Congo-Kinshasa: Pouvoirs et devoirs, autopsie sur le déficit idéologico-politique Corneille Nangaa - Croisade contre Félix Tshisekedi, échec et mat !

(Par Antoine-Dover OSONGO-LUKADI, Habilité de Philosophie (post-Docteur), Docteur en Philosophie et Lettres, Professeur d'Universités, Membre de l'Associati

1.Les chemins rocailleux L'Afrique noire, dans sa globalité, est un problème mais, pas qu'aussi une question de vie et de mort. L'ennui est que dans l'impossibilité du possible, elle devient encombrante aux yeux de l'humanité tout entière. Pourtant ce n'est pas par faute de richesses sinon manque criant de volonté politique responsable, coordonnée, cohérente existentiellement parlant. Pourtant s'il y a une évidence incontestable à laquelle nul en Afrique, au pouvoir ou dans l'opposition, ne peut se déroger, qu'on le veuille ou non, pour refuser de regarder son sort en face, c'est celle d'être absolument marqué, de part en part et essentiellement toujours-déjà, par sa condition négrière contre laquelle pourtant dans l'état actuel de déliquescence très avancée sur l'ensemble du continent subsaharien noir, tout un chacun y est constamment opposé, confronté, en tout cas en contre-courant de toute avancée civilisationnelle et transformatrice. Il y a des moments où les simples mots ne suffisent pas, et dans ce cas il faut plutôt agir. Or agir ce n'est ni discourir ni chanter ni danser ni encore moins pleurer sur son sort, mais faire au contraire quelque chose.

N'était-ce pas Johnny Hallyday, le rocker talentueux français, qui chantait « Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir » comme pour certainement insinuer cette absence de mouvement et donc d'absence de création, de production, d'invention, de transformation en Afrique noire? Encore une fois, il ne s'agit pas d'une question de fierté d'être noir ou d'avoir une peau aussi belle que la peau blanche comme se plaisaient à chanter les « apôtres » de la négritude Aimé Césaire, Léon Damas et Léopold Sédar Senghor, mais plutôt de capacité créatrice, productrice, inventrice et transformatrice. Si depuis très longtemps, j'ai déclaré ma détestation des discours, des conférences, c'est que je pensais pouvoir accorder plus de crédit aux actes de la main, en me disant qu'il valait mieux parler le ventre rempli que la main dans la poche. Une façon de glorifier l'Afrique de paysans, d'artisans, de menuisiers, d'agriculteurs, de fermiers; bref de travailleurs manuels, au détriment de l'Afrique d'« érudistes » et d'esprits. Dans « Peau noire, masques blancs », F. Fanon dit : « L'explosion n'aura pas lieu aujourd'hui. Il est trop tôt ... ou trop tard. Je n'arrive point armé de vérités décisives. Ma conscience n'est pas traversée de fulgurances essentielles. Cependant, en toute sérénité, je pense qu'il serait bon que certaines choses soient dites. Ces choses, je vais les dire, non les crier. Car depuis longtemps le cri est sorti de ma vie. Et c'est tellement loin ...Pourquoi écrire cet ouvrage ? Personne ne m'en a prié. Surtout pas ceux à qui il s'adresse. Alors ? Alors, calmement, je réponds qu'il y a trop d'imbéciles sur cette terre.

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Et puisque je le dis, il s'agit de le prouver ». L'hypothèse de l'Afrique comme le berceau de l'humanité est certainement l'une des causes principales du laxisme de ses habitants. Une hypothèse qui suscite sous d'autres cieux des moqueries voire d'hilarités contre les sciences telles l'anthropologie, la paléontologie, l'archéologie qui tentent ou essayent de dater la naissance mieux l'origine de l'homme générique en Afrique. Pourtant, en philosophie, chez Sartre précisément, l'homme n'est pas la figure du quiétisme. Il n'est pas seulement comme il a été fait, mais également comme il se fait en se défaisant continuellement et perpétuellement être. Au lieu de créer et de récréer, de produire, et de reproduire d'inventer et de réinventer l'origine dont ils sont le berceau de l'humanité, les africains noirs dorment sur ce compliment paléontologique et archéologique. Ils se satisfont d'être le lieu originel de l'homme, mais en ne s'y investissant quasi jamais pour le mériter. Chantant et dansant, il a abandonné aux autres races d'autres continents le pouvoir et le devoir de la création, de la production, de l'invention et de la transformation. A l'instar de l'homme euro-occidental blanc qui, en envoyant l'homme dans l'espace, sur la lune et bientôt sur mars est en train de le coloniser. La date et le lieu de naissance ne suffisent pas pour affirmer son existentialité, il faut encore les recréer, les reproduire, les réinventer, les transformer. « Aide-toi, le Ciel t'aidera », est-il écrit. Pourquoi d'ailleurs faire prévaloir une légitimité politique ou économique sur des espaces dont on n'est pas capable d'étendre sa capacité créatrice, productrice, inventrice? Autrement dit à défaut de pouvoir utiliser convenablement leurs espaces, les africains ne devraient-ils pas proposer un partenariat gagnant-gagnant avec les peuples plus aguerris, les euro-occidentaux blancs notamment pour assurer l'exploitation de leurs sols et sous-sols aux fins de leur transformation et développement? En ce qui me concerne, cette prétention africaine au statut de berceau de l'humanité est une controverse inutile, futile, puérile. Parce que dans l'état actuel des choses, il n'y a rien qui le justifie ou le prouve.

C'est une fable, une légende, un conte, une fable. Résultat des âneries des paléontologues, des archéologues, des ethnologues. F. Fanon écrit : « Il y a un drame dans ce qu'il est convenu d'appeler les sciences de l'homme. Doit-on postuler une réalité humaine type et en décrire les modalités psychiques, ne tenant compte que des imperfections, ou bien ne doit-on pas tenter sans relâche une compréhension concrète et toujours nouvelle de l'homme ? ». De même, « Quand nous lisons qu'à partir de vingt-neuf ans l'homme ne peut plus aimer, qu'il lui faut attendre quarante-neuf ans pour que réapparaisse son affectivité, nous sentons le sol se dérober. Ou en journalisme, lui qui, après tout, est né à la source de la langue officielle de l'ancienne colonie ? Peut-on continuer à croire que le moins bien de l'Europe serait toujours mieux que le mieux de l'Afrique ? Beaucoup d'Africains continuent de penser que l'épiderme blanc est un meilleur passeport pour une chaire universitaire qu'un diplôme en bonne et due forme ». Enfin, pour Damien Glez, « Le blanc n'est-il pas la couleur de l'expert, se demande Damien Glez ? Sur les écrans des chaînes gouvernementales, l'expertise ne semble-t-elle pas toujours crédible quand elle vient du Nord ? Malgré les avantages théoriques liés à la couleur de peau, l'observation ethnographique du "Blanc gâté" démontre que le terme "moisi" fait moins référence à l'apparence physique qu'à la maigreur du portefeuille. Un projet d'export de gomme arabique ou d'import de fripes n'atteindra sans doute jamais le stade du business-plan. L'économie personnelle du "Blanc moisi" consistera souvent à vivre aux crochets d'une famille africaine bienveillante.

