Burkina Faso: Diplomatie sous le MPSR II - une année d'action pour la souveraineté nationale

28 Septembre 2023

Durant la première année du Mouvement pour la sauvegarde et la restauration (MPSR II), le Burkina Faso a diversifié ses partenaires stratégiques et pris ses distances avec certains anciens partenaires avec pour objectif principal d'atteindre une véritable souveraineté et de vaincre l'hydre terroriste.

S'il y a un domaine qui a été très dynamique pendant la première année du MPSR II, c'est bien celui de la diplomatie. En effet, de septembre 2022 à septembre 2023, et sous l'impulsion du chef de l'Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, le Burkina Faso a diversifié ses partenaires stratégiques en nouant des relations et en renforçant sa coopération avec certains pays. Il s'agit notamment de la Russie avec qui le Burkina Faso entretient désormais des relations très étroites. Cela s'est traduit par la visite du chef du gouvernement burkinabè, Apollinaire Joachimson Kyélem de Tambela à Moscou, visite au cours de laquelle il a déclaré que le Burkina entend " faire de la Russie un allié dans la lutte contre le terrorisme". Et toujours dans l'optique du renforcement des relations entre les deux pays, une délégation russe conduite par le vice-ministre de la Défense, Yunus-Bek Yevkurov a échangé en début septembre 2023 à Ouagadougou avec le capitaine Ibrahim Traoré sur des questions de développement de la coopération militaire entre les deux pays. « Nous avons discuté des questions évoquées lors de la rencontre entre le président de la Transition du Burkina Faso et celui de la Fédération de Russie lors du sommet Russie-Afrique à Saint Pétersbourg », a déclaré le vice-ministre à l'issue de la rencontre avec le capitaine Ibrahim Traoré.

La participation remarquée du président du Faso au sommet Russie-Afrique a, à n'en point douter, contribué à renforcer les relations entre les deux pays et mis davantage en lumière la nouvelle dynamique burkinabè à l'échelle internationale. En plus de la Russie, le Burkina Faso s'est rapproché davantage d'autres partenaires tels que le Nicaragua et le Venezuela où le Premier ministre Apollinaire Joachimson Kyélem de Tambela a effectué des visites de travail. Si les nouvelles autorités affichent une réelle volonté d'explorer de nouvelles pistes de partenariat dans l'optique de sauver le pays des difficultés dans lesquelles il se trouve du fait du terrorisme, cet élan a certainement été « dicté » par le désir manifeste des populations de rompre avec les anciens partenaires, en l'occurrence la France, à qui il est surtout reproché de ne pas être sincère dans le soutien à apporter au Burkina Faso dans le combat antiterroriste. C'est dans cette optique qu'il faut comprendre la révision des accords militaires avec la France qui, de l'avis de certains Burkinabè, ne contribuaient pas à aider le pays des Hommes intègres à lutter efficacement contre le terrorisme.

Mutualiser les efforts pour vaincre le terrorisme

La réorientation des rapports avec le partenaire français s'est manifestée aussi par la demande, dans un courrier adressé en fin décembre 2022 au Quai d'Orsay, à la France, de changer d'interlocuteur. C'est finalement en janvier 2023 que Paris a décidé de rappeler son ambassadeur Luc Hallade pour « consultations ». Ce rappel est intervenu au lendemain de la demande du retrait des troupes françaises du Burkina Faso dans un délai d'un mois. Ces troupes quitteront le pays, le mercredi 22 février 2023. Un retrait total qui a acté la fin des opérations de la force française Sabre au Burkina Faso après 15 ans de mission dans le pays. Elle avait été déployée en 2009 dans le cadre de la lutte anti-jihadiste au Sahel. Mais ce n'est pas seulement les accords militaires entre la France et le Burkina qui ne sont pas du goût des autorités burkinabè.

Elles ont aussi pointé du doigt la convention fiscale de non double imposition avec la France à laquelle le gouvernement de Transition a décidé de mettre fin. Signée le 11 août 1965 et entrée en vigueur, le 15 février 1967, la convention mise en cause permettait aux entreprises françaises et burkinabè intervenant dans le territoire de l'autre partie de payer leurs impôts dans leur pays d'origine. Mais cet accord s'était révélé particulièrement avantageux pour les multinationales françaises opérant au Burkina Faso au détriment des entreprises burkinabè, selon les explications du ministre de l'Economie, des Finances et de la Prospective, Dr Aboubakar Nacanabo. Au regard de tous ces éléments, le « divorce » entre le Burkina Faso et certains anciens partenaires stratégiques comme la France semble irréversible. Au-delà de la France, c'est la vision occidentale du monde, marquée par le dictat de leurs désiderata et intérêts au détriment de leurs vis-à-vis qui a été mis à l'index par le ministre d'Etat Bassolma Bazié à la tribune des Nations Unies lors de la 78e Assemblée générale des Nations Unies. Tout en se détachant de certains anciens partenaires comme la France, le Burkina Faso et les autres pays du Liptako Gourma à savoir le Mali et le Niger ont décidé de compter sur leurs propres ressources en mutualisant leurs efforts dans la lutte contre le terrorisme qui gangrène la sous-région. Cela s'est matérialisé par la création de l'Alliance des États du Sahel (AES), le 16 septembre dernier. Cette alliance ambitionne de redéfinir la lutte contre le terrorisme et de remodeler les équilibres régionaux. Elle envisage également d'aller au-delà de la sécurité en visant l'indépendance économique et l'intégrité des États.

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