La question est sur la table depuis plusieurs mois, mais elle se pose à nouveau suite à la chute d'Ali Bongo, au Gabon. Que faire de la trentaine de «biens mal acquis» détenus en France par le président déchu et sa famille ? À Paris, 28 propriétés de haut standing sont sous le coup d'une saisie par la justice. Les élus communistes au conseil municipal de Paris ont leur idée : membres de la majorité d'Anne Hidalgo, ils aimeraient bien les récupérer pour les transformer en logements sociaux. Ils déposeront un voeu en ce sens au conseil municipal, le 3 octobre prochain. Mais la proposition a fait réagir les autorités gabonaises et françaises.
À la chaine d'information BFMTV, qui a dévoilé l'information, le président du groupe, Nicolas Bonnet-Oulaldj, explique que ces hôtels particuliers situés dans les zones les plus riches de la ville, pourraient être transformés en logements sociaux, dont ces quartiers manquent cruellement.
Il met en avant la décision de la cour d'appel de Paris, qui estime que ces propriétés ont été acquises avec « de l'argent issu de détournements de fonds publics » et de la « corruption des sociétés pétrolières, notamment Elf Aquitaine, aujourd'hui TotalÉnergies ».
La proposition interpelle jusqu'à Libreville : « À quel titre des biens supposés mal acquis au détriment du peuple gabonais deviendraient la propriété de la ville de Paris au point qu'il soit envisagé de les transformer en logements sociaux, sans même en référer aux autorités Gabonaises ? », a réagi sur X (ex-Twitter) le ministre de l'Économie et des participations du gouvernement de transition, Mays Mouissi.
« La France ne décide pas seule de l'usage des fonds » précise sur le même réseau social l'ambassade de France au Gabon, renvoyant vers un mécanisme de restitution des « biens mal acquis » adopté en 2021. Ce dernier prévoit une coopération entre États sur l'affectation de l'argent récupéré par la justice dans des actions de coopération et de développement dans le pays concerné.
« Les biens qui pourraient être confisqués seront rendus à ceux à qui ils appartiennent : les Gabonais », rappelle pour sa part Transparency international, partie civile dans cette affaire.