Afrique: Amélioration de l'architecture financière mondiale - Le président de la Banque africaine de développement propose cinq moyens

L'architecture financière mondiale freine le développement de l'Afrique, selon le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, qui a proposé cinq moyens de la rendre plus équitable.

M. Adesina s'exprimait dans le cadre d'une table ronde de haut niveau, qui s'est déroulée la semaine dernière à la 78e Assemblée générale des Nations unies, sur le thème suivant : « Vers une architecture financière internationale équitable ».

Le président Adesina a déclaré que l'ampleur des ressources fournies par l'architecture financière internationale n'était pas suffisante pour permettre à l'Afrique de réaliser ses priorités en matière de croissance et de développement. Il a précisé que l'Afrique était confrontée à un déficit de financement de 1 200 milliards de dollars à l'horizon 2030 pour financer ses objectifs de développement durable.

Selon le président de la Banque africaine de développement, la deuxième contrainte tient au fait que l'architecture financière internationale ne fournit pas un financement climatique à l'échelle nécessaire pour permettre à l'Afrique de s'adapter au changement climatique.

La troisième contrainte, a noté M. Adesina, vient du fait que l'architecture financière internationale actuelle rend la restructuration de la dette africaine trop complexe à réaliser, dans la mesure où cette dernière est désordonnée, longue et coûteuse. Il a expliqué que cela posait des risques sérieux pour les pays africains confrontés au surendettement.

Selon le président de la Banque, l'architecture financière mondiale biaise également la répartition des ressources financières internationales d'urgence en faveur des pays les plus riches qui en ont le moins besoin. Il a noté, par exemple, que sur les 650 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (Dts) émis par le Fonds monétaire international (Fmi), l'Afrique n'avait reçu que 33 milliards de dollars, soit 4,5 %.

La cinquième contrainte soulignée par M. Adesina est que l'architecture financière internationale actuelle apporte des réponses budgétaires inégales aux pays en développement en période de chocs mondiaux. Alors que le montant total des mesures budgétaires prises pour lutter contre la pandémie de Covid-19 s'est élevée à 17 000 milliards de dollars, soit 19 % du Pib mondial, l'Afrique n'a reçu que 89 milliards de dollars, ce qui représente 0,5 % de la valeur mondiale, a-t-il indiqué.

Un déficit de financement de 1 200 milliards de dollars à l'horizon 2030

Le président de la Banque africaine de développement a proposé cinq moyens de rendre l'architecture financière mondiale plus équitable.

Premièrement, l'augmentation des financements pour le développement mondial offre des possibilités d'exercer un effet de levier sur le secteur privé. Selon lui, les banques multilatérales de développement doivent déployer des instruments d'atténuation des risques, y compris l'atténuation des risques de change, pour tirer parti des quelque 145 000 milliards de dollars d'actifs gérés par des investisseurs institutionnels pour des projets liés au climat.

Une deuxième solution consiste à simplifier l'architecture mondiale du financement climatique, en améliorant sa coordination, et à renforcer la capacité des pays africains à accéder aux fonds climatiques. Il a suggéré que les prêts contiennent des clauses d'urgence exonérant les pays du remboursement des prêts lorsqu'ils font face à des chocs climatiques.

Troisièmement, M. Adesina a exhorté les banques multilatérales de développement à modifier leurs modèles économiques afin de fournir aux pays africains des volumes plus importants de financements concessionnels. Il a ajouté qu'il était nécessaire d'accélérer la mise en oeuvre du cadre commun du G20 pour le traitement de la dette afin d'accélérer la restructuration et la résolution de la dette.

La quatrième recommandation du président de la Banque africaine de développement vise à améliorer la capitalisation des banques multilatérales de développement. Selon lui, cela nécessite une augmentation de leur base de capital, en particulier par le biais de fortes augmentations du capital versé, ce qui est nécessaire pour obtenir davantage de financement.

Une cinquième solution, selon M. Adesina, pour rendre l'architecture financière mondiale plus équitable est qu'une partie des Dts du Fmi provenant des pays donateurs de Dts soit canalisée vers les banques multilatérales de développement. Il a expliqué que la Banque africaine de développement et la Banque interaméricaine de développement avaient mis au point un modèle qui permettrait de multiplier par trois ou quatre l'effet de levier des Dts, tout en préservant la qualité de leurs actifs de réserve. « Pour parvenir à un monde plus juste et équitable, nous devons changer la structure, la conduite et la performance de l'architecture financière mondiale », a conclu M. Adesina, ajoutant que l'avenir collectif du monde en dépendait.

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