Au Mali, la classe politique est outrée par la prolongation de la Transition. Après l'annonce, ce lundi 25 septembre, que l'élection présidentielle censée marquer le retour à l'ordre constitutionnel ne se tiendrait pas en février prochain comme prévu -aucune nouvelle date n'a été fixée-, les partis politiques expriment progressivement et unanimement leur indignation sur cette prolongation de fait de la période de transition. Une indignation commune à des tendances pourtant très diverses.
« Les autorités de transition ont surtout mis l'accent sur le manque d'anticipation, l'incompétence de leurs hommes et leurs refus d'honorer leurs engagements. » Le parti Yelema de l'ancien Premier ministre Moussa Mara, habituellement très mesuré, fait part de ses « lourds soupçons sur le caractère prémédité de cette prolongation » de la transition « pour une durée non déterminée, après plus de trois ans et sans atteindre les objectifs » fixés.
« Transition sans fin et sans résultats »
Une « transition sans fin et sans résultats tangibles », c'est aussi ce qui désole l'AFD (Alliances des forces démocratiques), qui « regrette » ce report « non consensuel » et « sans date indicative ». L'AFD pointe l'absence de consultation avec la classe politique, mais également avec la Cédéao, qui avait accepté de lever ses sanctions économiques après le compromis trouvé notamment sur la date de cette élection présidentielle.
Appel au maintien de la date prévue
Les organisations politiques et civiles de l'Appel du 20 février, en pointe dans l'opposition aux autorités de transition, ne reviennent tellement pas de cette « décision unilatérale » qu'elles maintiennent leur « intransigeance » sur le respect de l'échéance initiale.
Même appel au respect de la date prévue pour la LDC (Ligue démocratique pour le changement) du général Moussa Sinko Coulibaly, qui « condamne sans équivoque » une « tentative de prise en otage de la démocratie malienne. »
Absence de consultation
Le RPM (Rassemblement pour le Mali) de feu l'ancien président Ibrahim Boubacar Keïta fait part de « sa profonde inquiétude » et déplore que « les partis politiques n'aient pas été impliqués » dans « cette importante décision ».
Une absence de consultation que relèvent avec amertume toutes les formations politiques maliennes. Comme l'Adema, le plus vieux parti du Mali, qui n'a pas encore communiqué officiellement, mais dont RFI a pu échanger avec certains cadres, ou le M5-RFP, dont est issu l'actuel Premier ministre de transition Choguel Maïga mais qui s'est largement divisé ces derniers mois. Le M5 « dénonce cette décision unilatérale et rappelle l'impérieuse exigence de respecter les engagements » électoraux devant permettre le retour à l'ordre constitutionnel.
Quant au Parena de Tiébilé Dramé, il rappelle par surcroît que « les raisons techniques » servant à « justifier ce report pouvaient être évitées » et que « l'organisation d'élections est une question de volonté politique ».
La Cédéao, auprès de qui les autorités maliennes de transition s'étaient engagées sur le calendrier électoral et sur la durée de la transition, n'a toujours pas réagi officiellement.