Nigeria: Les syndicats suspendent leur appel à la grève nationale

Les deux principaux syndicats du Nigeria ont suspendu leur appel à la grève nationale, après l'annonce par le gouvernement de mesures pour compenser la hausse du coût de la vie, ont-ils annoncé lundi dans un communiqué commun.

Cette grève illimitée devait démarrer mardi. Mais après des discussions dimanche et lundi entre le gouvernement et les deux syndicats, le Nigeria Labour Congress (NLC) et le Trade Union Congress (TUC), ces deux derniers ont accepté de suspendre le mouvement pour 30 jours.

À l'issue des pourparlers avec les syndicats, le gouvernement a proposé un train de mesures, dont une augmentation de salaire de 35 000 nairas (45 dollars) par mois pendant six mois pour les employés fédéraux et de 25 000 nairas pour les travailleurs les moins qualifiés. Le gouvernement va également accélérer l'introduction de bus au gaz pour les transports publics, ce qui pourrait en réduire les prix, suspendre temporairement la taxe sur la valeur ajoutée pour le diésel et distribuer des allocations aux Nigérians les plus pauvres.

Le président nigérian Bola Ahmed Tinubu avait annoncé dimanche une hausse temporaire du salaire minimum pour les travailleurs les moins bien payés et des transports publics moins chers, afin de compenser l'impact de ses récentes réformes économiques. Mais pour Ikemesit Effiong analyste en chef au cabinet SBM Intelligence basé à Lagos, les moyens au niveau des gouverneurs manquent et le niveau d'inflation est tel que cette annonce est à prendre avec mesure.

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« Les syndicats réclament des augmentations de salaires pour les fonctionnaires depuis longtemps. La demande est bien antérieure à Tinubu. Mais si on prend en compte l'inflation, le salaire minimum qui était de 30 000 nairas était déjà, en réalité, inférieur à celui d'avant. Et cela ne fait que souligner l'ampleur des défis économiques auxquels Tinubu et son cabinet sont confrontés ».

Le chercheur pointe que de telles annonces « sont régulièrement faites » pour amener les syndicats à la table des négociations, mais elles sont rarement mises en oeuvre. Parfois à cause des gouverneurs. « La précédente hausse n'a pas été mise en oeuvre jusqu'à aujourd'hui par les gouverneurs. Il y avait une disposition selon laquelle le gouvernement fédéral obligeait les gouvernements des 36 États à s'aligner. Mais de nombreux États sont trop fauchés pour le faire. »

« Avec cette nouvelle annonce, les fonctionnaires fédéraux souriront probablement bientôt à leurs banquiers, mais ça ne va faire qu'accroître les disparités entre les salaires du secteur fédéral et les salaires au niveau des États, analyse Ikemesit Effiong. Ça augmentera aussi la pression politique sur Tinubu de la part des gouverneurs qui voudront s'assurer qu'il ne leur demande pas de s'aligner. C'est donc une annonce mitigée. »

Depuis son arrivée au pouvoir en mai, Tinubu a supprimé les subventions sur les carburants, qui coûtaient chaque année des milliards au gouvernement pour maintenir les prix artificiellement bas. Il a aussi laissé flotter le naira, la monnaie nationale, ce qui a entraîné une forte dévaluation. Le gouvernement estime que ces réformes sont nécessaires pour relancer la plus grande économie d'Afrique, et les investisseurs les ont applaudies. Mais les Nigérians endurent un triplement du prix de l'essence et une inflation désormais de 25%.

En août, les deux syndicats avaient déjà appelé à la grève pour les mêmes raisons. De nombreuses entreprises, des administrations, des banques et des marchés avaient été fermés pendant une journée dans la capitale Abuja. L'impact avait été plus mitigé dans la capitale économique Lagos.

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