Tchad: Le recours à la compensation financière pour un crime de sang refait polémique

Au Tchad, le 27 septembre 2023 à Mangalmé, une cérémonie a eu lieu durant laquelle des représentants de la communauté arabe ont versé une somme d'argent à des représentants de la communauté Moubi en guise de compensation financière pour les victimes de violences subies depuis décembre dernier. Cette pratique traditionnelle, la diya, est découragée par le gouvernement, officiellement.

Au Tchad, le recours à la diya, le prix du sang, est toujours pratiquée. Il s'agit d'une compensation financière versée par l'auteur d'un crime à la famille de la victime. Cette fois, cela s'est passé le 27 septembre, en marge de la visite du président de transition Mahamat Idriss Déby dans la province du Guera, dans le sud du pays.

Après avoir déjà payé plus de 50 millions de francs CFA - environ 76 000 euros - en mai dernier, la communauté arabe a accepté de verser cette fois plus de 200 millions de francs CFA (environ 305 000 euros) à la communauté moubi pour les victimes des violences subies depuis décembre dernier.

De quoi susciter encore une fois la polémique autour de cette pratique traditionnelle, officiellement découragée par le gouvernement.

Le calcul est tout ce qu'il y a de froid : ces violences ont fait 105 tués du côté des agriculteurs Moubi, et 36 dans le camp des éleveurs arabes. Ce sont donc ces derniers qui ont dû payer la diya à la communauté Moubi pour les 69 victimes de plus.

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Une cérémonie en présence de plusieurs responsables

Cela s'est passé au cours d'une cérémonie publique mercredi dernier à Mangalmé, en présence des leaders des deux communautés et de plusieurs responsables tchadiens.

Les chefs arabes ont donc déposé devant les responsables Moubi l'équivalent de 305 000 euros en billets de 10 000 francs CFA flambants neufs, pour solde de tout compte.

Le secrétaire général de la préfecture de Mangalmé, Toussaint Ambaye, explique : « Après échanges, après discussions, ils se sont convenu à payer ce montant pour faire la paix. La partie arabe a versé cet argent à la partie moubi. En présence du conseiller du président de la République qui était en déplacement là-bas, donc les deux parties en conflit se sont mutuellement demandé pardon et ils se sont également réconciliés. »

Selon deux notables présents sur place, la communauté arabe n'a pu que réunir 70 millions de francs CFA. Le reste de la diya, les quelques 130 millions d'euros, sont « une contribution du président de transition du Tchad pour la réconciliation entre les deux parties ». Ces mêmes sources assurent que le pouvoir se serait également engagé à libérer rapidement la cinquantaine de personnes arrêtées pour ces violences intercommunautaires, comme cela s'est toujours fait, précisent ces sources.

« Totalement faux », jure le préfet adjoint de Mangalmé. Toussaint Ambaye affirme que « le gouvernement de transition s'est engagé à ce que la justice passe ».

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