L'invité abreuvera ses hôtes, en retour, de discours sur la perte de solidarité familiale dans sa société d'origine où -soit écrit en passant- il a abandonné sa famille. Le pacte avec ses tuteurs africains tiendra jusqu'à ce qu'il viole les règles en glissant sa langue dans l'oreille d'une nièce... Il vivra d'expédients quand il ne sombrera pas franchement dans des trafics. Dans la série « Quand les éléphants se battent », le personnage au teint blafard accumule les deux clichés: il s'incruste dans un foyer africain d'où il organise ses deals, entre drogue douce et faux papiers. Au final, le "Blanc moisi" a le postérieur entre un fauteuil Ikea et un tabouret sub-saharien... Au moindre mouvement, il risque de tomber ». Une autre mission est aussi celle de partager avec le monde et l'homme noir en particulier cette prière que j'ai reçue pour un peu d'humilité, de sagesse, de prudence, d'amour, de force, de courage dans la vie et l'existence. Voici une belle méditation à partir de laquelle chacun peut définir son rapport aux biens de ce monde. Cet exemple que nous donne ce puissant de la terre que fut Alexandre le Grand doit nous faire réfléchir par deux fois avant de mettre tout son génie en branle pour y obtenir quoique ce soit sur cette terre. Et moi, je voudrais que tu te rappelles ces mots du Seigneur Jésus: « Que sert-il à l'homme de gagner tout l'univers, s'il vient à perdre son âme ? » Les dernières volontés d'Alexandre Le Grand sur le point de mourir, qui convoqua ses généraux ces trois ultimes exigences suivantes: 1 - Que son cercueil soit transporté à bras d'homme par les meilleurs médecins de l'époque. 2 - Que les trésors qu'il avait acquis (argent, or, pierres précieuses...), soient dispersés tout le long du chemin jusqu'à sa tombe, et... 3 - Que ses mains restent à l'air libre se balançant en dehors du cercueil à la vue de tous. L'un de ses généraux, étonné de ces requêtes insolites, demanda à Alexandre quelles en étaient les raisons. Alexandre lui expliqua alors ce qui suit: 1 - Je veux que les médecins les plus éminents transportent eux-mêmes mon cercueil pour démontrer ainsi que face à la mort, ils n'ont pas le pouvoir de guérir...

2 - Je veux que le sol soit recouvert de mes trésors pour que tous puissent voir que les biens matériels ici acquis, restent ici-bas... 3 - Je veux que mes mains se balancent au vent, pour que les gens puissent voir, que les mains vides nous arrivons dans ce monde et les mains vides nous en repartons, quand s'épuise pour nous le trésor le plus précieux de tous : le temps... En mourant nous n'emportons aucun bien matériel avec nous, bien que les bonnes actions, je pense, soient une espèce de chèques de voyage. Moralité ! « Le temps » est le trésor le plus précieux que nous ayons parce qu'il est Limité. Nous pouvons produire plus d'argent, mais pas plus de temps. Quand nous consacrons du temps à quelqu'un, nous lui accordons une portion de notre vie que nous ne pourrons jamais récupérer, notre temps est notre vie. Le meilleur cadeau que tu puisses donner à quelqu'un est ton temps et accorde-le toujours à la famille ou à un bon ami. Avant de demander à Dieu de te couronner de ses bénédictions, ensemble, faisons cette Prière... Mon Dieu... - Aide-moi à dire la vérité en face des hommes et à ne pas mentir pour m'attirer les applaudissements. - Si Tu me donnes de l'argent, ne me prends pas mon bonheur, - Et si Tu me donnes la force, Ne m'enlève pas mon pouvoir de raisonner. - Si Tu me donnes le succès, ne m'ôte pas l'humilité, et - Si Tu me donnes l'humilité, ne m'ôte pas ma dignité... - Aide-moi à connaître l'autre aspect des choses, et ne permets pas que j'accuse mes adversaires d'être traîtres parce qu'ils ne partagent pas mon point de vue. - Enseigne-moi à aimer les autres comme je m'aime moi-même, et à me juger comme je juge les autres. - Ne me laisse pas m'enivrer par le succès si je l'atteints, ni me désespérer si j'échoue ! - Fais-moi plutôt me souvenir que l'échec est l'épreuve qui conduit au succès. - Enseigne-moi que la tolérance est le degré le plus élevé de la force et que le désir de vengeance est la première manifestation de la faiblesse. - Si Tu me dépouilles des richesses, laisse- moi l'espérance, et si - Tu me dépouilles du succès, laisse-moi la force de volonté pour pouvoir vaincre l'échec. - Si Tu me dépouilles du don de la santé, laisse-moi la grâce de la foi... - Si je fais du tort à quelqu'un, donne-moi la force de demander pardon, et si quelqu'un me fait du tort, donne-moi la force du pardon et de la clémence. Mon Dieu... Si je t'oublie, Toi, ne m'oublie pas ! Amen s'il te plaît, passe ce message à tous ceux que tu aimes.

Ne le retient pas, partage-le ! C'est sûr qu'il y a quelqu'un quelque part qui a besoin de cette prière ; ne l'ignore pas. Pour la plupart, les discours politiques sont tous creux, vides de sens et de contenu. Ils expriment, certes quelque chose, mais c'est juste pour exacerber une émotion, un sentiment pour se faire ou se donner une bonne conscience. C'est le cas de cette déclaration d'amour de Barak Obama pour Nelson Mandela, mais qui, en réalité, ne signifie pas grand-chose, quand derrière le même Obama a laissé faire, a encouragé l'assassinat du colonel Mouammar Kadhafi, pourtant un soutien indéfectible de la lutte antiapartheid et plus précisément de Nelson Mandela dont il était encenser la lutte, le combat : « Comme tant de gens à travers le monde, j'ai tout d'abord entendu parler de Nelson Mandela alors qu'il était détenu à Robben Island. Pour beaucoup d'entre nous, il n'était pas seulement un homme - il était un symbole de la lutte pour la justice, l'égalité et la dignité, en Afrique du sud ainsi que dans le monde entier. Son sacrifice était d'une telle ampleur qu'il imposait à chacun d'entre nous d'entreprendre tout ce qui était en son pouvoir pour essayer de faire progresser l'humanité ». Le même Obama déclare : « A ma très modeste façon, je fais partie de ceux qui ont essayé de répondre à cet appel. La première fois que j'ai participé à une action politique, à l'université, ce fût à l'occasion d'une campagne pour l'abolition de l'apartheid en Afrique du Sud. Aucune des difficultés personnelles que j'ai dû surmonter dans ma jeunesse ne peut se comparer à ce que les victimes de l'apartheid ont subi chaque jour, et je ne peux qu'imaginer le courage qu'il a fallu à Mandela pour vivre dans une cellule pendant tant d'années. Par ses choix, il nous a clairement montré que nous ne sommes pas obligés d'accepter le monde tel qu'il est - mais que nous pouvons tous jouer un rôle pour le rendre tel qu'il devrait être ».

