Les récents discours des chefs de délégations africaines à l'ONU prouvent, si besoin en était, que l'éveil des consciences devient de plus en plus une réalité prégnante sur le continent et que l'homme noir, traumatisé par son contact avec le monde occidental au quinzième siècle (quand les Portugais avec Bartolemeu Diaz puis Vasco de Gama apparurent dans l'Océan indien à la recherche d'hommes et de richesses ) avec la désarticulation des espaces sociopolitiques antérieurs, a décidé d'être dorénavant l'acteur et le vecteur principal de son développement. Belle profession de foi s'il en est qui pour être traduite dans la réalité concrète, nécessite un travail gigantesque au vu de l'état de délabrement culturel et économique du continent.
De l'éducation citoyenne axée sur des valeurs telles que le respect de la vie, la recherche du bien commun, le culte des droits et des devoirs humains à la déconnexion économique avec la question principale et principielle de la monnaie, ce sont de véritables travaux d'hercule qui attendent nos dirigeants actuels, s'ils veulent mériter de l'histoire et s'inscrire dans la lignée des grands que furent, Nkrumah, Lumumba, Cabral ou Sankara et plus loin Chaka Zoulou, Menelik, Soundjata ou Sarraouina la reine nigérienne au moral d'acier et à l'intrépidité sans pareille.
Il y a donc lieu de formuler un projet de développement endogène, comme celui entrepris récemment sous la houlette du Président Ibrahim Traoré, tout en assainissant le cadre infrastructurel et superstructurel de nos Etats gangrenés jusqu'à l'os par l'expérimentation pervertie de la démocratie gréco-romaine qui nous est imposée depuis les indépendances formelles. Un combat culturel et économique que cette renaissance africaine, dont le principal élément reste l'intégration sous régionale puis régionale, étant entendu que nos "erzats " d'Etats n'ont aucune chance de s'en sortir face à cette mondialisation financière et marchande prédatrices. Pour sortir de l'équation "mendier ou périr " comme disait le professeur Joseph Ki Zerbo "seule la constitution de vastes espaces ou marchés intérieurs viables permettra d'opérer la division interafricaine du travail, selon les avantages comparatifs internes et externes.
" A ce niveau il faut saluer encore une fois l'alliance des Etats du Sahel entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso qui est un socle si petit soit-il de cette néo-culture africaine. Une oeuvre parsemée d'embûches car, pour retrouver notre paradis perdu, il nous faudra ferrailler avec les usufruitiers de celui-ci, dont la survie dépend de notre aliénation et de notre spoliation. Le terrorisme en est la dernière manifestation et le durcissement récent des combats montrent que la "bête" n'est pas prête à se laisser abattre si facilement. Mais le bouillonnement observé de l'est à l'ouest et du nord au sud du continent est un indicateur encourageant dans cette lutte finale. Etre ou ne pas être, telle est la question.