Dans un article publié ce 1er octobre, le journal panafricain Jeune Afrique (version numérique) met en lumière les importantes divisions survenues au sein de la franc-maçonnerie gabonaise suite au coup d'État contre Ali Bongo le 30 août dernier.
La Grande Loge du Gabon (GLG), dirigée par Ali Bongo lui-même en tant que Grand Maître, se retrouve dans une position délicate. Ainsi que l'explique Jeune Afrique, «Brice Clotaire Oligui Nguema n'a jamais fréquenté assidument les temples. Aussi ne montre-t-il pas d'empressement à prendre le contrôle de la GLG». Le journal panafricain révèle que Brice Oligui Nguema avait «été initié sous Omar Bongo Ondimba à l'instar de son mentor le général Flavien Nziengui Nzoundou [...] et de la quasi-totalité des officiers généraux de l'armée».
Malgré la réticence du nouvel homme fort du pays, «une partie des membres de la GLG pousse l'actuel locataire du Palais du bord de mer à reprendre à son prédécesseur le maillet du Grand maître».
Jeune Afrique souligne que «La situation suscite d'autant plus d'embarras que, traditionnellement inféodée au pouvoir politique, la gouvernance de la puissante loge gabonaise échoit au chef de l'État». Dès lors, la cohabitation de l'ancien président déchu et du nouveau régime au sein de la GLG s'avère complexe... Certains estiment même qu'«il en va de même pour le suprême conseil chargé de diriger le "rite écossais ancien et accepté", dont Maixent Accrombessi, l'ancien directeur de cabinet d'ABO, est le Souverain grand commandeur». La présence de ce pilier du régime déchu à la tête de cette institution maçonnique pose problème.
Mais le point culminant révélé par Jeune Afrique reste qu'«Aux premières heures du coup d'État, Ali Bongo Ondimba a été le premier à avoir appelé à la rescousse les maçons, notamment anglo-saxons, dans une vidéo en anglais et les implorant en ces termes : « So I'm calling you to make, to make noise, to make noise really». Le journal indique que «Selon les initiés, le fait de le répéter trois fois est un signal maçonnique de détresse issu de la pratique américaine». Preuve s'il en fallait qu'Ali Bongo a mobilisé les réseaux maçonniques dans la tentative désespérée de conserver son pouvoir.
L'article de Jeune Afrique se conclut sur le fait que «Le sort de la transition se joue aussi dans le secret des loges». Il lève le voile sur les tensions qui traversent cette institution habituellement très discrète qu'est la franc-maçonnerie gabonaise.
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