Sénégal: Maoloud de Boyinadji, un événement presque centenaire

Boyinadji (Matam), 27 sept (APS) - Le Maouloud initié par Thierno Amadou Boyinadji se tient au moins "depuis 90 ans" et enregistre la présence de fidèles musulmans venus de partout dans le Fouta et même de la sous-région.

La manifestation, quasiment centenaire, se tient chaque année dans la grande mosquée de Boyinadji, dans la commune de Nabadji Civol (Matam, nord).

"Il y a trois ou quatre ans derrière, un jeune voulait savoir la date exacte à laquelle a été organisé pour la première fois le Maouloud dans ce village. Après des jours sans réponse, une nuit, le jeune a vu en rêve Thierno Amadou Boyinadji qui lui est apparu à travers ma personne pour lui dire que le Maoloud a au moins 95 ans", dit Thierno Alpha Niang, un disciple de Thierno Amadou Niang, plus connu sous le nom de Thierno Amadou Boyinadji, aujourd'hui disparu.

Les derniers déta ils de l'organisation de cet évènement sont réglés sous une tente, dans la maison familiale du défunt guide religieux de Boynadji.

Juste à côté, se trouve son mausolée où reposent également son frère Mamadou Yaya Niang et sa soeur.

Le Gamou de Boynadji, initié par Thierno Amadou Boyinadji, reçoit des fidèles de toute cette partie de Matam. Son ampleur ne se limite pas à cette seule région mais s'étend au Fouta en général.

Selon ce disciple de Thierno Boynadji, un vieux ayant vécu avec le marabout, lui a dit qu'avant, alors qu'il était jeune, l'événement se tenait entre le saint-homme et quelques disciples.

"La nuit [du Maouloud], Thierno était entouré d'un petit groupe de personnes pour qui il préparait du café et passer la nuit à parler du prophète Mouhamed (PSL)", rapporte-t-il, entouré de quelques personnes, dont le fils cadet de Thierno Boynadji, Mansour Niang.

Le Gamou de Boynadji, qui se tenait dans la demeure du marabout, a été délocalisé quelques années plus tard à la grande mosquée de la localité, histoire de pouvoir accueillir des fidèles venus de plusieurs villages des environs.

"Avant, c'était juste Thierno et quelques disciples qui se chargeaient de l'organisation. Aujourd'hui, ce sont des associations de disciples du défunt [guides] qui se chargent de cela", relève Thierno Alpha Niang.

Les fidèles viennent du Sénégal, bien sûr, mais aussi du Gabon, de la France, des Etats-Unis et de partout dans le monde, selon lui.

Les disciples ne sont cependant "plus les seuls à financer l'événement, car les associations qui se réclament de Thierno Amadou Boyinadji ont fait de l'organisation du Maoloud leur affaire. Beaucoup de gens basés à l'extérieur prennent des congés pour pouvoir assister au Gamou, ici, à Boyinadji. Ceux qui ne peuvent pas venir envoient de l'argent en guise de participation", explique Thierno Alpha Niang.

De ses discussions des contemporains du marabout, il ressort que Thierno Amadou Niang a suivi les pas de Tasfsir Balla Seck, grand érudit et wali, le premier à avoir initié le Maouloud dans cette zone.

Le marabout, voyant que le nombre de fidèles venant à lui pour le Maouloud en cessait d'augmenter, "a demandé à tous les grands marabouts qui venaient à Boyinadji de rester chez eux et d'y tenir le même événement", ajoute Thierno Alpha Niang.

Selon lui, c'est la raison pour laquelle le Gamou est commémoré dans beaucoup de localités environnantes.

Il reste que pour un habitant de Boynadji, "aucun événement ne peut être plus grand que le Maoloud".

"Selon nos grands-frères et nos pères qui ont vécu avec Thierno, à chaque Maoloud, il donnait de de l'argent aux jeunes et aux adultes pour qu'ils puissent avoir de quoi entretenir leurs hôtes", raconte Thierno Alpha Niang.

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