Madagascar: Patricia Rajeriarison - « Je pense que je peux contribuer à une forme de renaissance avec mon expérience de travail »

interview

Membre du comité exécutif de la Fédération malgache de football de 2010 à 2018, elle a été présidente de la commission du football féminin. Patricia Rajeriarison fait partie des 49 candidats pour le comité exécutif de la FMF du 14 octobre. Elle nous a accordé une interview pour faire part de sa motivation et de ses projets. Interview.

Vous étiez déjà membre du comité exécutif au sein de la FMF auparavant et président de la commission football féminin. Pourquoi avez-vous décidé de vous porter à nouveau candidate après votre non-réélection en 2019 à Toliara ?

« Il y a tellement encore de choses à faire pour le développement du football en général à Madagascar et du football féminin en particulier. Nous avons pris du retard sur les programmes de développement du fait des problèmes internes à la tête de la FMF mais aussi de la Covid-19. Je pense que je peux contribuer à une forme de renaissance avec mon expérience de travail à la FMF et au niveau de la CAF et de la FIFA et à mes compétences en matière de planification stratégique ».

Ces quatre dernières années, le football féminin malgache était un peu en veilleuse. Quelles en sont les causes d'après vous ?

« C'est vrai qu'il y a eu peu de compétitions de football féminin depuis 2018, notamment au niveau des jeunes, suite aux effets cumulés déjà évoqués des crises Covid-19 et de gouvernance. Des programmes covid d'appui au football féminin ont été mis en place par la FIFA mais la FMF n'a pas pu en bénéficier totalement. C'est dommage, surtout pour les clubs et les joueuses qui n'ont pas pu disputer de compétitions pendant presque 3 ans. Un projet de football scolaire a démarré cette année et les compétitions seniors ont repris en 2022. La FMF a élaboré un nouveau plan stratégique pour le football féminin en 2020 et fait une mise à jour en 2022. Après, il faut disposer des moyens techniques et humains pour le mettre en oeuvre ».

Nous savons tous que les élections au sein du football à Madagascar est surtout question de « sous ». Pensez-vous que votre expérience dans le monde du football et vos relations, surtout sur la scène internationale, pourraient être considérées comme des arguments solides auprès des ligues régionales ?

« J'espère bien que les programmes et visions pour le football malagasy vont être au coeur de la campagne de ces élections. Tous les candidats à la présidence ou au comité exécutif ont des idées ou des projets à faire valoir pour le développement de notre sport parce que nous l'aimons tous. Après, ça ne suffit pas toujours, il faut définir des objectifs clairs et réalistes et une feuille de route sur les 4 prochaines années et ensuite trouver les moyens de la mettre en oeuvre. Tout cela requiert un travail d'équipe, un climat apaisé à la tête de la FMF et une confiance retrouvée des partenaires, publics et privés ».

Faites-vous partie d'une équipe ou vous présentez-vous toute seule ?

« J'ai des affinités avec des candidats à la présidence pour les avoir côtoyés par le passé et aussi maintenant. Le plus important est de partager une même ambition pour le football à Madagascar et de s'accorder sur les plans stratégiques une fois élus. Le passé récent a montré que le Comité Exécutif doit faire preuve de cohésion face aux difficultés et ne pas s'embourber dans des querelles néfastes pour la FMF et le football. Je crois sincèrement que la gouvernance serait meilleure s'il y avait plus de femmes au Comité Exécutif ».

Le football féminin, contrairement au football masculin à Madagascar, ne bénéficie pas du même soutien. Si vous êtes élue le 14 octobre, qu'allez-vous entreprendre comme actions prioritaires ?

« Le football féminin est une discipline récente et doit encore s'affirmer pour trouver et disposer des ressources dont il a besoin pour se développer. Il est clair qu'on ne peut pas attendre que ça arrive tout seul. Nous avons, par le passé, gagné le respect du monde du football quand le public a assisté à des matchs de qualité. Le plus important est la reprise des compétitions de façon régulière au niveau fédéral mais aussi régional, pour que les joueuses prennent une licence, accèdent aux terrains et jouent au sein de clubs structurés. Cela ne pourra se faire de façon durable qu'à travers la création d'une Ligue de Football Féminin en charge des compétitions toutes tranches d'âges confondues ».

Si vous êtes la présidente de la commission football féminin à la fin de votre mandat en 2027, pourrait-on espérer une qualification de l'équipe nationale malgache pour la phase finale de la Coupe d'Afrique des nations ?

« C'est une ambition légitime quand on a vécu l'épopée des Barea à la CAN en 2019 et à la CHAN 2023, les filles méritent aussi de vivre ces expériences soutenues par tout un pays. Ce sont des programmes à moyen et long terme d'autant plus que la CAN féminine regroupera 16 équipes après l'édition de l'année prochaine au Maroc qui va se jouer encore à 12 équipes. Il faut construire les bases. On ne peut pas avoir une équipe nationale compétitive sans des compétitions nationales de qualité et des clubs solides et des joueuses qui ont l'habitude de jouer à un certain niveau dès leur plus jeune âge (U15 ou U17). Il faut voir aussi si nous disposons d'un réservoir de joueuses au niveau de la diaspora qui pourrait apporter une certaine émulation aux joueuses locales. Je sais surtout que nous avons des joueuses de talent, plusieurs techniciens étrangers me l'ont affirmé lors des sorties internationales, il faut renforcer la condition physique et l'expérience de grands matchs. Oui, j'aimerais que Madagascar puisse construire une équipe nationale qui soit en mesure de remporter la coupe du monde comme l'a fait le Japon en 2011, suite à un programme entamé en 2000 ».

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