Sénégal: A Médina Gounass, le Maouloud sobre et conforme aux prescriptions

Médina Gounass, 27 sept (APS) - La cité religieuse de Médina Gounass est davantage connue pour sa retraite spirituelle annuelle de dix jours, communément appelée "Daaka". Mais ce foyer religieux du département de Vélingara (sud-est) n'échappe pas non plus à la célébration du Mawloud, qui commémore la naissance du prophète Mohamed (PSL).

Ce n'est pas étonnant pour une cité dont le quotidien est marqué par les pratiques religieuses.

En apparence, rien ne se passe, mais chaque soir, les récitals de Coran sont la principale activité des jeunes et des membres du comité d'organisation du Mawloud, qui se déroule "un peu différemment" à Gounass, en comparaison de la manière de célébrer cet évènement dans les autres foyers religieux, explique Abdoulaye Athie.

Le fondateur de Médina Gounass, Thierno El hadj Mamadou Saïd Ba, avait organisé la première édition "en 1942, après avoir créé la cité de Médina Gounas en 1936", selon ce membre du comité d'organisation.

Au fil des années et des célébrations, la manifestation a pris des proportions importantes, au point que les femmes partageaient le même espace que les hommes, ce qu'il désapprouvait complètement, conformément aux prescriptions islamiques. Il décida donc d'arrêter la célébration du Mawloud de cette manière des années durant.

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C'est qu'à Médina Gounass, hommes et femmes. Ces dernières, sans exception, doivent se couvrir la tête et ne participent à la célébration du Maouloud à la mosquée. C'est pour conserver cette tradition que le fondateur de Médina Gounass, que les fidèles appellent affectueusement "le grand Thierno", a décidé de stopper la commémoration publique du Mawloud, "pendant une très longue période, puisqu'il ne l'a célébré que 3 ou 4 fois, après la première édition tenue en 1942", a renseigné Abdoulaye Athie.

Il avait cependant recommandé aux fidèles de célébrer le Mawloud dans les maisons. Cette forme de commémoration a été reconduite par Thierno Amadou Tidiane Ba, khalife à partir de 1980.

Le Gamou de Gounass, format actuel, date "des années 90"

Au bout de quelques années, animé par l'ardent désir de célébrer le prophète de l'islam, il autorisa les rencontres, les discussions religieuses le jour du Mawloud, « après la prière de 'guéwé' », la dernière du soir.

Le fidèle était invité à suivre l'adresse de Thierno El hadj Mamadou Saïd Ba dans la grande mosquée, avant que chacun retourne dans sa demeure après avoir recueilli les prières formulées par le khalife.

A Gounass, "on commence par le 'tadrib', c'est un peu comme le +Bourdh+, mais qui débute bien avant ce dernier avec des séances de lecture de poèmes en l'honneur de Dieu et de son prophète)"

"C'est le moment d'identifier les bons lecteurs et les organiser pour le jour-J. Il se tient un mois avant l'événement, les mercredis et les dimanches, à l'approche tous les jours jusqu'à l'arrivé du Mawloud", ajoute Thierno Amadou Tidiane Diallo, président du comité d'organisation.

"C'est vers la fin des années 90 que la célébration du Mawloud, sous son format actuel, a repris", a indiqué Thierno Amadou Tidiane Diallo.

Le Gamou est ainsi organisé chaque année, depuis que Thierno Amadou Tidiane Ba en a ordonné la reprise, mais dans le respect des enseignements du fondateur de Médina Gounass.

À Médina Gounas, les organisateurs ne retiennent pas de thème particulier, le Gamou étant juste commémoré "en restant ancré dans l'héritage de Thierno El hadj Mamadou Saïd Ba".

Le Gamou de Médina Gounass a désormais pris "une autre dimension », avec Internet, la télévision et la radio nouvellement lancées par la cité religieuse. « Nous nous sommes mieux organisés, avec l'appui de la fondation Thierno Wollé Ndiaye, qui nous vient en aide, surtout au cours des dernières années [...]", dit-il.

À Médina Gounass, la célébration du Gamou débute « à partir de minuit, dans la grande mosquée. Seuls les hommes se retrouvent pour des récitals de Coran et [des récitals de poèmes en l'honneur du prophète] jusqu'à l'aube », explique Thierno Mahmoudou Dialalou Dine Ba, fils ainé de Thierno Amadou Tidiane Ba.

"Ici, il n'y pas beaucoup de préparation pour le Mawloud. Il n'y a presque pas de d'affluence de talibés venus d'ailleurs, contrairement à ce qui se passe lors du Daakaa, dont la dimension internationale est notable", poursuit Thierno Mahmoudou Dialalou Dine Ba, d'un ton calme, les mots à peine audibles.

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