À Madagascar, les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes ce 2 octobre 2023 contre les candidats à la présidentielle issus de l'opposition. Onze des treize candidats avaient donné rendez-vous à la population pour venir se rassembler la Place du 13-Mai, la place emblématique de la capitale sur laquelle toutes les contestations politiques de la ville ont lieu. Mais un important dispositif de forces de l'ordre les en ont empêchés. Plusieurs blessés et des arrestations ont été enregistrés.
Ce lundi matin, les candidats à la présidentielle à Madagascar, élection dont le premier tour est prévu le 9 novembre 2023, semblaient déterminés à rallier la Place du 13-Mai, pourtant extrêmement quadrillée par les forces de l'ordre, depuis l'aube.
Avec quelques centaines de partisans, les candidats, bras dessus, bras dessous, ont marché jusqu'à se retrouver face à un important cordon de sécurité installé à l'entrée du tunnel reliant l'hyper centre de la capitale.
Policiers et gendarmes ont rapidement tiré des grenades lacrymogènes
Les discussions entre candidats, leurs députés et les forces de l'ordre n'ont duré que quelques minutes. Policiers et gendarmes ont rapidement tiré des grenades lacrymogènes sur la foule, faisant 5 blessés, parmi lesquels deux des candidats et un sénateur qui ont tout de suite été évacués vers l'hôpital le plus proche.
Deux personnes au sein de la garde rapprochée du candidat Marc Ravalomanana ont été arrêtées.
Les tirs ont duré une bonne vingtaine de minutes avant que le quartier ne retrouve progressivement son calme.
Les échauffourées entre forces de l'ordre et la population ont repris dans un autre quartier non loin de la première altercation. Les forces de l'ordre ont à nouveau tiré des grenades lacrymogènes pour disperser la population.
Vers 14h, le calme est revenu, mais les rumeurs d'une manifestation étudiante en préparation maintiennent le coeur de la capitale sous tension. Les forces de l'ordre sont toujours prépositionnées massivement dans le centre-ville. L'avenue de l'indépendance est encore fermée à la circulation. Les commerçants qui avaient baissé leurs grilles, par mesure de précaution, ne les ont pas relevées.
De leur côté, les candidats affirment que ce qui s'est passé ce matin ne les empêchera pas d'essayer à nouveau. « On n'a pas réussi aujourd'hui » confiait à RFI le candidat Jean Jacques Ratsietison, « mais on reviendra demain, après-demain, jusqu'à ce que l'on trouve un accord entre toutes les parties ».
Les candidats de l'opposition doivent se concerter cet après-midi pour décider de la suite de leurs actions.
Pour rappel, ils réclament toujours une élection libre et transparente, et rejettent massivement le gouvernement d'intérim, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) et la Haute Cour constitutionnelle (HCC) tels qu'ils sont composés actuellement. Des institutions, affirment-ils, entièrement dédiées à la réélection du président sortant, Andry Rajoelina.