Tunisie: Dette publique - Des résultats en demi-teinte

27 Septembre 2023

La crise sanitaire qui a ébranlé fortement en 2020 et 2021 l'économie tunisienne et altéré profondément ses fondamentaux, à l'instar de la majorité des pays de la communauté internationale, a encore accentué les fragilités et les pressions dont souffrent les finances publiques depuis le début de la seconde décennie des années 2000. Tous les paramètres en sont affectés avec notamment une amplification du déficit budgétaire, un recours accru aux emprunts extérieurs et intérieurs et un alourdissement notable de l'encours de la dette publique.

Les dépenses de l'Etat ont progressé au cours de la période 2011-2021 à un taux annuel moyen de 10.8%, dépassant de plus de 4 points le taux de croissance du PIB aux prix courants pour la même période (6.4%) contre une situation totalement inverse au cours de la période 2000-2010 (respectivement 6.1% et 7.9%).

L'accumulation des dépenses budgétaires est imputable principalement à l'expansion des charges salariales ainsi que de celles au titre des subventions et des compensations. Le budget de capital de l'Etat augmente, en revanche, modérément durant les onze dernières années, avec un taux (4.9% par an) en retrait d'un point et demi par rapport à celui du PIB aux prix courants (6.4% par an).

L'encours de la dette atteint 119,8 milliards de dinars

Jusqu'à fin juin 2023, l'encours de la dette publique a atteint 119,8 milliards de dinars, avec des dettes extérieures moyennant de 68,3 milliards de dinars, soit 57,1 %, contre 42,9 % pour les dettes intérieures (soit 51,4 milliards de dinars), d'après les données publiées par le ministère de Finances.

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La dette extérieure est contractée principalement dans le cadre d'accords de coopération multilatérale (60,3 %), et à un niveau moins important auprès du marché financier (20,6 %) et via des accords de coopération bilatérale (18,4 %). Il est à préciser que 59,7 % de ces emprunts ont été octroyés en euro, 25,7 % en dollar, et 7,8 % en yen.

Concernant le service de la dette publique, il a baissé de 6 %, passant de 8 milliards de dinars à fin juin 2022 à 7,5 milliards de dinars en juin 2023. Cette baisse est expliquée par la diminution à la fois de la dette extérieure et de la dette intérieure, respectivement de 7,1 % (à 2,7 milliards de dinars) et de 5,4 % (à 4,7 milliards de dinars).

Il est à noter que la Tunisie a négocié, depuis des mois, un programme assorti d'un prêt (mécanisme élargi de crédit) de 1,9 milliard USD sur 4 ans avec le FMI. Ce programme est toujours en suspens, ce qui risque de retarder encore ou d'affaiblir les réformes structurelles. Sans cette facilité, il est peu probable que les besoins de financement à court terme soient couverts, ce qui fait peser une menace sérieuse de restructuration ou de défaut de paiement de la dette, malgré l'aide financière régulière des partenaires bilatéraux.

L'Algérie a ainsi accordé, en décembre 2022, un prêt de 200 millions de dollars US doublé d'un don de 100 millions. Dans sa loi de finances présentée fin décembre 2022, le gouvernement prévoit une hausse de la masse salariale publique, de l'investissement et du service de la dette, plus que compensée par une hausse des impôts sur les entreprises privées et une baisse des subventions à la consommation.

Baisse du déficit budgétaire

L'Agence internationale de notation Fitch Ratings prévoit une baisse du déficit budgétaire de la Tunisie à 5,8 % du PIB en 2023, contre 6,9% en 2022, grâce à une rationalisation des charges salariales, aux mesures prises dans le domaine de la réforme fiscale et à l'amélioration des ressources de l'Etat.

Dans une note publiée récemment, l'agence de notation souligne que «durant le 1er semestre 2023, la Tunisie est parvenue à réaliser un excédent budgétaire d'environ 58,8 millions de dinars (soit 0,4 % du PIB), suite à une maîtrise des dépenses générales qui n'ont pas dépassé 38% des prévisions budgétaires pour l'année 2023, d'autant plus que les dépenses d'interventions sociales et de subventions n'ont pas dépassé 27% des prévisions de cette année, à cause, notamment, de la régression des prix internationaux et l'ajustement des prix de l'énergie, depuis novembre 2022».

La même source indique que les coûts des subventions énergétiques et alimentaires se sont stabilisés à 6 % du PIB en 2023, contre 8 % l'année dernière, outre la stabilité des importations de l'énergie et des produits agricoles observée durant le premier semestre 2023, par rapport à la même période de l'année précédente.

Toujours selon Fitch Rating, «l'excédent budgétaire ne doit toutefois pas être considéré comme stable, car certains coûts en rapport avec les subventions et certains transferts qui ont eu lieu durant le premier semestre 2023 n'ont pas encore été pris en compte dans les calculs budgétaires».

L'excédent de 58,8 millions de dinars, au cours du premier semestre 2023, concernant l'exécution du budget de l'Etat, contre un déficit de 687 millions de dinars au cours de la même période 2022, s'explique par la hausse de 6,6 % des ressources budgétaires pour atteindre 20,58 milliards de dinars à fin juin 2023, par une augmentation des recettes fiscales (8,3 %) par rapport à une quasi-stabilisation des charges salariales (2,8 %).

Les dettes extérieures de la Tunisie sont passées de 5.607,7 millions de dinars (MD), à fin juin 2022 à 2.710,3 MD, au cours du premier semestre 2023, enregistrant la première baisse de ce genre depuis 2011.

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