Le chef de United Seychelles, le principal parti d'opposition de la nation insulaire, a été arrêté vendredi par la police, interrogé puis relâché dans le cadre d'une affaire de sorcellerie en cours.
Le Dr Patrick Herminie, qui avait exprimé plus tôt cette année son intention de se présenter aux élections présidentielles de 2025, a été arrêté au siège du parti, à Maison du Peuple, dans la capitale Victoria, sur fond d'allégations de sorcellerie.
Il a déclaré que cette arrestation était une tentative politiquement motivée visant à détruire son image et celle de son parti.
"Dans l'histoire des Seychelles, il n'y a jamais eu jusqu'à présent un chef de parti politique arrêté pour superstition et sorcellerie. C'est quelque chose de nouveau et c'est honteux pour les Seychelles. Il s'agit d'un spectacle politique du président, pour éliminer ceux qu'il sait vont le retirer au pouvoir lors des élections de 2025", a déclaré M. Herminie aux journalistes.
Il a déclaré que "ce matin à 9 heures, la police est venue avec un mandat pour perquisitionner mes bureaux à la recherche d'objets liés à la sorcellerie, qu'ils ont décrits comme des os, des parties de corps et des objets chrétiens".
"Évidemment, ils n'ont rien trouvé et ils m'ont donc emmené au siège du CID (Département d'Enquêtes Criminelles), pour recueillir ma déposition, ce que j'ai refusé de faire car je n'avais rien à dire et j'ai ensuite été relâché", a-t-il déclaré.
La police a confirmé dans un communiqué que vendredi matin, M. Herminie avait été arrêtée, interrogée puis relâchée et qu'un mandat de perquisition avait également été délivré pour son bureau en lien avec cette affaire.
La police a ajouté que l'arrestation de M. Herminien'avait rien à voir avec la politique mais il devait seulement être interrogée par rapport à l'affaire.
Pendant ce temps, M. Herminie a expliqué que lorsqu'il lui a demandé pourquoi il avait été arrêté pour sorcellerie, la police a répondu en lui disant que son nom était apparu dans un échange Whatsapp entre un Seychellois et un Tanzanien.
Le ressortissant tanzanien et le Seychellois font partie d'un groupe de six personnes placées en garde à vue dans le cadre d'une affaire en cours concernant la sorcellerie. Le Tanzanien a été appréhendé par les autorités à l'aéroport international des Seychelles, jeudi 21 septembre, en possession de plusieurs objets liés à la sorcellerie.
Parmi les objets se trouvaient des objets en bois noir, des pierres, de petites bouteilles de liquide brunâtre, un assortiment de poudres et un certain nombre de documents dans une langue étrange et des symboles décrits comme démoniaques et sataniques.
C'est lors de l'interrogatoire par la police du ressortissant tanzanien que les noms des cinq suspects seychellois ont été mentionnés puis ils ont été appréhendés.
L'échange Whatsapp évoqué par la police à M. Herminies'est déroulé entre le suspect tanzanien et l'un des cinq Seychellois.
M. Herminie a déclaré que le message ne contenait que son nom et son numéro de téléphone ainsi que le nom et la photo du président Wavel Ramkalawan.
Cela l'a amené à se demander pourquoi il était le seul à être arrêté sur cette base alors que le nom du président figurait également dans l'échange.
L'affaire de sorcellerie est liée à l'enquête sur un incident au cours duquel deux cadavres déterrés ont été découverts le 8 août au cimetière de Takamaka, sur l'île principale de Mahé.
Les corps d'une femme âgée et d'un jeune homme ont été retrouvés à côté d'une pyramide composée de blocs et de morceaux provenant d'autres tombes, ainsi que les images du président Wavel Ramkalawan, de M.Herminieet de deux autres individus, qui n'ont pas été nommés par la police.
En outre, l'accusation a déclaré que les symboles sur les documents trouvés en possession du Tanzanien étaient similaires aux symboles trouvés dans des lieux vandalisés aux Seychelles, parmi lesquels se trouvaient des églises catholiques autour de l'île.
M. Herminie a ajouté que ce n'est pas la première fois qu'il est arrêté. Il avait déjà été arrêté il y a quelque temps pour avoir prétendument fabriqué des bombes. Cela était lié à une autre affaire, dans laquelle des individus avaient été arrêtés parce qu'ils étaient soupçonnés d'avoir voulu provoquer l'explosion d'une station-service à Grand Anse, à l'ouest de Mahé.
M. Herminie a déclaré que la police avait gardé en leur possession trois clés USB, un disque dur externe et un ordinateur portable. Il a réfuté les allégations selon lesquelles des perquisitions auraient également été effectuées à sa résidence privée.