C'est aujourd'hui un grand jour pour la santé, un grand jour pour la science et un grand jour pour la vaccination.
J'adresse mes plus chaleureuses félicitations à la Dre Katalin Kariko et au Dr Drew Weissman, à qui a été décerné aujourd'hui le prix Nobel de physiologie ou médecine pour leurs travaux de mise au point de la technologie qui a ouvert la voie aux vaccins à ARNm contre la COVID-19.
Comme pour tant d'autres maladies, des vaccins sûrs et efficaces ont été d'une importance décisive pour maîtriser la pandémie de COVID-19.
Des vaccins sûrs et efficaces nous donnent aussi un nouvel espoir de maîtriser l'une des maladies les plus anciennes connues : le paludisme.
Il y a presque deux ans jour pour jour, l'OMS recommandait l'utilisation généralisée du premier vaccin antipaludique au monde, le RTS,S.
Aujourd'hui, j'ai le grand plaisir d'annoncer que l'OMS recommande un deuxième vaccin, le R21/Matrix-M, pour prévenir le paludisme chez les enfants exposés à la maladie.
Cette recommandation s'appuie sur les conseils de deux groupes d'experts : le Groupe stratégique consultatif d'experts sur la vaccination, ou SAGE, et le Groupe consultatif sur la politique de lutte contre le paludisme, ou MPAG.
Les deux groupes ont examiné les données tirées des essais du vaccin R21, qui montrent que dans les zones de transmission saisonnière, il a réduit le nombre de cas symptomatiques de paludisme de 75 % dans les 12 mois ayant suivi l'administration d'une série de trois doses de vaccin.
On a constaté qu'une quatrième dose, administrée un an après la troisième, maintenait la protection.
Cette efficacité est comparable à celle du vaccin RTS,S lorsqu'il est administré sur une base saisonnière.
Les essais ont montré que le vaccin était sûr et la surveillance de l'innocuité se poursuivra au fur et à mesure que la vaccination sera mise en place.
D'un coût compris entre 2 et 4 dollars des États-Unis la dose, il est comparable à d'autres interventions recommandées contre le paludisme et à d'autres vaccins destinés aux enfants.
À l'époque où je faisais des recherches sur le paludisme, je rêvais du jour où nous aurions un vaccin sûr et efficace contre cette maladie. Maintenant, nous en avons deux.
Depuis 2000, les décès causés par le paludisme ont diminué de plus de moitié, et nous avons réussi à éliminer le paludisme dans de nombreuses régions du monde.
Mais à l'échelle mondiale, il n'y a pas de progrès.
Près de la moitié de la population mondiale reste exposée au risque palustre. En 2021, on estimait à 247 millions le nombre de cas de paludisme et à 619 000 le nombre de décès dus au paludisme.
Quatre-vingt-quinze pour cent des cas et des décès ont lieu en Afrique, et la plupart des décès se produisent chez des enfants de moins de 5 ans.
Comme la demande de vaccin RTS,S dépasse de loin l'offre, le vaccin R21 est une arme supplémentaire essentielle pour protéger rapidement davantage d'enfants et pour nous rapprocher de notre objectif, un monde sans paludisme.
L'OMS procède actuellement aux examens nécessaires pour la préqualification du vaccin, qui vaut approbation par l'OMS et qui permettra à l'Alliance Gavi et à l'UNICEF d'acheter le vaccin auprès des fabricants.
Au moins 28 pays d'Afrique prévoient d'intégrer un vaccin antipaludique recommandé par l'OMS dans leurs programmes nationaux de vaccination.
Le vaccin RTS,S sortira dans certains pays d'Afrique au début de l'année prochaine et le vaccin R21 devrait être mis à la disposition des pays d'ici le milieu de l'année prochaine.
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Le R21 n'était pas le seul vaccin que le SAGE a examiné lors de sa réunion de la semaine dernière.
Il a également recommandé un nouveau vaccin contre la dengue, le Qdenga, pour les enfants âgés de 6 à 16 ans vivant dans des zones où la dengue est un problème de santé publique important.
Le SAGE a également recommandé un nouveau vaccin contre la méningite, le Men5CV, qui protège contre cinq espèces de bactéries responsables de la maladie.
Et il a indiqué que pour la plupart des vaccins contre la COVID-19, une seule dose suffit pour la primovaccination, étant donné que la plupart des gens ont déjà eu au moins une infection antérieure.
En outre, le SAGE a publié des conseils sur l'utilisation des vaccins pour prévenir la résistance aux antimicrobiens, ainsi que la poliomyélite, le choléra, les oreillons et la variole.
Je suis ravi d'accueillir la présidente du SAGE, la Dre Hanna Nohynek, Médecin-cheffe au Département de la sécurité sanitaire de l'Institut finlandais de la santé et de la protection sociale, qui vous en dira plus.
Madame Nohynek, merci pour le rôle moteur que vous jouez en cette période enthousiasmante pour les vaccins et la lutte contre le paludisme. Vous avez la parole.