Cette déclaration d'amour de l'ancien Président noir américain pour Mandela Madimba se voulait, certes, honnête, sincère. Seulement, en livrant Kadhafi aux intégristes et islamistes arabes de Benghazi, payés par Nicolas Sarkozy et Bernard-Henri Lévy, il s'est rattraper par l'impérialisme, l'hégémonisme, le capitalisme, le racisme américains d'une part, et l'ignorance du vrai ressentiment, de la rancoeur tenace de l'icône Mandela à l'encontre des Occidentaux et des américains en particulier d'autre part. Mandela qui n'a jamais renoncé à la lutte armée contre la politique ségrégationniste sud-africaine, en sortant de prison, ne manquât jamais l'occasion de saluer Kadhafi afin de le remercier de son indéfectible soutien politique, économique, financier, militaire, matériel pour ses combattants de l'ANC. En filigrane, nous noterons, chemin faisant, l'implication remarquée du Zaïre de Mobutu dans l'accompagnement desdits combattants de l'ANC pour la fin de l'apartheid en Afrique du Sud. Le Zaïre n'existe plus aujourd'hui. Il est devenu Congo. Et en le devenant, ce pays actuel est malheureusement et complétement dénué de ses oripeaux du pouvoir qui faisait jadis sa force et sa puissance. Il est occupé par des bandes armées instrumentalisées par les Rwandais, les Ougandais, le tout sous le label euro-occidental et ses nombreux lobbies voire multinationales. Pourtant, ce que nous venons d'entendre est hors contexte au Congo Démocratique. Ici on perd son temps à parler du passé même si personne ne peut ni ignorer ni douter de son importance ; des vérités trafiquées, cachées au peuple, au citoyen primaire, dont on peut se décider comme cela, en se rasant le matin dans sa salle de bain, de dévoiler, sans jamais se douter de l'effet boomerang. Les anglais ne sont pas fous pour avoir clamé haut et fort et à qui voulait l'entendre que « The Time is money » (le temps c'est l'argent). 2.En chemin avec le camarade Mzee Laurent-Désiré Kabila Le 17 mai 1997 quand s'écroula le Maréchal Mobutu et son empire, j'étais en Europe et plus précisément à l'Université Catholique de Louvain de Belgique à ce moment-là précis.

Quand j'ai quitté cet empire, c'est en tant qu'opposant. J'étais alors membre de la direction politique du Front Patriotique pour le Progrès et le Renouveau (FP en abrégé). Parti dirigé par le vaillant Me Kinkela vi Kan'sy d'heureuse mémoire. On y trouvait des jeunes communistes, socialistes et, enfin, tous des progressistes et panafricains opposés résolument à l'occidentalisme comme néocolonialisme, impérialisme, hégémonisme, capitalisme. Kinkela me portait énormément au regard de mon assiduité aux théories et pratiques surtout révolutionnaires initiées du marxisme, léninisme, guévarisme, maöisme, castrisme, lumumbisme, mulélisme, sankarisme et tant d'autres encore. Mon courage, la crudité de mes idées, réflexions, pensées, au milieu d'une certaine torpeur dont faisait preuve certains membres, soucieux de ne pas sombrer dans le néant comme Lumumba ou Mulele, le poussa à profiter donc de ce séjour doctoral pour me confier la « diplomatie » du parti. IL me nomma président du Front Patriotique BENELUX. En m'incitant à continuer de faire preuve d'abnégation, de détermination tant pour raffermir l'image du parti que dans la lutte pour l'écroulement du régime décadent de Mobutu. Evidemment qu'il ne fut jamais déçu au regard des résultats récoltés auprès des « partenaires » communistes, socialistes belges, surtout, qui m'invitaient et associaient à toutes les réunions, manifestations privées ou publiques. Petit parti, qualifié de groupuscule d'agitateurs communistes par le Feu Honoré Ngbanda alias Terminator de triste désolation, l'entrée du Camarade Mzee Laurent-Désiré Kabila à Kinshasa et dans la foulée mais, la nomination de deux ministres dont l'un, Me Kinkela aux PTT et l'autre, Dr Sondji, à la Santé Publique, sans compter un PDG, le camarade Wembo Ossako, de l'Office Congolais des Postes et Télécommunications, fut une énorme confirmation du Front Patriotique.

Pendant ce temps-là, je restai en Europe où au lieu de me taire voire de m'en contenter, je continuai à vociférer et à protester contre ce que je qualifiais des dérives et ivresses du pouvoir entrant, qui confirmait bel et bien ce que je dénonçais avant la prise du pouvoir par l'AFDL notamment, la rwandalisation, l'occupation, la colonisation rwandaise, n'ayons pas peur des mots, de la RDC ; dénonciation avant-gardiste, mon problème est de toujours avoir raison trop tôt, qui me coûta, à l'époque en Belgique, alors que j'étais président des Chercheurs Zaïrois de Louvain-La-Neuve, l'accusation de mobutiste ; plutôt injurieuse évidemment à l'égard d'un homme qui avait été exclu définitivement de l'Université Nationale du Zaïre (UNAZA), Campus de Lubumbashi à cause de son hostilité au mobutisme. Mais, comme la vérité est toujours tenace, et avec recule, plusieurs de mes détracteurs de cette époque-là s'y sont rétractés, d'autres ont demandé pardon et d'autres encore gênés ou honteux de ce qu'ils avaient pensé ou dit se cachent pour ne pas devoir à croiser mon regard. Plus tard assassiné, emporté à cause justement des contradictions, que je dénonçais à l'époque au moment où il menait sa campagne contre le mobutisme, Mzee n'eut jamais l'occasion de se mettre en avant afin de concrétiser son action à la tête du pays ; celle qui l'aurait sauvé, transformé définitivement. Comme je l'ai dit souvent, sa faiblesse sa plus grande faiblesse était d'avoir emmené dans ses bagages des sulfureux politiques et soldatesques rwandais qui, eux, avaient leur propre agenda, mais pas que également compté malheureusement sur la classe politique mobutiste, certes compétente, expérimentée, mais gangrenée de part en part par la corruption, l'exploitation de l'homme par l'homme, des crimes économiques, financiers, humains dont des assassinats d'opposants, le clientélisme, le népotisme, le tribalisme même alors que Mobutu le combattait, etc. Ce que Mzee ignorait était que ces deux entourages non choisis avaient beaucoup à gagner de son élimination physique. Dieu seul sait combien d'articles de presse j'écrivis pour le prévenir, lui, et son entourage. En effet, de Bruxelles où vivait en exile Kin-kiey Mulumba, Directeur-éditeur du Soft International, je publiai un article-choc qui, s'y sentant visé personnellement, il alerta le Président de la République sur mes activités contraires aux priorités du gouvernement du salut public, dont en tant que membre du Front Patriotique, j'y étais aussi tenu, et ensuite, de déposer une protestation auprès de mon chef du parti et du Directeur-Editeur du journal, qu'il accusait d'instrumentaliser tous les opposants de Laurent-Désiré Kabila au Bénélux. Ce sulfureux désormais devenu pasteur, y insista et encouragea Mzee à faire convoquer le directoire du Front Patriotique pour des explications. Avant de céder aux caprices de son conseiller à la communication, l'intellectuel LDK exigea qu'on lui apporta le journal et donc, mon article.

C'est après l'avoir lu très attentivement, avait témoigné et rapporté sieur Yérodia Abdoulaye Ndombasi, que le lion de Manono fit convoquer Kinkela et Sondji afin, aurait-il dit, d'en savoir plus sur ce supposé double jeu de leur parti, dont le Représentant au BENELUX, agissant en électron libre, critiquerait les actions menées par le gouvernement de salut public auquel ils appartenaient, pourtant ! Rien que sur ce détail, je compris à quel type de Chef d'Etat on avait à faire. Lecteur, il pouvait prendre un article jugé très grave par son entourage pour se faire, lui-même, une idée. Devant Dominique Sakombi Inongo, son ministre de la Communication, Yerodia, Kinkela et Sondji, Mzee leur fit une synthèse de l'article tant disputé. Laissez-moi vous rapporter le briefing que me fit en aparté le président du parti : « J'ai lu avec attention l'article du camarade Osongo représentant du Front Patriotique au BENELUX. Premièrement, le camarade me demande de clarifier visiblement mon camp politique soit à l'ouest (USA-UE), soit à l'est (Russie-Chine) afin de ne pas subir le sort de Patrice-Emery Lumumba, qui à force de faire la chauve-souris fut assassiné dans l'abandon général, il pense que ce manque de lisibilité du choix des partenaires est un handicap au plan idéologique; deuxièmement il estime ne pas se reconnaître, à travers ma personne au pouvoir à Kinshasa, dans la lutte que ses camarades et lui-même y avaient contribuéq. C'est pourquoi, le camarade Osongo me demande d'écarter de mon entourage tous ces mobutistes véreux comme les Sakombi et tant d"autres, dont la seule visée n'y consiste qu'à prolonger leur train-train de vie sans effort après l'écroulement du régime mobutiste avilissant qu'ils avaient servi aveuglement ; enfin le camarade Osongo conclut que mon ambiguïté politique, le trop rapprochement des mobutistes dans la sphère des décisions politiques, risqueraient de me coûter la vie ... ». Plutôt très fier de mon opinion et après avoir reçu un soutien sans ambiguïté de mon président du parti, Mzee encouragea ce dernier à me rappeler au pays pour justement m'occuper des mobutistes et de l'idéologie politique en souffrance.

