Le Jnim annonce une série de blocus dans le nord du Mali. Alors que le rythme des combats s'est intensifié entre les groupes armés du Nord signataires de l'accord de paix de 2015 et les forces maliennes, et que l'armée a initié lundi un imposant mouvement de troupes en direction du fief des rebelles du CSP (Cadre stratégique permanent) à Kidal, les groupes jihadistes profitent de la situation pour accentuer leur action. Le Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans, lié à al-Qaïda, entend resserrer son étau sur les villes de Gao, Ménaka et Tombouctou, dans le nord du Mali.
Des communiqués écrits, pour Tombouctou et Gao, des messages audios, pour Ménaka : diffusés depuis vendredi dernier par le Jnim, sur différents canaux, ces documents ont été authentifiés par des chercheurs spécialisés dans la veille des activités jihadistes et par des sources sécuritaires maliennes directement impliquées.
Après avoir récemment assuré à des médiateurs locaux que le blocus déjà imposé à Tombouctou depuis début août serait progressivement levé, le Jnim fait volte face et dément catégoriquement tout allègement. S'agit-il de maintenir la pression en attendant une levée définitive ? D'un revirement stratégique en cohérence avec la décision d'instaurer d'autres blocus dans le nord du Mali ?
À Gao, première ville du Nord, les jihadistes annoncent vouloir empêcher la livraison de carburant. La localité d'Al Moustarat, plus d'une centaine de kilomètres au nord de Gao, est citée comme dernier point autorisé de ravitaillement.
Enfin à Ménaka, le Jnim ne peut prétendre imposer grand chose, après avoir été évincé de la région par son rival de l'État islamique, mais le groupe lié à al-Qaïda compte instaurer son embargo sur l'axe Algérie-Kidal-Ménaka. Un embargo qui concerne le carburant mais aussi les produits alimentaires.
À chaque fois, la cible officiellement visée est l'armée malienne, ce qui inclut ses supplétifs russes du groupe Wagner ou les groupes armés locaux qui lui sont alliés. Mais les populations civiles, si elles devaient elles-mêmes être privées de carburant ou d'autres produits de consommation, ne seraient évidemment pas épargnées