Madagascar: Une maladie à caractère étranger et lointain

Dernier quart du XXe siècle. Alors que le sida semble avoir amorcé la pente descendante dans les pays industrialisés, il reste la première cause de décès en Afrique subsaharienne où vivent les deux tiers des personnes infectées par le VIH dans le monde.

D'après une enquête réalisée par Focus Development Association à l'époque, la situation à Madagascar est généralement caractérisée par un faible taux de prévalence au VIH/sida, mais dans un environnement qui risque de faire exploser la propagation du virus, justifiant tous les efforts de prévention.

Selon la même étude, les premiers cas d'infection au VIH dans la Grande ile, sont détectées en 1987, « soit environ cinq ans après qu'on commença à en parler dans le monde ».

Par la suite, la présence du virus dans le pays est portée à la connaissance du public, de façon plutôt discrète.

« Cette présence non ressentie, accompagnée par une présentation du sida comme étant une maladie notamment des homosexuels, favorisait la perception du sida, par la population, comme une maladie étrangère aux Malgaches. »

Une  telle perception, en effet, semble d'autant plus normale que l'homosexualité s'avère encore en cette fin de siècle, une pratique marginale et marginalisée par la société, d'une part, et que Madagascar ne constitue pas non plus une destination favorite des touristes étrangers, d'autre part.

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« Tant et si bien que, sans même pouvoir confirmer des cas d'infections au VIH dans le pays, des rumeurs faisaient circuler, à une époque donnée, que des étrangers infectés viendraient à Madagascar pour introduire le virus, oubliant que les Malgaches aussi voyageaient à l'étranger. »

De telles circonstances auraient forgé dans l'esprit des gens le caractère étranger et lointain du VIH/sida.

Ce qui constitue l'un des obstacles majeurs à la promotion de la prévention.

Pas étonnant si, au début du XXIe siècle « le virus a déjà fait son nid dans le pays et peut se propager à partir de plusieurs foyers éparpillés dans toutes les régions de l'ile », alors qu'une bonne partie de la population ne se sent même pas menacée.

Le Programme national de lutte contre le sida (PNLS) estime ainsi le taux de prévalence du VIH/sida à 0,16%. PNLS qui évalue, en outre, entre 10 000 et 15 000 les personnes porteuses du virus à Madagascar, pour une population totale d'environ 15 millions d'habitants, en cette fin du XXe siècle.

Les infections détectées se répartissent, selon l'étude de Focus, principalement dans les villes d'Antananarivo (26,5%), Morondava (13,9%), Antsiranana (11,8 %), Toliara (8,6%), Sainte-Marie (6,92%), Toamasina (6,5%) et Mahajanga (2,4%). Autrement dit, les villes qui ont en commun une vocation touristique et un point d'entrée (port, aéroport) et qui, en tant que telles, connaissent les activités économiques les plus importantes.

Toutefois, d'autres sites de moindre envergure, dont les villages ruraux, abritent également des personnes isolées infectées et qui « pourraient constituer des sources trompeuses de propagation du virus et devraient mériter la même attention que les autres ». La voie sexuelle constitue le principal mode de transmission du virus (96,8% des cas).

Les infections au VIH/sida touchent toutes les catégories de profession, comme le secteur agricole (11,1%), les travailleuses du sexe (8,7%), les femmes au foyer (7,5%), les marchands (6,3%), les militaires (2%), les étudiants et lycéens (2%) et les chauffeurs (1,6%). Toujours selon les statistiques fournies par l'étude, les personnes infectées au VIH/sida sont constituées à 43% d'hommes et à 47% de femmes.

Et hormis les enfants de 5 à 14 ans qui sont épargnés, tous les groupes d'âge sont touchés. Ainsi, 83,5% des femmes infectées ont moins de 39 ans et 84% des hommes ont moins de 49 ans.

De plus, à la même époque, « les taux de prévalence des IST (infections sexuellement transmissibles) à Madagascar sont parmi les plus élevés dans le monde », avec une moyenne de 12% chez les femmes enceintes, qui atteint même 20% dans certaines villes, tandis que chez les prostituées, ils sont estimés à 30%.

Des études montrent que le taux le plus élevé se trouve dans le groupe d'âge des 20-24 ans, puis dans celui des 15-19 ans.

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