Ce qui amusa les Yerodia et les autres. Sauf Sakombi. Que serais-je devenu après la réalisation et l'accomplissement de ma prédiction sur son assassinat, moi qui en plus était un proche ami d'université du colonel Eddy Kapend si j'avais cédé aux sirènes du pouvoir ? Sûr et certain Sakombi Inongo en aurait profité pour me régler les comptes, en m'associant aux conjurés, dont la plupart, on le sait aujourd'hui, n'en ont été que des victimes expiatoires. Travailler aux côtés de Mzee m'aurait changé totalement la vie. Ma maison de Binza-Upn aurait été complètement achevée même si franchement je n'en aucun regret sinon la fierté et la joie d'être en vie, de m'être occupé de mes enfants et de les voir grandir, surtout. 3.En chemin avec Joseph Kabila Kabange De même que je ne connaissais pas le père au moment de sa prise du pouvoir à Kinshasa, Joseph Kabila Kabange m'était aussi un illustre inconnu quand il fût appelé à succéder à son père. La main sur le coeur, je jure n'avoir jamais ni rencontré ni travaillé avec JKK lui-même ni encore moins avec quelqu'un d'autre de son sérail. Plutôt kabiliste père, mon amour pourtant pour lui reste infini voire éternel. Silencieux comme une carpe, sa sagesse, son peu d'empressement sur tant de questions où il aurait pu faire entendre sa voix, m'impressionnent à ce point que le personnage est resté dans mon esprit. Je pense qu'on peut soutenir quelqu'un de loin, aussi. Celui avec qui on n'a jamais ni vécu ni partagé en commun ni encore moins travaillé. C'est un peu comme toutes ces stars de football, de musique, de boxe, de basketball, etc. qu'on n'a jamais rencontrées. Joseph Kabila Kabange c'est un peu comme cela pour moi. En effet cet ancien chef d'Etat m'a marqué personnellement pas pour son bilan politique -, auquel je n'en ai rien à foutre, car je me retrouvais en Europe lorsqu'il accéda à la magistrature suprême. De toutes les façons, il y en avait des plus qualifiés que ma modeste personne pour ce faire -, mais pour sa clairvoyance et son humanité. Dans la vie, j'ai constaté qu'il y a des « stratégistes » (Jürgen Habermas) et des « hypothétistes » (Emmanuel Kant), c'est-à-dire ceux qui mettent en avant dans toute action, leurs intérêts personnels. L'Occident en est le meilleur exemple. C'est au nom de cette double attitude qu'il peut tout se permettre, notamment l'esclavagisme, le colonialisme, l'impérialisme, le capitalisme, l'hégémonisme, l'eugénisme et j'en passe.

Or, personnellement j'en ai été une des victimes juste après la défense et soutenance de ma thèse doctorale en Philosophie et Lettres à l'Université Catholique de Louvain. N'ayant fait aucune démarche pour y rester, puisque mes bagages étaient déjà rassemblées en vue d'un retour joyeux dans mon pays natal, qui était dans l'entre-temps redevenu République Démocratique du Congo (en abrégé RDC, c'est-à-dire rez-de-chaussée), un groupe de professeurs de la faculté de philosophie vint me trouver à la maison pour m'en dissuader ; il fallait que je reste pour animer moi-même la chaire de philosophie pratique dont j'étais, à la suite de mes recherches doctorales, l'initiateur. Pourtant Dieu seul comment mon projet d'études et de recherches doctorales avait été contesté, au point d'y être privé de tout financement de la part de cette université, puisqu'un enseignant pressenti pour sa direction lui avait imputé une connotation pourtant erronément romantique, nationaliste, patriotiste, frisant l'antisémitisme. Mais, comme la vérité est tout le temps têtue, et convaincus que la thèse que je venais de soutenir s'y inscrivait en cent lieues des telles résonnances, une faute avouée étant toujours à moitié pardonnée, même si je n'étais pas du genre à accorder facilement mon pardon, jugé hypocrite, j'examinai avec intérêt la proposition de la faculté. En acceptant la naturalisation belge comme condition sine qua non, je fus loin de m'imaginer qu'en dépit de toutes les garanties me faites, je m'enfermais dans un piège dont je serais otage toute ma vie. Je m'en aperçus quand d'un jour au lendemain, j'ai perdu la charge promise à l'UCL et surtout lorsque même les professeurs qui en étaient initiateurs et promoteurs commençait un à un, comme un seul homme, à me tourner le dos ! Il eût par la suite comme une fatwa contre ma personne. Dans la mesure où aucune institution universitaire européenne ne voulait plus de mon projet ni de ma proposition de collaboration. Il eût plusieurs exemples dans ce cas. Mais, l'exemple le plus crucial s'est passé avec le professeur Jean Grondin, une sommité de la phénoménologie heideggérienne, à l'Université Laval du Québec/Canada.

Très admiratif de mon projet des recherches postdoctorales, il s'empressa de m'y inviter pour une meilleure collaboration, m'écrit-il. Mais des semaines après, le même Grondin me fit savoir qu'il ne lui était plus possible de m'assurer cette collaboration et que je devais proposer mes services ailleurs. Déterminé quand je m'en tiens à une idée, ne connaissant jamais le découragement ni la lassitude, je me dirigeai au Centre des Recherches sur Hegel et l'Idéalisme Allemand de l'Université de l'Université de Poitiers en France où six ans plus tard, j'obtins mon diplôme d'Habilitation à Diriger des Recherches de Philosophie (l'équivalent d'une Agrégation, mais en plus, surtout que c'était la première fois qu'un négro-africain y était admis). Je portai plainte quand par la suite cette université refusa de m'incorporer dans le corps de ses enseignants. Alors que je me croyais invulnérable grâce à ce gros diplôme, mais en vain. Pourtant on était en France, pays soi-disant de la Déclaration universelle, mais où un noir, professeur de son état, n'était pas la bienvenue. Ce ne fût donc pas une question de qualification ni de compétence, mais plutôt de coloration de la peau. Mais, surtout parce qu'il ne fallait pas créer un « mauvais précédent », m'engager ouvrirait désormais la porte grandement à tous les noirs ! Désormais pieds joints sur terre, je compris alors que la philosophie, ma discipline scientifique, était vraiment une chasse gardée culturelle des populations euro-occidentales. Que ça coûtait inutilement cher d'apprendre la philosophie, d'en sortir diplômé, pour ne jamais y exercer. La plainte n'y donna rien. C'est alors que je pris, en désespoir de cause, la décision de rassembler mes efforts pour organiser mon retour au pays. Au moins pour revenir mettre mes titres universitaires en valeur. Mais, après plus d'une dizaine d'années, j'étais loin d'imaginer comment a changé mentalement les populations. Tout était poison au propre comme au figuré. Pour un rien, on pourrait être empoisonné. La jalousie y était franchement excessive. Surtout au sein des institutions supérieures et universitaires. Des caciques voyaient d'un mauvais oeil l'éclosion des nouveaux jeunes talentueux.

