A chaque épreuve finale du Slam national, comme samedi à l'Ifm Analakely, il faut toujours s'attendre à des étincelles. Le slam malgache rappelle les engagements artistiques et politiques des grands écrivains malgaches de la fin du XIXème jusqu'au milieu du XXème siècle.
A l'ouverture de la grande finale du Slam national, samedi après-midi à l'Ifm Analakely, une longue file d'attente espérait trouver place. Dans la salle, plus de place disponible. L'évènement tant attendu, la finale qui fera s'envoler le gagnant, Santatriniaina Andriamanantsoa, à Paris en 2024, a été à la hauteur des attentes.
L'amateur du genre a une fois de plus retrouvé la discipline toujours décomplexée par rapport à la chose politique. Parlant de patriotisme, de révolution, de suicide, d'imperfection sociale, de viol et pour la touche « florale », d'amour et de petite souris. Au-delà de tout cela, ces manieurs de l'instinct et du poids des mots suivent la tendance mondiale. Après la crise de la Covid-19, l'esthétique et l'expression artistique de l'Afrique, pour faire proche, se sont tournées vers l'introspection.
Le virus a déclenché une pandémie, mais surtout un retour vers soi. Retour au soi/individu d'abord et au soi/collectif après. Peut-être que la vie cloîtrée pendant des mois a été une circonstance facilitatrice. Seul apparemment, le slam malgache a compris cette nécessité de se poser les questions essentielles, pour accompagner la frénésie numérique. En mettant de côté leur humour et leur autodérision, les performances des Vitsika, Jacobson, Big Stone, Paracétamol, Orad, Rai'Art, Ratoljah, Kalary... peuvent servir à rédiger un programme de développement visionnaire et ancré sur le bonheur humain.
Les politiques risquent de se sentir snober et les esprits étriqués en auront peur. « Les battements de la liberté - doo doo ta », de l'éternel révolutionnaire et patriote Konahy Junior. La schizophrénie légère d'Orad pour une souris, génie des petits espaces et des vies éphémères. L'introspection sociale de Disquette avec cette tendance généralisée à la curiosité morbide. La lettre de la honte d'un père à sa fille de Santa.
Les slameurs malgaches déplacent leurs expressions hors de la place où les bien-pensants les ont placées, c'est-à-dire dans la rangée des gamineries, comme quoi la culture populaire malgache post-coloniale a jugé que la conscience sociale et politique est tributaire de l'âge. Cette année, Sambava et Antalaha ont marqué le coup. Tandis que Tuléar a quelque peu baissé en régime. Léonel Razafindrakoto et Pascal Olivier Manantena, de l'équipe tuléaroise ayant déjà remporté le concours par équipe font leur analyse, « nous avons manqué de préparation à cause des examens officiels ».
La troupe des slameurs de la cité du Soleil est une des plus à craindre dans le tournoi par équipe. Pour cette édition 2023, ce sont Big Stone et Konahy Junior, représentant la ville d'Antsiranana qui sont montés sur le trône. Suivie de celles d'Antananarivo et de Sambava. Pour le championnat national, Santa s'est classé premier, Orad en deuxième place et Konahy Junior ferme le classement. Le vainqueur représentera Madagascar au tournoi mondial à Paris, en France en 2024.