Congo-Brazzaville: Scolarisation - L'école, à deux ou trois ans ?

À l'orée de la rentrée définitive des classes, pour de nombreux enfants, l'école ça sera pour la première fois. En effet, si pour la famille congolaise de classe moyenne, l'école maternelle était encore facultative jusqu'ici, elle est entrée dans les mœurs comme étant une école à faire. Mais une question demeure, l'école, c'est à deux ou trois ans ?

L'école maternelle, comme son nom l'indique si bien, est une école pensée pour suppléer à la présence maternelle. C'est une école dont la force n'est pas dans l'acquisition de connaissances mais dans l'éveil à la socialisation. Après avoir découvert, toléré puis intégré, accepté et recherché la présence du père après le lien ombilical avec la mère, l'enfant découvre la famille élargie, puis la vie en communauté facilitée par l'école maternelle.

Bien qu'on reconnaisse aux enfants qui vont à l'école maternelle une sorte de précocité, soit par le fruit de cette scolarité d'avant l'heure ou du fait de la télévision peut-être ou des deux sûrement; il n'en demeure qu'une question se pose ? L'école maternelle, c'est à deux ans et demi ou trois ?

Pour un cycle de trois ans où les enfants sont formés à la pré-écriture, pré-lecture, pré-calcul et aux préparations ou initiations aux disciplines artistiques et sportives, nombreux sont les parents qui veulent tout de même aller vite. En d'autres termes, ils souhaitent que leurs enfants, leurs bébés, apprennent vite à " apprendre ".

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Et la confusion s'y prête. En effet, selon le mois de naissance, il y a une concordance à trouver avec le mois d'entrée à l'école. L'école normale devrait commencer à 3 ans révolus pour une entrée à l'école primaire à 6 ans révolus. Mais seulement, plusieurs écoles font la faveur à certains enfants d'entrer à l'école à 2 ans et 11 mois, 2 ans et 10 mois, 2 ans et 9 mois...

Les parents voyant là une occasion de ne pas faire prendre à l'enfant un retard qu'on pourrait éviter en rapport avec un mois de naissance proche du mois de la rentrée scolaire ont tôt fait d'exagérer un peu en présentant à l'école les enfants à des âges où l'école n'est pas censée les recevoir ramenant toujours plus bas la règle vers l'exceptionnel ou la faveur. 2 ans et 8 mois, 2 ans et 7 mois, 2 ans et demi et même 2 ans et 4 mois...

Tant qu'à faire l'institution de l'école pourrait aussi refaire les règles et arracher des bras de leurs mères les enfants dès la naissance. Zéro an pour la crèche, et 1 an pour l'école maternelle, 3 pour la grande école.

L'on exagère peut-être mais à l'allure où vont les choses, serait-ce franchement inenvisageable dans un contexte où les parents veulent par tous les moyens faire gagner du temps à leurs enfants, sans forcément leur laisser le temps de vivre.

En effet, plus tard dans la scolarité le même phénomène est répété. On voit aussi et selon les programmes proposés par les différents systèmes opérant dans le domaine de l'éducation sur le sol Congolais des enfants qui font un unique Cours préparatoire, un unique Cours élémentaire et nombreux qui font le CEPE en CM1, le BEPC en 4e et le Baccalauréat en première.

Tout cela compilé dans la vie d'un seul enfant, ça donne des Baccalauréats à 15, 16 ou 17 ans et le tour est joué !

Quoi qu'on en pense, cela met peut-être en lumière un malaise des familles congolaises. Les études sont trop longues pour une trahison à la ligne d'arrivée : beaucoup de diplômes pour presque pas d'emploi. Entre l'État et les familles, qui trompe qui ?

Et les enfants, directement concernés, qu'en pensent-ils ? De ces longues études sans savoir ce que la vie réserve après la diplomation? Des classes sautées avec l'exigence, la surcharge mentale d'assimiler deux programmes en un ou des programmes avant l'heure? Des matières qui ne serviront en fait à rien dans l'avenir ?

Les enfants, on ne le cachera pas, sont quant à eux devenus précoces. Les choses changent, les époques changent. L'accès à l'information, les nouvelles technologies d'information et de communication font que l'école devrait peut-être repensée et pas prendre 20 ans de leurs vies... Pour rien! Ou presque rien parce que, selon Cécilia Essie, étudiante, « Chauffer les bancs de l'école, c'est quand même important... Et la différence s'entend, se ressent dans les conversations du quotidien ».

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