Quelle déception pour moi qui m'étais réjoui, malheureusement trop tôt, quand je décidai d'y rentrer ? Je n'avais jamais compris, ni rien vu venir. Chemin faisant en ma qualité de Membre du Parti Socialiste belge dirigé par le très éternel Elio Di Rupo voire du parti du Centre Démocrate Humaniste (CDH) présidée par la très populaire, généreuse, humaine madame Joëlle Milquet et plutôt activiste politique récidiviste, fan de l'adage selon lequel qui ne s'occupe pas de la politique, la politique s'en occupe, j'ai tissé des relations avec plusieurs personnalités euro-occidentales blanches de la politique, de la justice, de la société civile, sans compter du monde scientifique, religieux, etc. C'est dans ce cadre que monsieur André Flahaux ancien président du Parlement Belge et ministre de la Défense Nationale belge sollicita le président Joseph Kabila Kabange pour faciliter ma réintégration dans l'ESU. C'est dans cette logique qu'il en arriva à intéresser le président de la république, après avoir essuyé le refus catégorique de la part d'un Comité de Gestion en place à l'ISP-GOMBE à ce moment-là. On m'expliqua qu'on avait engagé du monde dans ma filière, ce qui m'avait perdre place ! Evidemment la vérité était tout autre. Le Directeur général avait nommé deux professeurs vivant en Europe, originaires de sa province tribale ; la secrétaire générale académique avait jeté son dévolu sur son oncle. Peut-on ou doit-on leur en vouloir? C'est facile à dire qu'à faire. Dans ce pays le tribalisme, le népotisme, le clanisme sont des valeurs, quand d'autres contrées, ils sont désavoués, réprimés. Assistant, chef de travaux de l'ISP-GOMBE et envoyé aux études en Europe, personne dans ce Comité de Gestion n'était capable de se dire qu'il y avait une anomalie. Prié de retourner en Belgique pour faire un briefing à mes camarades du Parti socialiste, dont André Flahaut, il fût décidé, à leur niveau, de saisir par courrier diplomatique directement le Raïs Joseph Kabila Kabange. Ceci dit ceci fait, le chef de l'Etat congolais fût saisi. Il a fait immédiatement fait instruire tant Me Beya Siku son Dircab que Mashako Mamba son ancien ministre de l'ESU pour une réponse appropriée.

Quelques mois après, c'est par cette même source diplomatique que j'appris ma réintégration à l'ISP-GOMBE et de même, le choix que j'avais en plus, si je le désirais, de demander illico presto un transfert pour l'UNIKIN. Mais, je préférai grandir et vieillir dans ma maison ISP-GOMBE, plutôt que d'aller me mordre les doigts dans d'autres institutions universitaires, dont l'élasticité des années académiques font légion. Tout ceci faisait désordre en Belgique et en RDC. Car comment comprendre qu'un ancien enseignant de la maison envoyé aux études, revenu bardé de diplômes puisse y être confronté à un problème de réintégration, surtout qu'en plus du doctorat, il revenait avec un postdoctorat, dont dans l'institution qu'aucun de ses collègues ne pouvait exhiber ? Au lieu d'en être fier, l'ISP-GOMBE estima rejeté son propre et pur produit. Ainsi et comme chacun le sait, en Afrique noire, les politiques ne sont pas élus sur base d'un programme politique cohérent ni encore opposable à toute la société, mais au contraire d'un avoir personnel ou d'une reconnaissance subjective. Ainsi et rien que sur ce détail le Raïs est et restera intégralement dans mon coeur, par son geste, il a montré que le bon sens valait plus voire tout autant que le savoir tiré des grandes académiques scientifiques universitaires dont nous nous prévalons grandiloquemment inutilement en tant que professeurs d'universités, mais sans que nous n'ayons ni cette haute sagesse à la Socrate, à la Platon, à la Aristote ni encore moins une moralité à la hauteur de ce que nous recommande Kant sur la loi comme devoir et Habermas sur l'éthique de la discussion. 4.

En chemin avec Corneille Nangaa Dans ce chemin, je tenterai d'expliquer ce que l'opinion appelle énormités et errements réflexifs et discursifs débités par l'ancien président de la CENI. Comment en est-il arrivé là, alors qu'il en était le garant ; le garant de ce qu'on appelle désormais « compromis à l'africaine » garantissant une transition pacifique, civilisée entre un président et sortant et un président entrant ? Pour y arriver, sans jamais faire allégeance au narcissisme subjectif classique, je m'y emploierai à raconter ma propre histoire et expérience politiques du temps de Mzee Laurent-Désiré Kabila, du Raïs Joseph Kabila Kabange, et en l'occurrence de Corneille Nangaa en personne. Ce parcours et expérience politiques qui sont loin d'être exemplaires, n'auront le mérite que de servir de miroir réflexif. Après mon retour d'Europe, j'ai pu observer une certaine ampleur atteint démesurément par la grandiloquence de ceux qu'on appelle nouveaux riches. Ces gens bornés, limités par une apparente quiétude, pensent que l'éternité est un attribut humain, et que si la terre poursuivait sa rotation et sa translation autour du soleil et d'elle-même, c'est par leur force voire puissance matérielle et financière. Que nenni. Par essence, je jure la pain sur le coeur, le Corneille Nangaa que j'avais rencontré il y a deux ans à-peu-près, ne fait pas partie des tels individus.

Après et au regard de ses controverses actuelles, il en donne l'air effectivement. Le fait de perdre les pouvoirs et de n'y être en face que des devoirs, pourrait être la cause d'une telle métamorphose nauséabonde. A le voir, l'homme n'est pas comme cela ni méchant, ni gonflé ni méprisant. Peut-être aurait-il tout simplement confondu une proximité politique d'une certaine époque avilissante et vieillie en une reconquête politique, hélas mal comprise dirigée précipitamment et erronément contre Félix Tshisekedi. Le problème de Corneille Nangaa, qu'il doit comprendre pour le résoudre une fois pour toute, est que quoi qu'il fasse et dise, Félix Tshisekedi est déjà président de la République Démocratique du Congo. Jusque dans les royaumes des morts et des cieux, cela est écrit, acté, nul ne lui en enlèvera. Il doit comprendre que l'actuel locataire du Palais de la Nation n'a jamais rien demandé à personne. Nangaa et ses compères avaient besoin d'un acteur, ils en ont trouvé. On l'a couronné roi. Que Corneille Nangaa revienne aujourd'hui pour nous avouer que l'acteur qu'il avait choisi n'aurait dû jamais être celui-là, tout d'abord il a commis une faute professionnelle, en révélant un secret de polichinelle dont il était le véritable garant, ensuite il a floué le peuple congolais dans son ensemble, qui a le droit de lui en réclamer les comptes. Ce n'est pas Félix Tshisekedi qui est le coupable de cette mascarade électorale, mais Nangaa et tous les autres protagonistes qui ont participé à cette vaste hypocrisie.

