a été condamné à une peine de prison ferme en Espagne pour fraude fiscale. Malgré cette condamnation et les règles statutaires de la FECAFOOT, il a refusé de quitter son poste. Plus tard en décembre 2022, il s'est livré à une agression violente contre un youtubeur algérien devant un stade, un acte qui a été largement diffusé dans le monde entier. En mai 2023, il a également signé un contrat de sponsoring avec une entreprise de paris sportifs en violation du Code d'Éthique de la FIFA. De plus, des enregistrements audio ont révélé qu'il était impliqué dans une entreprise de manipulation des résultats des matchs organisés par la FECAFOOT, une infraction grave punie par les règles de la FIFA et de la CAF.
Malgré ces multiples infractions, la réaction de la FIFA et de la CAF a été remarquablement passive. La CAF a ouvert une enquête pour "comportement inapproprié", mais aucune mesure conservatoire n'a été prise. Cette inaction est d'autant plus préoccupante que l'éthique, la transparence et l'équité sportives sont au coeur des enjeux du football.
La question qui se pose est pourquoi la FIFA maintient un silence assourdissant face à de tels scandales en Afrique, tandis qu'elle agit promptement en Europe. Le Président de la FIFA, M. Gianni Infantino, semble montrer une tolérance sélective en s'affichant publiquement avec M. Eto'o, malgré les allégations de trucage des matchs. De même, le Président de la CAF, M. Patrice Motsepe, n'a pris aucune mesure significative pour restaurer l'intégrité du football africain.
Cette gestion à deux vitesses envoie un message troublant selon lequel l'Afrique serait une zone où l'éthique et l'exemplarité des dirigeants sportifs peuvent être bafouées impunément. Il est difficile d'imaginer la FIFA ou l'UEFA rester silencieuses si un président de fédération européenne était impliqué dans des scandales similaires.
Il est temps que les fédérations africaines de football cessent d'être des refuges pour des individus sans scrupules qui profitent de la protection de la CAF et de la FIFA. L'éthique doit être une préoccupation partagée par tous, quelle que soit la région. Il est impératif que la FIFA et la CAF veillent à ce que les dirigeants sportifs africains soient également soumis à des normes élevées en matière d'éthique, de transparence et d'intégrité.
L'éthique sportive ne peut pas être à géométrie variable. Elle doit être appliquée de manière universelle, sans faiblesse ni discrimination. Les signataires de cette déclaration appellent la FIFA, la CAF et l'ensemble de la communauté footballistique à prendre des mesures immédiates pour restaurer la confiance du public dans le football africain et à garantir que l'éthique et l'intégrité sportives prévalent en toutes circonstances.
Ont signé :
- GENERAL PIERRE SEMENGUE, Président de la Ligue de Football Professionnel du Cameroun (LFPC)
- FAUSTIN DOMKEU, Premier vice-président de la Ligue de Football Professionnel (LFPC)
- HENRI NJALLA QUAN JUNIOR, Quatrième vice-Président démissionnaire de la Fecafoot
- JOSEPH FEUTCHEU, Président de Djiko FC de Bandjoun, membre démissionnaire du Comité exécutif de la Fecafoot
- HENRI CLAUDE BALLA ONGOLO, Président de l'Association des clubs de football amateur du Cameroun (ACFAC)
- ABDOURAMAN HAMADOU BABBA, Président du club Etoile Filante de Garoua
- PIERRE NDJILI NDENGUE, Instructeur CAF et ancien sélectionneur de l'Équipe U23 du Cameroun
- GUIBAI GATAMA, Membre du Comité exécutif
- FRANCOIS KOUEDEM, Président de la Ligue Régionale de Football de l'Ouest
Cette déclaration appelle à une prise de conscience et à une action immédiate pour préserver l'éthique dans le football africain, tout en exigeant la même rigueur que celle appliquée ailleurs dans le monde.