Martin Fayulu de la coalition Lamuka sera bel et bien candidat à l'élection présidentielle de décembre prochain en République démocratique du Congo (RDC).
L'annonce a été faite le 30 septembre dernier. Fin de suspense donc. Mais ce revirement à 180°, de l'opposant qui avait promis de boycotter la présidentielle du 20 décembre 2023, ne fait pas l'unanimité au sein de la coalition.
En effet, certains cadres estiment que se jeter dans la bataille présidentielle alors que les exigences d'un audit du fichier électoral n'ont pas été comblées, est une façon de cautionner la fraude. Et ce n'est pas tout. Son parti a boycotté les législatives et les provinciales.
C'est dire que même si Martin Fayulu venait à être élu, il n'aurait pas de députés à l'Assemblée nationale. Comment pourrait-il, dans ces conditions, diriger avec sérénité le pays ? Qu'à cela ne tienne, l'homme politique entend poursuivre la lutte pour obtenir un scrutin transparent à travers la surveillance des votes. Aura-t-il le soutien nécessaire pour mener ce combat ? Autre interrogation : l'opposition ira-t-elle à cette joute électorale en rangs serrés ? Si elle ne veut pas mordre la poussière, elle y a tout intérêt.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette candidature de Martin Fayulu a un goût de revanche. On se rappelle, en effet, qu'en 2020, l'opposant était opposé à Félix Tshisekedi, de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), qu'il avait accusé de lui avoir volé sa victoire. En redescendant dans l'arène face au même gladiateur, "le soldat" du peuple réussira-t-il à prendre sa revanche ? Les résultats des urnes nous le diront. En attendant, on peut saluer la détermination de l'opposant qui ne compte pas pour du beurre sur l'échiquier politique congolais. C'est dire si cette candidature permettra de tirer la démocratie congolaise vers le haut.
Moïse Katumbi s'apprête à déposer son dossier de candidature
En tout cas, c'est la démocratie qui gagnera. C'est pourquoi il faut souhaiter que le président Tshisekedi, candidat à sa propre succession, mette tout en oeuvre pour que le scrutin soit des plus transparents. Le jeu en vaut d'autant plus la chandelle que le président Tshisekedi joue sa crédibilité et son honneur. Il doit redorer son blason, après toutes les critiques qui laissaient entendre que sa victoire face à Martin Fayulu, en 2020, était le fruit d'un deal, comme le soutient d'ailleurs l'ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa, aujourd'hui en exil, qui dit avoir été témoin du deal entre l'ancien président, Joseph Kabila et l'actuel locataire du Palais de marbre. Félix Tshisekedi doit éviter de servir aux Congolais, un scrutin dont les résultats feraient place aux suspicions.
En tout état de cause, les institutions chargées de l'organisation de la présidentielle, doivent se montrer à la hauteur de l'histoire. Ce n'est un secret pour personne que la RDC val mal. D'où la nécessité d'éviter à ce grand malade, de plonger dans un coma profond. Cela dit, pendant que Martin Fayulu et ses lieutenants sont en train de fourbir leurs armes pour la prochaine bataille électorale, le camp du président Felix Tshisekedi n'est pas en reste.
L'ex-chef rebelle, Jean-Pierre Bemba, un autre poids lourd de la scène politique congolaise, vient d'exprimer son soutien au fils de Etienne Tshisekedi. Un soutien pour le moins surprenant puisque cet homme politique avait été gratifié du maroquin de la Défense. Reste que c'est un soutien de taille pour la majorité présidentielle.
Tout laisse croire qu'on assistera à un combat de titans au regard du poids des candidats déclarés et de ceux qui ne manqueront pas de sortir du bois dans les jours à venir. C'est d'autant plus vrai que le richissime homme d'affaires, Moïse Katumbi, qui vient de boucler une pré-tournée, s'apprête à déposer son dossier de candidature, pour rejoindre les starting-blocks.