En revanche n'étant ni un ami ni un proche de cet ancien président de la CENI, je ne témoignerai que sur mon impression faciale. Si je l'ai rencontré, c'est par personne interposée, derrière un jeune ami et collègue professeur d'universités, qui le connait mieux certainement que quiconque, j'y reviendrai dans un moment. Mais, l'homme que j'ai rencontré par deux ou trois fois ne ressemble nullement à celui que je lis et vois aujourd'hui dans les médias. Corneille Nangaa se prend pour un autre. C'est comme s'il était devenu ou voulait devenir le porte-drapeau des martyrs économiques, financiers de la classe politique déchue. Son acharnement contre Tshisekedi est personnel. Il ne l'aime pas. Point barre. Ça l'air d'un règlement de comptes entre les deux hommes. Au point que ses nombreuses tirades et brimades contre le chef de l'Etat ne peuvent revêtir un caractère politique voire politicien.

Donc, Nangaa se battrait pour ses biens, ses richesses, ses carrés miniers en Ituri, dont il soupçonne certains caciques de l'entourage du chef de l'Etat, à moins que ce soit celui-ci lui-même, d'y avoir fait main basse. On ne doit pas ainsi confondre les règlements de comptes personnels aux combats de libération. Corneille Nangaa est tout sauf un révolutionnaire. Il ne l'est pas et ne le sera jamais avoir été président de la CENI. De mémoire, tous les révolutionnaires sont pauvres et démunis dans l'absolu. Ce n'est ni un mafieux ni un arnaqueur, capable de laisser couler le sang des coupables ou des innocents. Quant aux déchus de la kabilie dont il se met en porte-parole, suppose-je, la pauvreté matérielle, financière est leur avenir. La lutte des classes est une priorité, parce que cet avenir y est inscrit en lettres rouges. Des gens meurent jours et nuits, des femmes violées à l'est du pays, voilà ce dont devait s'occuper l'ancien président de la CENI, plutôt que la teneur ou la portée de l'accord ayant porté Félix Tshisekedi au pouvoir. C'est déjà cinq ans derrière.

C'est le passé. Ceux qui en ont été protagonistes en assumeront, le moment venu, les conséquences, et lui, Nangaa en premier lieu au regard de ses fonctions. Donc c'est chez lui à la maison quelque part dans Gombe, que je rencontrai Corneille Nangaa. Ce fût un jeune ami et collègue professeur de l'UNIKIN, de l'UCC et de l'UPC, son familier, qui m'y emmena. Dans ce pays, ce n'est pas tous les jours qu'on fait connaissance avec un président de la CENI. Et pas n'importe lequel, celui qui a acté la passation du pouvoir historique et civilisée entre un chef d'Etat sortant et entrant, sans effusion de sang, dit-on. Ce fût une rencontre effarante et chargée que des bons souvenirs. Pour commencer, l'ami fit les présentations et civilités. Normal. Le président de la CENI sursauta débout devant l'entrée de son salon quand il découvrit mon nom ! C'était comme si on lui dit que je m'appelais Che Guevara, Mao Tsé Toung ou Castro. Il dit : « Ce n'est pas possible, comment est-ce possible ? » Minerve autour du cou, je réalisais très bien devant qui je me trouvais à ce moment-là. En face d'un des hommes les plus importants voire plus puissants du pays. C'était l'homme qui chuchotait tantôt dans l'oreille de JKK tantôt dans celle de FATSHI-BETON. Ce n'était donc rien. La RDC est le seul pays au monde où les apparences ne sont jamais trompeuses. Un pays où s'afficher en veste et cravate chinoises, suffit pour y être appelé ou interpellé « bosse » ou « Mopao Mokonzi » ! C'est le Congo, le pays de tous les nuls et de toutes les nullités. Toujours débout à l'entrée de son immense salon, Nangaa interpella sa charmante épouse pour nous présenter. Après cette bonne présentation, il nous convint à faire notre entrée dans son salon hyper climatisé. Bien entendu. On était chez Nangaa. C'est l'inverse qui aurait été anormal voire impossible à imaginer.

L'ancien président de la CENI confiât me connaître au travers mes publications politiques, dont le très généreux et intelligent Monsieur NGOYI Marcel Directeur-Editeur de la Prospérité Journal me sert de rampe de lancement. De tous ces articles de presse l'un d'eux semblait l'avoir beaucoup marqué, où je m'interrogeais sur « les compétences présidentielles de FATSHI-BETON » d'arrêter et d'extrader JKK à la CPI ». Apparemment, ce qu'il avait aimé était que dans cet article-là, je montrais combien il était difficile sinon quasi impossible à celui-là, même s'il le voulait et/ou en avait les moyens, d'y extraire celui-ci de son Kingakati et du pays pour une telle fin, sans provoquer un chaos indescriptible cent fois plus gravement par rapport à ce qu'il se produisit au Congo-Brazzavile entre le professeur-Président Pascal Lissouba et l'éternel jardinier du pays Denis Sassou Nguesso. C'est par la suite que je compris pourquoi et comment je n'étais pas un parfait inconnu pour lui, puisque lecteur assidu du Journal La Prospérité, il me lisait souvent et était très admiratif de mes écrits. Mais, en même temps, il apparut presque déçu, meurtri -, comme un reproche pour lui et l'ensemble de la classe politique, qui se la coulait douce, dans l'indifférence quasi cathédrale des citoyens parmi les plus méritants et qui auraient pu ou dû également bénéficier des richesses et facilités qu'offrait le pays -, de me voir presque démuni, sans confort, alors qu'il se disait dans son for intérieur se trouver en face d'un très grand professeur d'universités ! Je ne dirai pas qu'il ignorait les mauvaises conditions de vie et d'existence des professeurs d'universités, dont plusieurs parmi eux étaient dans l'incapacité de nouer les deux bouts du mois.

Cependant, yeux dans les yeux, je pouvais lire sa sincérité, son empathie, sa générosité à mon égard et certainement de celui de tous les professeurs du pays. Il fût comme estomaqué que je ne sois pas traité à ma juste valeur. Si je le dis et le réaffirme c'est que sur le moment, il se tourna brusquement vers notre ami commun pour lui reprocher son inattention, son égoïsme, son cavaliérisme, peut-être même une jalousie mal placée ou une mauvaise foi, en ne me présentant jamais chez lui, alors même que selon ses dires, il lui avait fait la commission pour lui emmener, en vain, un grand esprit qui pouvait l'aider, le conseiller dans ses multiples occupations. Ce Nangaa que je vis sur ce moment-là se voulait franc, honnête, sincère davantage encore quand il me déconseilla de me lier d'amitié ou de familiarité avec ce genre de personne, incapable de m'ouvrir les portes. Son impression était que notre ami commun ne tenait pas à mon émancipation sociale, pendant que lui-même était, en plus d'être professeur dans trois grandes universités les plus importantes de Kinshasa, directeur à la Rawbank nourri, logé, véhiculé, gardé par des policiers, soigné aux petits oignons par cette institution bancaire.

