Rabat — Malgré les avancées scientifiques et technologiques dans le domaine de l'innovation médicale, que ce soit en termes de médicaments, de prise en charge des patients ou de l'utilisation des technologies modernes en matière de chirurgie et de traitement, les maladies cardiovasculaires demeurent parmi les principales causes de décès dans le monde, enregistrant les taux les plus élevés dans les pays à revenu faible et moyen.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la sténose coronaire aiguë ou l'accident vasculaire cérébral (AVC) constituent l'un des types les plus fatals de maladies cardiaques dans le monde, avec plus de 18 millions de décès enregistrés chaque année à l'échelle mondiale, un chiffre qui devrait atteindre 23 millions par an d'ici 2030.
Approchée par la MAP à l'occasion de la Journée mondiale du coeur, célébrée le 29 septembre de chaque année, la cardiologue Saadia Abir Khalil aborde les principales réalisations du Maroc dans les domaines du diagnostic, du traitement et de la prise en charge des patients, ainsi que les moyens de prévention des maladies cardiovasculaires.
1. Pourquoi les maladies cardiovasculaires restent-elles la principale cause de décès malgré les avancées importantes dans les domaines du diagnostic, de la chirurgie et du traitement ?
Il convient tout d'abord de rappeler que le terme "maladie cardiaque" fait référence à un trouble affectant la fonction du muscle cardiaque, la membrane l'entourant, les valves ou les principales artères et veines qui y sont connectées. Les patients peuvent initialement ressentir des crises de douleur intense résultant de l'obstruction d'une des artères fournissant le coeur en sang et en oxygène, ou le coeur peut s'arrêter complètement, provoquant une crise cardiaque ou une angine de poitrine, voire un accident vasculaire cérébral.
Il est évident que le vieillissement augmente le risque de contracter certaines maladies cardiaques, en particulier les crises cardiaques et l'hypertension artérielle, qui conduisent à l'athérosclérose. D'autres facteurs tels que le tabagisme, qui rend les crises cardiaques plus fréquentes chez les fumeurs, le diabète, ainsi que le régime alimentaire contenant des quantités élevées de sel, de graisses, de sucre et de cholestérol, la consommation de repas rapides et la pollution, sont autant de facteurs qui contribuent à la prévalence des maladies cardiovasculaires.
De plus, l'hérédité joue un rôle dans l'augmentation du risque, en particulier si l'un des parents a contracté une maladie cardiaque à un âge précoce.
2. Le Maroc est l'un des leaders en Afrique et dans le monde arabe en matière de diagnostic, de traitement et de chirurgie des maladies cardiaques. Quelles sont les principales réalisations du pays dans ce domaine au cours des dernières années ?
Le Maroc a accompli d'énormes progrès dans le diagnostic et le traitement des maladies cardiovasculaires, disposant des ressources technologiques et médicales nécessaires pour traiter les patients dans les meilleures conditions, en utilisant de nombreuses techniques avancées pour des opérations précises et complexes, en particulier par cathétérisme, que ce soit pour les tests analytiques ou les traitements médicaux diagnostiques. De plus, le Maroc traite un éventail de maladies, notamment l'insuffisance cardiaque, les maladies coronariennes, les malformations valvulaires et les anomalies cardiaques congénitales, ainsi que la mise en place de dispositifs de remplacement cardiaque.
Il convient de mentionner qu'une équipe médicale 100 % marocaine a récemment réussi à réaliser la première greffe d'un dispositif d'assistance ventriculaire gauche (LVAD), un exploit qui ouvre la voie à d'autres réalisations dans ce domaine.
Il est également important de souligner le niveau élevé de formation des professionnels de la santé spécialisés dans les maladies cardiaques au Maroc, grâce à une formation solide et à un enseignement reçu dans les différentes facultés de médecine du pays.
En ce qui concerne le traitement médicamenteux, le Maroc dispose de médicaments très efficaces pour traiter les maladies cardiaques et vasculaires, bien que certains d'entre eux n'aient malheureusement pas encore été inclus dans le système d'assurance maladie obligatoire.
Il convient de noter que le transfert automatique du Régime d'Assistance Médicale pour les Économiquement Démunis (RAMED) vers l'Assurance Maladie Obligatoire de base (AMO) a permis aux catégories vulnérables de bénéficier de traitements précis pour les maladies cardiaques, tels que la cathétérisme, et de couvrir intégralement les coûts de certaines interventions chirurgicales coûteuses, notamment la chirurgie à coeur ouvert et la pose de stents pour traiter la sténose coronaire.
3. Quels habitudes malsaines augmentent le risque de contracter des maladies cardiaques ?
De nombreuses maladies cardiaques peuvent être prévenues en adoptant un mode de vie sain et un régime alimentaire équilibré et varié, en mettant davantage l'accent sur les fruits, les légumes, le poisson et en réduisant la consommation de viande, en évitant les glucides, les sucres et les graisses saturées, en arrêtant de fumer et en pratiquant régulièrement de l'exercice physique.
Le dépistage précoce des maladies cardiovasculaires grâce à des consultations médicales et la prise de médicaments sont des éléments essentiels pour éviter de graves complications, ainsi que la prévention de la tension artérielle élevée, la régulation du taux de cholestérol et le contrôle du diabète.
Dans ce contexte, les réseaux sociaux peuvent servir d'outils de sensibilisation face aux dangers des maladies cardiaques et à l'importance de la santé cardiaque, tout en encourageant l'adoption d'un mode de vie sain et en partageant des expériences personnelles et des conseils.