Trop tôt pour se prononcer sur l'impact réel du séisme d'Al Haouz sur l'économie nationale
Une décision dictée par la nette décélération de l'inflation et le niveau élevé de l'incertitude liée à l'évolution de la conjoncture internationale
Les décisions du Conseil de Bank Al Maghrib (BAM) ont toujours été particulièrement attendues. Mais après la décrue de l'inflation au troisième trimestre et au lendemain du séisme d'Al Haouz, on peut bien affirmer que celle prise mardi 26, l'était encore davantage.
C'est dans ce contexte particulier que le Conseil de la Banque centrale a sans surprise décidé de maintenir le taux directeur inchangé à 3%, compte tenu de la tendance baissière de l'inflation et du niveau élevé de l'incertitude liée à l'évolution de la conjoncture internationale.
Analysant l'évolution de la conjoncture économique depuis sa réunion du 20 juin dernier, il a en effet noté une nette décélération de l'inflation qui est revenue d'un pic de 10,1% en glissement annuel en février à 5% en août.
Une évolution « favorisée par les mesures mises en place par le gouvernement, l'atténuation des pressions d'origine externe et le resserrement de la politique monétaire », a affirmé l'organisme public au terme de sa réunion tenue mardi 26 septembre à Rabat.
L'inflation attendue à 6% en 2023 et 2,6% en 2024
La décrue de l'inflation devrait se poursuivre, selon les projections de Bank Al-Maghrib estimant qu'elle va reculer de 6,6% en 2022 à 6% en moyenne au cours de cette année puis à 2,6% en 2024 et que sa composante sous-jacente connaîtrait une trajectoire similaire en passant de 6,6% à 5,6% puis à 2,3% respectivement.
Au cours de cette session, la troisième de l'année en cours, le Conseil a en outre relevé que « les anticipations d'inflation aussi bien à moyen qu'à long termes ont connu une baisse sensible au troisième trimestre de 2023 et a pris note des évaluations préliminaires qui montrent que la transmission de ses trois dernières décisions de relèvement du taux directeur aux conditions monétaires et à l'économie réelle reste partielle ».
La croissance attendue à 2,9% en 2023 et 3,2% en 2024
En ce qui concerne la croissance, après la décélération à 1,3% en 2022, le Conseil a estimé qu'elle connaîtrait une amélioration graduelle passant à 2,9% en 2023 puis à 3,2% en 2024.
Il est important de souligner que cette estimation ne tient pas compte des conséquences du séisme d'Al Haouz et des retombées des mesures de reconstruction et de relance annoncées, a cependant indiqué Bank Al -Maghrib.
Quoi qu'il en soit, lors de ses prochaines réunions, le Conseil a promis que « ses décisions tiendront compte notamment des données dont la Banque disposera concernant l'impact du séisme sur les plans économique et social, et sur les actions mises en place à cet effet par toutes les parties prenantes ».
Ainsi, selon ses explications, l'évolution attendue « serait le résultat d'un accroissement de 5% de la valeur ajoutée agricole en 2023 et de 5,9% en 2024 sous l'hypothèse d'une production céréalière moyenne de 70 millions de quintaux ».
Toujours selon ses projections, le rythme de progression des activités non agricoles devrait enregistrer un ralentissement à 2,6% en 2023, suivi d'une accélération à 3% en 2024, a-t-elle prédit.
Poursuivant ses projections sur le plan des comptes extérieurs, le Conseil a indiqué que les échanges de biens marqueraient une quasi-stagnation en 2023 avant une relative reprise en 2024 : les exportations connaîtraient une quasi-stabilité cette année alors que les importations resteraient en 2023 au même niveau de 2022.
Les recettes voyages s'accroîtraient de leur côté de 23,4% à 115,5 milliards de dirhams en 2023, avant d'afficher une baisse de 4,9% à 109,9 milliards en 2024, tandis que les transferts des MRE devraient, pour leur part, progresser de 2,5% en 2023 et de 3,6% en 2024 pour atteindre 117,5 milliards de dirhams.
Bank Al-Maghrib notant ainsi que le déficit du compte courant se situerait autour de 2% du PIB en 2023 et en 2024 après 3,5% en 2022, estimant en ce qui concerne les IDE que « les recettes se maintiendraient à l'équivalent de 3% du PIB en 2023 et en 2024 ».
Au final, le Conseil prédit que « les avoirs officiels de réserve s'établiraient à 361,8 milliards de dirhams à fin 2023 puis à 363,8 milliards à fin 2024, soit une couverture autour de 5 mois et demi d'importations de biens et services ».