Ewané Théophile d'origine camerounaise, né à Mélong dans le département du Moungo au Cameroun a été condamné le 29 septembre dernier à 10 ans de pénitencier à Antananarivo pour son rôle central dans une fraude amoureuse qui a arraché 50 000€ à plusieurs victimes, sentence à la suite de laquelle il sera expulsé de la grande île de l'océan indien.

L'homme de 49 ans a été condamné par le juge Antoine Andonaniniouatra à une peine de dix ans de détention pour une fraude sentimentale qui a laissé des traces chez les victimes qui ont croisé son chemin.

Et au terme de cette peine, l'homme qui se trouvait à Tuléar sous un statut de réfugié politique à l'île de la Réunion sera expulsé de Madagascar, «conséquence indirecte inéluctable» de son crime, a souligné le magistrat.

Trahison

Opérant dans un vaste réseau, Ewané Théophile a agi comme courroie de transmission, «comme une antenne à Madagascar», pour faire passer l'argent des victimes vers la Cameroun. Sur les 50 000€ soutirés aux victimes, la preuve a démontré que 30 000€ ont transité directement par le fraudeur

Le juge Antoine Andonaniniouatra a eu des mots durs à l'endroit de Ewané Théophile et de tous ces fraudeurs qui détournent chaque année des milliers d'euros aux victimes selon les données citées du Centre Anti-Fraude par le magistrat.

«Ils ont laissé les victimes sans aucune ressource, dans la honte et le désespoir. Mais dans le fond, la plus grande trahison est l'abus de la confiance de ces victimes qui nourrissaient de bons sentiments, ce qui instigue la méfiance dans toute la population», a-t-il déploré, rappelant que «la société a toujours besoin de croire en des principes fondateurs comme l'honnêteté, l'amour et la bonté».

«[Ces fraudes] déshumanisent non seulement les victimes, mais toutes les personnes chez qui la méfiance s'installe», regrette Antoine Andonaniniouatra, qui s'est rangé à la suggestion du ministère public pour établir la peine.

Un baume pour les victimes

Pour Olivier Beaumin, français d'orifine, qui a vu sa mère être victime du réseau, la sentence de vendredi dernier est un baume sur des années de souffrance et surtout un message clair envoyé aux fraudeurs par le tribunal.

«Il fallait envoyer un message parce que les conséquences sont importantes. Ma mère, elle ne sera plus jamais la même», confie l'homme qui s'insurge de voir des réseaux organisés s'en prendre à des gens vulnérables."

«Ma mère a des problèmes cognitifs avec une démence légère. Encore aujourd'hui, pour elle, c'était un amoureux avec qui elle a eu une grosse peine», raconte l'homme qui vient à peine d'obtenir un mandat d'inaptitude pour protéger sa mère malgré tout ce qu'elle a traversé.

«Même après ça, même après qu'elle a tout perdu, je n'arrivais pas à protéger ma mère», ajoute celui qui veut lancer un message aux familles. «Si vous avez des doutes, contactez les autorités.»