Afrique Centrale: Contre la normalisation des images obscènes à la télévision - Les familles camerounaises résistent

4 Octobre 2023

A côté des de l'Etat qui a exigé le retrait de certains programmes, les familles développent des stratégies pour barrer la voie à la #Médiatisation de pratiques en déphasage avec les valeurs de la société camerounaise.

Le gouvernement, à travers le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, puis le Conseil national de la Communication, ont fait résonner, il y a quelques jours, la position officielle face à la montée de la propagande insidieuse de l'homosexualité et de l'obscénité sur le petit écran. Notamment par le canal de programmes venus d'ailleurs et diffusés sur des bouquets à forte audience. Le retrait pur et simple des émissions à problème a été demandé au diffuseur. Et la chaîne Canal+ Elles, l'une des plus indexées a été suspendue au Cameroun. Mais elle est loin d'être la seule. C'est dire que la bataille ne fait que commencer, après le tollé général suscité par ces images.

Dans les ménages également, chacun prend ses dispositions. Ainsi, regarder la télévision est un loisir maîtrisé dans la famille Nguédé. « Chez nous, la règle est simple : pas de télévision en l'absence des parents pour nos enfants. Ils sont trois : 4 ans, 7 et 10 ans. Concrètement, ils ne regardent pas la télé de lundi à vendredi. Ils y ont accès seulement le samedi et dimanche, quand leur mère ou moi sommes là. Même la nounou n'a pas le droit de visionner. Dès la petite enfance, nous plongeons nos enfants dans les livres. Ils y sont plus attachés qu'à la télévision », explique le père de famille, 35 ans, fiscaliste. Celui-ci ne fait que perpétuer une pratique héritée de ses parents. A ses dires, ces derniers ont commencé à se faire du souci pour l'éducation de leur progéniture dès l'arrivée de la télévision au Cameroun, en 1985. « A y repenser, il n'y avait rien de bien méchant dans les films alors diffusés à la télé. Mais, mes parents étaient choqués de voir des gens s'embrasser simplement et nous assis, en train de regarder. Ils doivent actuellement se retourner dans leur tombe avec ce qui se passe actuellement », relève sieur Nguédé.

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Ce qui se passe actuellement, c'est la banalisation des images obscènes, particulièrement des pratiques homosexuelles à la télévision. La plupart des programmes, des dessins animés aux films, en passant par les séries, les émissions d'animation, de débat et autres publicités, sont devenus « homonormés ». Ainsi, les couples homosexuels, gays ou lesbiens s'invitent à toute heure du jour et de la nuit dans les millions de foyers branchés sur les chaînes du câble. Du coup, le petit écran apparaît comme une espèce de cheval de Troie qui, par son incursion dans les foyers, travaille insidieusement les consciences pour rendre cette orientation sexuelle contre nature visible et acceptable de tous. Pas dupes, les familles camerounaises veillent à ne pas se laisser séduire, ni leurs enfants corrompre, par ces sirènes.

Entre autres armes pour barrer la voie à la promotion de ces pratiques allant à l'encontre des lois de la République et des valeurs traditionnelles, certains parents ont recours au Code parental. « C'est systématique sur tous les écrans installés dans mon domicile. Je veille à changer ce code régulièrement : avec nos enfants férus d'informatique, on ne sait jamais », explique Mme Lisa Komol, enseignante à Yaoundé. D'autres chefs de famille usent plutôt des infinies possibilités qu'offrent les technologies de nos jours. Ainsi de dame S. Ambadiang, opératrice économique. « J'ai fait installer un système de surveillance et de contrôle à distance sur mon téléphone. Il est tellement performant qu'il me permet de déterminer les programmes accessibles et à quelle heure on regarde la télévision chez moi. Ce système est radical et va jusqu'à couper l'électricité à la maison, en cas de nécessité », développe Mme Ambadiang, mère de cinq adolescents. Pour le Camerounais ordinaire, il ne reste qu'à sensibiliser et prier.

« Nous sommes cernés. Cette chose ne peut plus être un sujet tabou. J'en parle régulièrement avec mes enfants. Je leur dis que ce sont des pratiques avilissantes, condamnables par les lois de notre pays. Elles constituent des abominations aux yeux de Dieu et sont par conséquent susceptibles de provoquer des malédictions. C'est mon rôle de parent de faire des rappels, surtout quand nous sommes surpris par des scènes inappropriées au détour d'un film ou d'un clip vidéo. Je dis à mes gens que ce ne sont pas nos réalités », s'insurge Maman Gwendoline, 60 ans, mère de jeunes adultes et grand-mère de plusieurs petits-enfants.

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