Au point de ne pas comprendre que je lui reste constamment attaché ! Corneille Nangaa parlait sincèrement, ouvertement, publiquement devant témoins de cette relation monocorde, qui ne m'apportait absolument rien, alors que notre ami commun connaissait du monde autour de lui. Pourquoi continuez-vous à vous promener avec un soi-disant frère qui n'était pas prêt à vous rendre l'ascenseur ? Parce qu'il tenait à que je vive bien, en tout cas à la hauteur au moins de mes connaissances et de ma grande intelligence là où, s'en indigna-t-il, plusieurs incompétents, abrutis, paresseux se remplissent les poches à ne rien faire. Voilà un trait de caractère qui m'a franchement impressionné. Qui ferait de Corneille Nangaa un socialiste ou un communiste. Pour moi, Nangaa est un homme plutôt équilibré, sincère, honnête, sociable capable de parler pour les autres voire de s'y engager. La toute dernière fois où je me vis avec Corneille Nangaa fût à l'occasion de l'un de ses fêtes d'anniversaire. Il nous y avait invité avec notre ami commun. De Limete, je m'embarquai dans un taxi pour commencer et finalement en moto pour échapper à un embouteillage monstre dans la ville ce jour-là. L'ami commun m'attendait déjà à la résidence du président sortant de la CENI.

En y entrant et en me voyant, le célèbre invitant se mit débout et vint ensuite personnellement nous y accueillir là où d'autres magnats auraient d'un geste de la main ou d'un clin d'oeil ordonner ou dicter. Il me fit asseoir à ses côtés et me présenta aux caciques de la kabilie comme Le Professeur. Parce que pour lui, il n'y en avait pas deux dans ce pays ! Il le regrettait amèrement, en se plaignant auprès de l'ami commun, parce qu'il était à la fin de ses mandats politiques. Tel est le Corneille Nangaa homme et citoyen que je connais. Un homme et un citoyen exceptionnels. Malheureusement je n'aurais pu imaginer qu'il pouvait comme ça être très nul en politique. Ces dernières sorties sur Félix Tshisekedi en apportent témoignage. C'est le fruit d'un fourvoiement grandiloquent de la part d'un homme qui a perdu ses moyens, ses repères et qui a agi soit par dicté pour faire acte d'allégeance au pouvoir décadent qu'il a servi soit pour se positionner politiquement. Il fait tout faux car ni Joseph Kabila Kabange ni personne du FCC n'est aujourd'hui capable de faire ombrage à Félix Tshisekedi. Peu importe les conditions de passation du pouvoir ou encore de la nature de l'accord l'ayant conduit au pouvoir, Félix Tshisekedi est et restera le président de la république les cinq ans à venir, le peuple congolais, malgré la guerre à l'est du pays et les failles et ratés du gouvernement qu'il a mis en place et dont il n'est pas en mesure, d'en saisir aucune opportunité, pour le remanier, l'élira de nouveau soit par ignorance soit par défaut, puisque dans nos pays africains le président siégeant a toujours une longueur d'avance sur tous les autres candidats.

Mais, au cas où Corneille Nangaa chercherait de nouveau à marquer l'histoire politique et sociale de la RDC et à y demeurer pour la vie, alors qu'au travers le fameux accord ayant permis à Félix Tshisekedi d'accéder à la magistrature suprême, il y est déjà, je lui conseillai de fonder un parti, il en a déjà un, me dit-on, plutôt capable, ce ne sont pas les moyens financiers qui lui manquent, de rivaliser tant avec l'UDPS, le parti de Félix Tshisekedi, qu'avec d'autres formations politiques tant formatées, sérieuses qu'alimentaires. 5.La vie entre lumière et pénombre Pourtant en dépit de l'image bon enfant que je lui reconnais, je suis en droit de constater, en m'appuyant sur ses sorties politiques, que Corneille Nangaa est un piètre politicien, sans expérience ni coffre. Il doit encore beaucoup apprendre. Car ce n'est pas de cette façon-là qu'on devient un grand homme d'Etat. Il a brûlé, à cause de ses déclarations hasardeuses et à l'emporte-pièce tant sur l'accord de passation du pouvoir que sur le processus électoral, le peu de crédit qu'il avait dans l'opinion tant nationale qu'internationale. Jusqu'à preuve du contraire, c'est l'Occident qui fait les dirigeants congolais. A moins d'une révolution comme au Mali, au Burkina Faso, au Niger pour que cette influence nocive change en RDC. Conséquence le même Occident qui te fait est le même qui te défait. Exilé, Nangaa aurait été peut-être manipulé, poussé, contraint à s'engager dans une voie que je considère sans issue. Il s'est mis dans la situation de celui qui a trahi les institutions du pays et sabordé sa neutralité politique. Certainement qu'il n'a pas de conseillers ou s'il en a mais de mauvaise qualité. Ce n'est pas surprenant. Quand on constate que tous ceux qui gravitaient autour de la kabilie, se sont effacés une fois les mandats politiques de leurs mentors estompés. Il n'y a des conseillers qu'autour de la mangeoire.

Pour beaucoup, c'est la seule raison qui justifie l'élasticité du pouvoir en Afrique. Il ne faut ni le quitter, ni l'abandonner, mais y mourir. Ils craignent devoir au profit du pouvoir, sans savoir qu'il n'y a pas de pouvoir sans devoir. La question est la suivante, il avait-il une urgence dans le chef du résident de la CENI, gardien de l'accord politique, de sortir de son chapeau cette sulfate qui ne l'honore pas et encore moins l'institution qu'il a servie loyalement pendant cinq ans voire plus ? Contre toute proportion gardée, je comprends la colère de ses concitoyens qui réclament son arrestation et son emprisonnement. Il n'a pas fait le travail qu'on attendait de lui, de proclamer la vérité des urnes. A cause de lui le véritable élu est en évanescence tandis que le tricheur, on le sait maintenant, est entrain de trimbaler les oripeaux du pouvoir partout et nulle part ailleurs. Corneille Nangaa vient de révéler le pot aux roses. Il vient de mettre à nu l'arrangement qui a permis, derrière le dos du peuple souverain, de proclamer la victoire en faveur de Félix Tshisekedi au détriment de Martin Fayulu Madidi. Ceci étant, Félix Tshisekedi a-t-il de loin ou de près une quelconque dans cette tricherie ? Est-ce que c'est de sa faute de se trouver là où il est aujourd'hui, d'agir et de prendre des décisions comme il l'entend ? N'est-il pas surprenant qu'après avoir menti au peuple congolais et au monde entier, que Corneille Nangaa qui vient donc d'avouer sa tricherie, mieux son crime, en décrivant tout le scenario, ne peut-il pas en assumer sa responsabilité ? Félix Tshisekedi n'est-il pas qu'un acteur du film produit par Nangaa et compagnie ?

En attendant des réponses de sa part, on déduit que c'est plutôt l'amertume de voir Tshisekedi désobéir au scénario écrit d'avance, qui a gêné Nangaa et ses parrains. D'où se sentant trahi, floué, abusé, le peuple congolais a le droit de tout savoir sur cet accord qui lui aurait alors privé, s'il en était, de sa vraie victoire. En attendant que fait-on de Martin Fayulu Madidi dont il dit être le vrai victorieux de l'élection présidentielle au détriment de Félix Tshisekedi ? que devait-on faire, revenir en arrière pour proclamer le vrai vainqueur, déchoir Félix Tshisekedi, arrêter Joseph Kabila Kabange et les trois présidents africains témoins dudit accord, du consensus ou compromis à l'africaine ? C'est des questions auxquelles le peuple congolais, bien que léthargique, inerte, amorphe, tient à avoir des réponses précises, nettes et claires. Des questions dont seul Corneille Nangaa est en mesure de répondre. Ça justifie évidemment la possibilité de son interpellation ou à défaut d'un mandat d'arrêt international à son encontre pour qu'il vienne répondre devant l'opinion tant nationale qu'internationale. Voler cinq ans sur la vie de quelqu'un n'est pas une mince affaire. En plus de cette grave accusation sur la violation des secrets de la CENI, s'ajoute une autre d'outrage au chef d'Etat. Etant donné que dans Félix Tshisekedi il y a deux dimensions d'un côté sa personne et d'un autre côté l'institution Etat, l'insulter, l'injurier, le dénigrer est très grave, il représente l'institution présidence de la république mais également l'Etat congolais. 6.Pour conclure sans conclure Le problème de l'homme africain noir et de l'homme congolais en particulier est également celui du bas ventre, comme le mentionne F. Fanon dans « Peau noire, masques blancs » que « De la partie la plus noire de mon âme, à travers la zone hachurée me monte ce désir d'être tout à coup blanc, ironisait F. Fanon, Je ne veux pas être reconnu comme Noir, mais comme blanc.

