Le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, lié à al-Qaïda, avait annoncé le 8 août dernier que les camions approvisionnant la ville ne seraient plus autorisés à passer.
Certaines marchandises y parvenaient quand même, mais des camions et des bateaux avaient subi des attaques de sorte que beaucoup de transporteurs n'osaient plus prendre la route, ce qui avait créé des manques et des hausses de prix dans la ville. Mais depuis plusieurs jours, le Jnim a accepté d'alléger ce blocus.
Le Jnim aurait accepté de lever le blocus de manière progressive : les routes reliant Tombouctou à Tonka ou à Goundam ne seraient ainsi déjà plus menacées. Pour le moment, l'accès aux véhicules de marchandises venant d'Algérie ou de Mauritanie n'est toujours pas libéré, mais il pourrait l'être rapidement.
Le transport par voie fluviale devrait quant à lui pouvoir reprendre dans les tout prochains jours. Des détails recoupés auprès de plusieurs notabilités locales, mais qui n'ont, contrairement à l'annonce de l'instauration du blocus début août, pas fait l'objet de communication directe du Jnim à ce jour.
Houka-Houka
Selon ces mêmes sources, Houka-Houka Ag Alhousseini a joué un rôle clef dans les négociations.
L'ancien juge islamique de Tombouctou, lorsque la ville était occupée par al-Qaïda et Ansar Dine en 2012, se pose aujourd'hui en intermédiaire entre les autorités maliennes de transition - qui lui ont même décerné une décoration l'année dernière - et le Jnim d'Iyad Ag Ghaly, dont il est réputé proche.
Houka-Houka a donc soutenu les efforts de la mission de bons offices conduite depuis un mois et demi par des notabilités traditionnelles et religieuses des régions de Tombouctou et de Taoudeni.
Pour obtenir, il y a une semaine environ, un allègement du blocus.
La fête du Maouloud (la naissance du prophète en islam) pourrait également avoir permis d'assouplir la position des jihadistes, alors que les Tombouctiens ont dû adapter mercredi leurs célébrations en raison du couvre-feu nocturne instauré dans la région.
Pas de pénurie
Parmi les habitants joints à Tombouctou, certains font part de leur soulagement et notent une certaine amélioration, d'autres sont plus sceptiques et assurent ne pas avoir encore constaté de véritable changement.
En tout état de cause, si certains prix continuent d'être plus élevés que d'habitude, notamment pour l'essence, et si certains commerces sont toujours fermés, aucune pénurie n'est signalée.
Sollicité par RFI, le gouvernorat de Tombouctou n'a pas donné suite. Les autorités maliennes de transition ont toujours nié la réalité de ce blocus. En dépit des témoignages des habitants et des communications faites directement par le Jnim sur l'instauration puis l'exacerbation de ce blocus, Bamako a dénoncé à plusieurs reprises une campagne médiatique.
Tout en reconnaissant une augmentation des attaques sur les axes d'approvisionnement et en promettant un renforcement de la réponse militaire.
Pas une trêve
L'allègement du blocus, destiné à alléger les conditions de vies des populations civiles, ne constitue cependant en aucun cas une trêve dans les actions de combat : le Jnim a revendiqué l'attaque mercredi du camp militaire d'Acharane, à une trentaine de kilomètres de la ville.
Photos et vidéos à l'appui, le Jnim affirme avoir pris le contrôle du camp, tué « de nombreux soldats » maliens et récupéré une grande quantité de véhicules et d'armements.
L'armée malienne assure quant à elle avoir « repoussé l'attaque », mais n'a pas fourni son propre bilan.