Afrique Centrale: Les souvenirs de la musique congolaise - Du Tout choc, Anti-choc Zaïko à Zaïko Langa Langa (suite et fin)

Parmi les orchestres du clan Langa Langa qui ont pu fleurir et contribuer à l'avènement de la troisième génération de la musique congolaise figure l'emblématique orchestre Zaïko Langa Langa qui continue d'emballer les mélomanes à travers le monde de par la qualité de ses oeuvres. Lors de ses mémorables prestations nonobstant les dissidences et retours de certains musiciens au cours de son épopée.

Suite à la dislocation des orchestres Isifi, Isifi Lokolé, Yoka Lokolé, groupes musicaux du clan Langa Langa où Evoloko a marqué son passage, en 1980, ce dernier a fait un comeback dans l'orchestre Zaïko où il lance successivement deux titres splendides, le premier « OBI » ponctué par la danse et le cri « Baka 100 ! Baka 200 ! », le second « Fièvre mondo » avec également la danse et le cri « ho ! Volant, ho ! Volant makambo ya mikolo oyo », ho ! Guidon ! ho! Guidon, titres envoûtants qui secouent l'écosystème musical des deux rives du fleuve Congo et qui auréolent davantage son auteur et le Zaïko qu'il quittera de nouveau pour aller créer l'orchestre Langa Langa Stars en compagnie de Roxy Tchimpaka, Djo Mali. Dindo Yogo, Djuna Djanana, Bozi Boziana et Kisangani Espérant sous la houlette de Verckys qui leur octroie des instruments et assure la production de leurs oeuvres aux Editions Vévé dont il est propriétaire.

Au fil du temps, une rivalité s'installe entre les orchestres Langa Langa Stars et Zaïko Langa Langa. La guerre fait rage entre les deux groupes du clan Langa Langa comme dit la Fontaine dans une de ses fables « Le chène et le roseau » qui furent secoués par un vent violent : Zaïko plie mais ne rompt pas et tient la dragée haute dans le paysage musical congolais.

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En 1986, Zaïko fait une mémorable et fastueuse tournée au Japon, année au cours de laquelle il lance les « Atalaku », (animateurs) grâce à Sonnery Zumbu et Beta Kumaye, qui furent deux dirigeants des Bana Odeon. Les Atalaku sont un duo d'animateurs qui interviennent dans la partie rythmique non chantée (Sebène ou chauffée), une innovation dans la musique congolaise et véritable cheville ouvrière des orchestres dits des jeunes et marque le début d'une pratique musicale qui va faire une tache d'huile dans la musique congolaise, Atalaku, animation ponctuée par de véritables cris de guerre, exemples Atalaku-Tala ! Atalaku -Tala ! Atalaku-Mama Tala ! Atalaku-Mama Niekese ! de Zaïko Etutana ! Etutana!

Yango Yango! de Koffi Olomide et autres cris inondent le répertoire des autres ensembles musicaux kinois. Deux ans plus tard un autre groupe des musiciens fait défection, à la tête Bimi Ombalé suivi de Ilo Pablo, JP Buse, Petit Poisson, Popolipo, Mbuta Mashakado, Djimmy Yamba, Mandjeku Jerba et autres, crée l'orchestre Zaïko Familia Dey (autre rival de Zaïko Langa Langa) que rejoindra plus tard Likinga après avoir purgé sa peine de prison au Portugal.

Affaibli, mais jamais battu suite aux différents départs de plusieurs musiciens lors de chaque tournée du Zaïko en Europe notamment en 2003, par exemple Malage de Lunguedo (transfuge de l'Ok-Jazz) laudy mondial, Lofanga disparaissent dans la nature, tandis que Déobrodo, Willy Bula, Lassa Lakolyte, Blanchard Choulay viennent combler le vide laissé par les dissidents. En 2009, lorsque Zaïko décide de rentrer à Kinshasa, vingt-six musiciens prennent la poudre d'escampette, l'orchestre atterrit à Djili avec un groupe démembré composé de trois éléments, en l'occurrence Choulay, Doudou Adoula et Gégé Mangaya.

Après une période d'hibernation et de nombreuses tribulations, Nyoka Longo et le Zaïko renouent avec la scène musicale kinoise ceci grâce à Blaise Elenga et autres bienfaiteurs, y compris son savoir-faire et ses qualités managériales que Jossart Nyoka Longo a su et réussi pour le bonheur des mélomanes à inscrire le nom de Zaïko Lanaga Langa au panthéon de la musique congolaise, africaine et mondiale.

Il sied de noter que Jossart Nyoka Longo, le gardien du temple a su résister au cours de l'épopée du Zaïko contre les coups fourrés des trois « Mousquetaires » Rochéreau, Franco et Verckys à qui l'on attribue l'implosion de plusieurs orchestres à Kinshasa.

De sa date de création à nos jours, Zaïko Langa Langa continue de tenir la dragée haute dans le gotha musical congolais, africain et mondial.

Bravo Jossart Nyoka Longo.

Fin.

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