Cameroun: Les Bavards et bon parleurs camerounais - Un regard sur le développement et l'incompétence

2 Octobre 2023

Le Cameroun, terre d'une diversité culturelle et naturelle incommensurable, est aussi le foyer d'un paradoxe qui ne cesse de susciter des débats animés et des frustrations grandissantes. Ce paradoxe réside dans la disparité flagrante entre les discours ambitieux des responsables politiques et le manque de progrès concrets dans le pays.

On ne peut s'empêcher de constater que les "bon parleurs" camerounais ont fait de l'art de la rhétorique leur spécialité. Ils peuvent discourir pendant des heures, évoquer des projets grandioses, et promettre des lendemains radieux. Pourtant, lorsqu'on se penche sur la réalisation de ces projets, le contraste est frappant.

Un exemple criant de cette réalité est la construction du stade d'Olembe, qui a pris plus de 15 ans pour être achevé, alors que des stades similaires se construisent ailleurs en seulement 3 ou 4 ans. L'autoroute Yaoundé-Douala, un projet vital pour le développement du pays, est un autre exemple de cette lenteur exaspérante.

Ce phénomène est symptomatique du système politique en place depuis plusieurs décennies, dirigé par le président Paul Biya. Son règne a été marqué par un manque de dynamisme, une gestion laxiste, la corruption, le clientélisme et le tribalisme, qui ont sapé les fondements du progrès. Le culte de l'incompétence semble être une norme acceptée dans ce système, où la médiocrité est souvent promue au détriment de l'excellence.

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Les conséquences de cette situation sont palpables. Après quatre décennies au pouvoir, l'industrie camerounaise demeure embryonnaire, incapable de rivaliser avec les importations massives. Le secteur productif est sinistré, et la balance commerciale du Cameroun reste déficitaire, mettant en lumière l'incapacité des "bon parleurs" à résoudre les faiblesses économiques du pays.

Un autre exemple révélateur est celui du ministre de l'enseignement supérieur, Fame Ndongo, qui a importé des ordinateurs de piètre qualité pour les étudiants camerounais, un investissement qui s'est révélé être une gabegie monumentale. Pendant ce temps, d'autres pays africains, comme la Côte d'Ivoire, ont réussi à créer des unités de montage de smartphones et d'ordinateurs avec des ressources bien moindres, générant de l'emploi et favorisant l'autonomie technologique.

Le Cameroun doit se confronter à une réalité dérangeante : le talent oratoire ne suffit pas à assurer le développement. Les discours flamboyants et les apparats ne peuvent remplacer le travail acharné et l'efficacité. L'exemple de Baba Damppulo, qui n'est peut-être pas un orateur hors pair en français, mais qui sait comment produire des résultats tangibles, en est la preuve.

Il est temps que le Cameroun revoie ses priorités. Les tonneaux vides occupant des postes de haute responsabilité doivent céder la place à des individus compétents et dévoués. Les apparences ne doivent plus prendre le pas sur la performance.

Le Cameroun mérite un avenir meilleur, un avenir basé sur la compétence, la transparence, et le travail acharné, plutôt que sur les discours enflammés et les promesses vides de sens. Il est temps que le "Paul Biya must go" soit non seulement une déclaration, mais aussi le point de départ d'un véritable changement pour le pays.

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