Cameroun: La paix toujours lointaine en zones anglophones

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Drapeau du Cameroun (photo d'illustration)
30 Septembre 2023

Ce 1er octobre est la date anniversaire de la naissance de la République fédérale du Cameroun. Mais, 62 ans après, la réunification est loin d'être une réalité.

Le 1er octobre est la date commémorant la réunification, en 1961, du Cameroun sous mandat français et du Cameroun britannique.

Le 1er octobre, est la date également choisie, en 2017, par les séparatistes anglophones pour proclamer l'indépendance de l'Ambazonie, une entité non reconnue par les autorités camerounaises.

Et depuis 2017, le conflit s'est intensifié dans les deux régions à majorité anglophone, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, entre les séparatistes et l'armée camerounaise.

Un conflit qui a fait plus de 6.000 morts et un million de déplacés, selon l'International Crisis Group et dont les populations civiles sont les grandes victimes : victimes d'exécutions sommaires, de tortures et de viols, de la part aussi bien des forces de l'ordre que des séparatistes.

Les écoles prises pour cibles

De nombreux symboles de l'Etat, dont les écoles, seraient régulièrement pris pour cibles par les séparatistes.

" On ne peut pas aller à l'école dans une situation d'insécurité. Les parents qui envoient leurs enfants à l'école ne sont pas sûrs qu'ils y arriveront. C'est à cause de ce que les séparatistes font. Comment peut-on utiliser nos enfants pour atteindre des objectifs politiques ? Même si les choses changent aujourd'hui, s'ils ont un Etat, comment pourront-ils gérer cet Etat si les enfants ne vont pas à l'école ?", se demande Felix Agbor Balla, président du Centre pour les droits de l'Homme et de la démocratie en Afrique (Chrda).

Les séparatistes rejettent cependant ces accusations d'atteintes aux droits de l'Homme et pointent du doigt l'armée camerounaise.

"Nous avons des preuves des atrocités commises par la République du Cameroun sur notre territoire. Ils ont violé nos enfants, tué des enfants qui se rendaient à l'école ou en revenaient. Ils ont tué des femmes qui peinent déjà à survivre. Et je ne parle même pas de nos garçons, de nos hommes. Comment pourrions-nous commettre des atrocités sur notre propre peuple ? Si nous avions amené cette guerre sur leur territoire, ils auraient pu nous accuser de violations des droits humains", dit Dabney Yerima vice-président de la république autoproclamée d'Ambazonie au micro de Deutsche Welle.

Le dialogue dans l'impasse

Depuis 2017, plus de 160 enseignants auraient été tués dans les régions anglophones. Un bilan qui pourrait s'alourdir car les différentes initiatives de paix pour la région ont toutes échouées, y compris celle entamée par le Canada au début de l'année.

Felix Agbor Balla du Centre pour les droits de l'Homme et de la démocratie en Afrique estime que, "c'est presque au point mort quand on voit ce que le gouvernement fait. La dernière fois, après le dialogue qui avait commencé au Canada, le gouvernement avait déclaré qu'il n'avait pas envoyé des gens là-bas pour dialoguer. Le gouvernement agit comme si la guerre était terminée."

"Nous voulons être de bons voisins..."

Les séparatistes appellent à la reprise du dialogue. Pour Dabney Yerima vice-président de la république autoproclamée d'Ambazonie, "la seule façon de trouver une solution pacifique à cette crise est de s'asseoir autour d'une table, de se regarder droit dans les yeux et d'échanger pour le bien de nos deux peuples. Nous voulons être de bons voisins avec la République du Cameroun. Il n'y a aucun instrument légal qui nous lie à la République du Cameroun."

Le leader des séparatistes, Julius Ayuk Tabe, et plusieurs de ses camarades, ont été condamnés en 2019 à la prison à perpétuité après avoir été reconnus coupables d'actes de sécession et de terrorisme.

Situation humanitaire

Les populations civiles vivant dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sont les grandes victimes de ce conflit. Et cela , le CICR ne cesse de le rappeler.

Lorsqu'elles ne sont pas victimes directes des violences armées, elles ont parfois dû se déplacer pour les fuir, perdu le contact avec des membres de leurs familles ou encore privées de liberté.

Dans ces régions, beaucoup de personnes et des communautés vivent une situation humanitaire précaire et n'accèdent que partiellement à de la nourriture, à de l'eau potable, à des soins de santé et à l'éducation, dit le CICR.

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