Sénégal: Migration clandestine - «L'État du Sénégal ne fait que communiquer sur les interceptions»

La marine sénégalaise a intercepté plus de 600 migrants en partance pour l'Europe au large des côtes nationales en trois jours, après un nouvel arraisonnement le 30 septembre 2023. « Cette recrudescence ne nous surprend pas vu la situation économique et politique du pays », souligne Boubacar Seye, président de l'organisation de défense des migrants Horizon sans frontières.

Deux cent soixante-deux passagers en partance pour l'Europe ont été interpellés le 30 septembre 2023 au large du Sénégal. Ils étaient à bord de deux pirogues, ce qui porte à plus de 600 le nombre de personnes empêchées de partir pour l'archipel espagnol des Canaries, en l'espace de trois jours.

Un bilan qui confirme la recrudescence de départs via l'émigration clandestine observée ces dernières semaines. Comment expliquer cette tendance ? Pourquoi les mesures prises par le pouvoir ne suffisent pas ?

« Cette recrudescence ne nous surprend pas vu la situation économique et politique du pays, répond tout d'abord Boubacar Seye, président de l'organisation de défense des migrants Horizon sans frontières, au micro de notre correspondante Théa Ollivier. Le doute a tellement perforé notre environnement socio-culturel, au point que les gens pensent qu'ils ne peuvent plus vivre dignement dans ce pays. »

Il affirme : « L'État du Sénégal ne fait que communiquer sur ces interceptions. Mais il faudrait que l'État comprenne que le tout-policier risque de ne pas être efficace. Aujourd'hui, le défi, c'est de faire en sorte que les citoyens africains puissent rester et vivre dignement chez eux. Tels devraient être, aujourd'hui, les défis auxquels nous sommes confrontés pour juguler ce fléau. »

Interrogé sur la forte proportion de pêcheurs parmi les candidats à l'immigration clandestine, Boubacar Seye explique : « On parle de surpêche, de surexploitation de la ZEE (Zone économique exclusive), et aussi de la pêche artisanale, écrasée par la pêche industrielle. C'est pourquoi l'État devra tout simplement adopter un plan stratégique pour la soutenabilité, la stabilité et la sécurité de la pêche. »

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