Dans l'est de la RDC, la ville de Goma est au coeur d'un regain de tensions, près d'un an après le début de l'offensive du M23, en octobre 2022.
Des mouvements du groupe rebelle ont été observés dans les territoires du Nyiragongo, à quelques dizaines de kilomètres du chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Et tandis que Kinshasa affirme que le M23 "s'évertue à saboter" certains accords régionaux, les rebelles dénoncent de leur côté une violation du cessez-le-feu, négocié à Bujumbura en février dernier.
Les faits se sont produits mardi dans la journée. Alors que les éléments du M23 étaient censés s'être retirés de certaines localités du territoire de Nyiragongo, au profit des soldats de l'East African Community (EAC), des mouvements suspects ont alerté la foule.
Mambo Kawaya, président de la société civile de la zone, estime que "ce qui a surpris la population et l'armée congolaise est peut-être la manière dont les rebelles du M23 se sont comportés les dernières 48 heures, notamment avec des renforts en hommes et munitions. Il y a eu aussi la présence de monsieur Lawrence Kanyuka, porte-parole du M23, qui d'ailleurs a tenu une réunion au niveau du bureau du territoire."
Reprise de localités abandonnées
Selon un communiqué des forces armées de la République démocratique du Congo (FARCD), le M23 a "réoccupé des localités jadis abandonnées dans le cadre du cessez-le-feu", cités par le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike, porte-parole de la province du Nord-Kivu. "Il s'agit en l'occurrence des collines de Kibarizo, Kabalehasha, Kirumbu Bukombo, Rugogwe et Burungu en territoire de Masisi, la colline de Ruhunda à Kibumba en territoire de Nyiragongo", a-t-il expliqué.
D'après une source au sein des groupes d'auto-défense, dénommés les Wazalendo, des hommes appartenant au groupe rebelle auraient en effet dépassé les positions de l'EAC pour descendre au sud du groupement de Kibumba, soit à une trentaine de kilomètres de Goma.
La version des rebelles
Une version que ne confirment, ni ne nient, les rebelles. Contacté par la Deutsche Welle, le porte-parole du M23, Lawrence Kanyuka, parle d'un possible "incident isolé" et dément les différentes accusations, tout en reprochant aux militaires congolais la reprise de la localité de Mushaki, jusqu'alors occupée par les militaires Burundais de l'EAC.
Pour l'heure, le statu quo semble être de mise et l'armée congolaise comme le M23 ont demandé à ce que la communauté internationale se saisisse de l'affaire.
Par ailleurs, l'ambassadeur français auprès des Nations unies, Nicolas de Rivière, s'est dit préoccupé par le soutien militaire du Rwanda au M23, de même que par le soutien de certains militaires congolais aux rebelles FDLR, et a proposé que des sanctions soient prises à l'encontre de deux chefs de chaque groupe.