Un film suranné. Depuis 1991, le scénario d'hier a été mille fois rediffusé sans que les acteurs et les spectateurs ne s'en lassent. Il tient toujours la tête dans le box-office même si le metteur en scène et certains acteurs changent.
Au fil des années et au gré des péripéties de l'histoire, de l'ironie des urnes, certains metteurs en scène se sont retrouvés acteurs et se croient naturellement absouts de leurs actes grâce au petit espace du disque dur, ou tout simplement oblitéré par le temps.
Curieusement, le changement de rôle leur sied à merveille. Jouer les victimes après avoir fait des victimes et sans se rappeler que pas plus tard qu'il y a un ou deux mandats, ils étaient les bourreaux. Autant c'est path... etique de voir la moralité de certains politiciens se jetant allègrement dans les bras du plus offrant, autant il est sidérant de voir certains dirigeants frappés plus tôt que prévu par la maladie d'Alzheimer. Ils oublient qu'ils ont arrosé de gaz lacrymogène un ancien président lors d'un meeting non autorisé à Anosy.
Ils ne se souviennent plus avoir jeté dans le lac Anosy le matériel de sonorisation lors d'un meeting de l'opposition à Mahamasina. Ils n'ont plus en mémoire que le mouvement des soixante-treize députés a été sévèrement réprimé jusqu'à ce que les forces de l'ordre épuisent leur réserve de gaz lacrymogène.
Comme l'histoire est un éternel recommencement, pourquoi changer une formule qui fait recette dans toutes les crises? Il est vrai que pour certains jeunes premiers, c'était le premier grand rôle. Ils se sont fait tirer dessus avec leur inexpérience du mouvement de foule. Ainsi va le jeu de rôle dans l'univers politique. L'alternance se réduit aux permutations d'un côté ou de l'autre du pouvoir, telle une roue de charrette ou à un retour de manivelle. Il ne faut pas s'étonner si on tourne en rond et si on a du mal à trouver le bout du tunnel.