Sénégal: Présidentielle 2024 - Début de la chasse aux parrainages, ce vendredi

Dakar, 27 sept (APS) - Les partis politiques, coalitions de partis et mouvements indépendants désireux de présenter des candidats à l'élection présidentielle du 25 février 2024 entament officiellement la collecte des parrainages, ce vendredi, la possibilité leur étant donnée de choisir entre trois options, à la faveur d'une réforme électorale adoptée en juillet dernier.

Ce 29 septembre, le directeur général des élections, Tanor Thiendella Fall, va remettre aux candidats à la candidature ou à leurs mandataires le modèle de la fiche de parrainage - en double format, électronique et papier.

En vertu d'une loi adoptée en juillet dernier par l'Assemblée nationale, tout candidat à l'élection présidentielle sénégalaise doit obtenir les signatures de 0,6 à 0,8 % - soit 44.231 à 58.975 électeurs - du nombre d'électeurs inscrits sur le fichier électoral. Une partie de ces signatures doit provenir au moins de sept régions, à raison de 2.000 pour chacune.

Une innovation majeure : il est loisible au candidat à la candidature aussi de recourir au parrainage parlementaire, pour lequel il doit collecter au moins 13 signatures, soit 8 % de l'effectif des députés, tout comme il a la possibilité de collecter des signatures ou parrainages auprès des présidents des conseils municipaux (les maires) et départementaux.

Pour cette dernière option, tout prétendant au mandat présidentiel qui y recourt doit réunir 120 signatures au moins, soit 20 % de l'effectif des présidents des conseils municipaux et départementaux.

Chacun des électeurs ne peut parrainer qu'un candidat, ce qui est valable également pour les députés et les dirigeants des mairies et des conseils départementaux.

Cette innovation est "une avancée majeure pour la démocratie sénégalaise", car elle "permet de justifier la légitimité" des candidatures à l'élection présidentielle, a expliqué le député Seydou Diouf, président de la commission des lois de l'institution parlementaire, lors de l'examen du projet instituant cette réforme.

Le Sénégal a enregistré un nombre sans précédent de candidats à la candidature à l'élection présidentielle. Des données non officielles font état de quelque 80 prétendants déclarés.

La plupart des candidats à la candidature ou leurs représentants interrogés par l'APS disent vouloir recourir aux parrainages des électeurs.

"Nous nous dirigeons vers le parrainage des citoyens électeurs", déclare Maguette Sy, le secrétaire national à la vie politique du Parti démocratique sénégalais (PDS), l'ex-parti au pouvoir.

Le PDS, qui veut investir l'ancien ministre Karim Wade, a fait cette option pour "rester en contact avec ses militants et sympathisants", selon M. Sy.

"Nous allons vers cette option parce qu'elle est dynamique et mobilisatrice. Le parrainage citoyen permet de maintenir l'animation de notre parti jusqu'à l'élection présidentielle", a-t-il argué.

Cette formation politique dirige une coalition qui a fait élire près de 30 députés au dernier scrutin législatif, plus que le double des 13 signatures exigées pour le parrainage législatif.

Le mouvement Gëm Sa Bopp, que dirige l'opposant et homme d'affaires Bougane Guèye Dany, se voit "obligé" de recourir au parrainage des électeurs également, faute de députés et d'un nombre important de présidents de conseils municipaux et départementaux.

"Nous n'avons pas d'autre voie que celle du parrainage des électeurs, parce que nous n'avons pas fait élire des députés. Nous n'avons pas réussi non plus à faire élire suffisamment de maires et de présidents de conseil départemental", a expliqué Mamadou Guèye, le délégué national à la vie politique de Gëm Sa Bopp.

Selon M. Guèye, seule la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY), celle de la majorité présidentielle, est capable de réunir un nombre de signatures au moins égal à 20 % des présidents des conseils municipaux et départementaux.

Gëm Sa Bopp, quoique favorable au parrainage des électeurs pour la candidature de Bougane Guèye Dany, semble ne pas écarter définitivement la possibilité de recourir au parrainage parlementaire.

"Il est possible aussi que nous puissions travailler à un parrainage par les députés", avance Mamadou Guèye, tout en reconnaissant que "ce sera une tâche difficile", le mouvement politique qu'il représente n'ayant aucun élu à l'Assemblée nationale.

Il dit déplorer "le comportement de certains partis ou coalitions de partis qui ont décidé d'aller collecter des parrainages citoyens sur le terrain, alors qu'ils ont assez d'élus pour parrainer leur candidat".

"C'est une volonté manifeste de mettre les bâtons dans les roues aux partis ou coalitions de partis qui n'en ont pas, car, en réalité ils n'ont pas besoin de ces parrainages", dénonce le délégué de Gëm Sa Bopp.

BBY va opter pour le parrainage des électeurs, croit un haut responsable de l'Alliance pour la République, le parti leader de ladite coalition. "Même si aucune décision n'est encore prise", s'empresse-t-il de préciser en s'exprimant sous le sceau de l'anonymat.

"En raison de la volonté des responsables politiques de Benno Bokk Yaakaar de montrer leur capacité de mobilisation, il est clair que le parrainage des électeurs est une option sérieuse pour notre coalition", assure ce proche de Macky Sall, le président de ladite coalition.

"Benno Bokk Yaakaar ne peut pas se contenter des seuls parrainages de ses élus locaux et de ses députés", jure-t-il.

Le Parti socialiste, membre de la coalition de la majorité présidentielle, dit attendre la consigne que va donner la direction de BBY, selon son porte-parole, le député Abdoulaye Wilane.

Les verts vont proposer à leurs alliés de recourir au parrainage des électeurs, pour la candidature d'Amadou Ba, le Premier ministre, selon M. Wilane. "Pour que le choix de notre candidat soit assumé par nos bases, le PS recommande à Benno de demander aux militants des partis membres de lui accorder massivement un parrainage citoyen", a dit le parlementaire et président du conseil départemental de Kaffrine (centre).

La présidente de la Convergence des acteurs pour la défense des valeurs républicaines, l'universitaire Amsatou Sow Sidibé, affirme ne pas vouloir "dévoiler" l'option qu'elle fera pour collecter des parrainages en faveur de sa candidature indépendante.

Abdourahmane Sow, candidat indépendant lui aussi, opte résolument pour le parrainage des électeurs. "C'est l'option qui s'adapte le plus à une candidature indépendante. Le parrainage des électeurs est le plus démocratique de tous", soutient l'ancien président de la commission orientation et stratégies du Mouvement du 23-Juin.

Il reconnaît toutefois que "c'est une option un peu difficile, parce qu'elle exige beaucoup de moyens".

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