Or - et c'est là une reconnaissance que Hegel n'a pas décrite - qui peut le faire, sinon la Blanche ? En m'aimant, elle me prouve que je suis digne d'un amour blanc. On m'aime comme un Blanc. Son amour m'ouvre l'illustre couloir qui mène à la prégnance totale ... J'épouse la culture blanche, la beauté blanche, la blancheur blanche. Dans ses seins blancs que mes mains ubiquitaires caressent, c'est la civilisation et la dignité blanches que je fais miennes ». Conséquence, le rationnel continue à fuir l'homme noir. Chez lui, tout ne se passe jamais comme chez les autres. Parce qu'on décapite à la machette, à la hache, à la bêche, à la kalachnikov ses ennemis, ses opposants, ses voisins, etc. Ceux qui ont le pouvoir traitent ceux qui n'en ont pas comme des moins que rien. Absolument. L'autre n'est pas une fin-en-soi, mais uniquement un moyen pour parvenir à une fin. Or, « Nous ne prenons conscience d'être une personne que par la rencontre avec des personnes. Nous ne devenons humains que par la compagnie de nos semblables. Autrui nous confirme dans notre existence et nous invite à étendre le champ de nos découvertes en nous-mêmes par la proposition de nos découvertes en nous-mêmes par la proposition de ses découvertes à lui ». Parce que « Sur tous les plans nous sommes ramenés à cette vérité fondamentale de la vie : ce qu'il y a de plus intime et d'essentiel en moi : ce qu'il y a de plus l'amour des autres. L'autre, les autres, c'est ma transcendance, ce qui m'appelle au-delà de mes limites individuelles, ce qui me constitue comme homme ». Ainsi, poursuivit-il, « L'humanité n'est pas une aventure solitaire.

C'est une conquête de la communauté. Une communion. La seule médiation possible avec le tout autre ». Chez l'homme noir d'aujourd'hui (car celui d'avant le contact avec l'homme blanc était un grand universaliste au sens kantien du mot), l'humanité, la société, le pays, la tribu, l'ethnie, le clan, la famille reste encore et toujours une aventure solitaire. Ne lui parlez surtout pas de se jeter à la « conquête de la communauté » comme le recommande avec beaucoup de sagesse Roger Garaudy. S'il y a une « communion », celle-ci doit ou est au service de ses intérêts primordiaux. C'est-à-dire égoïstes. Parce que, au milieu de tous, il se considère comme le centre de tout et du tout. L'homme noir n'est pas et ne sera jamais un « médiateur » aussi longtemps qu'il ne se sera pas débarrassé de la jalousie, de la haine qui sont des facteurs qui étouffent tant la « communion », la communication, la « communauté » que le progrès, la réussite de l'autre. Aussi longtemps qu'il demeurera un délateur professionnel au service de l'homme blanc à l'encontre sa propre communauté, c'est-à-dire, de ses frères et soeurs qui, ensemble, l'union fait la force, peuvent l'affranchir lui-même et son Afrique de l'impérialisme occidental, le rationnel rationalisé, l'intellect intellectualisé le fuiront toujours ; il ne rattrapera jamais alors les autres civilisations qui l'adoptent comme un moins que rien. Si dans « Indignez-vous », Stéphane Hessel estime que « Le message d'un Mandela, d'un Martin Luther King (il a oublié hélas de mentionner un Gandhi Mahatma, sans doute par inadvertance d'esprit) trouve sa pertinence dans un monde qui a dépassé la confrontation des idéologies et le totalitarisme conséquent », c'est, sans doute, parce que pour lui, il n'y a qu'un « message d'espoir dans la capacité des sociétés modernes à dépasser les conflits par une compréhension mutuelle et une patience vigilante ».

Or, pour y parvenir, S. Hessel estime, avec raison, qu'« il faut fonder sur les droits, dont la violation, quel qu'en soit l'auteur, doit provoquer notre indignation. Il n'y a pas à transiger sur ces droits ». De nouveau, et même si il ne dit pas aussi explicitement que je le pense et le déclare, monsieur S. Hessel serait d'accord avec moi qu'Obama incarne à lui seul ce que je nomme le déshonneur noir : « Mon grand regret, déclare-t-il, (sans doute lui aussi déçu par le manque d'envergure et personnalité politiques du premier noir élu Chef de l'Etat aux USA), c'est que ni Obama ni l'Union européenne ne se soient encore manifestés avec ce qui devrait être leur apport pour une phase constructive, s'appuyant sur les valeurs fondamentales ». C'est ce qui pousse Mahatma Gandhi à cette déclaration selon laquelle « Le grand combat que chacun de nous doit mener, c'est contre soi-même pour repousser cette nature qui nous habite et qui nous pousse à détruire ce que nous avons construit, même au prix de sacrifices suprêmes ». De telle sorte que s'il y a un destin, à mon avis, pour les Noirs d'Afrique et d'ailleurs, il est à ce prix-là.

Le prix de l'Unité, du respect de la parole donnée. Et surtout de parler d'une même voix face aux autres races lorsqu'il s'agit d'être africain noir. Il me semble que le temps est venu aux noirs d'Afrique et d'ailleurs de comprendre que la seule haine de l'homme blanc ne suffit plus pour prétexter l'absence de création, de production, d'invention qui les gangrène. Ce n'est plus possible de continuer (même si l'homme blanc peut encore compter sur certains de ses esclaves et lèche-cul encore au pouvoir en Afrique) pour porter toute la responsabilité du sous-développement politique, mental, culturel, social, économique, technologique, numérique à l'homme blanc. Quand je regarde avec envie l'émergence de la Chine qui, il y a une cinquantaine d'années, figurait dans le lot de pays du Tiers-Monde, non seulement je me dis que l'homme noir a un problème avec lui-même, mais également que l'esclavage, la colonisation, les cris aux loups blancs qui arrivent d'Occident sans cesse imminent ne constituent que des prétextes métaphysiques qui empêchent un sursaut « créateur », producteur, inventeur chez l'homme noir. Mais, un sursaut chaque fois renouvelé dont était, lui, absolument capable l'homme blanc, le GPS du monde comme je le surnomme eu égard au nombre de ses prouesses technologique, médicale, économique, sociale, culturelle. Des prouesses qui ont permis, entre autres, d'écourter la distance entre les races, voire de permettre à l'humanité tout entière d'accéder même aux soins sanitaires les plus appropriés. Qu'en aurait-il été du monde sans lui ? Certainement dans l'obscurité obscurcie, dans la déchéance déchue et décevante.

C'est pourquoi, malgré une certaine rancoeur qu'on aurait contre cet homme euro-occidental blanc, moi-même en premier à la suite de son attitude suffisante, arrogante, « mythomaniaque », mégalomaniaque, paranoïaque, barbare, de sa politique de la terre brûlée, force est de lui reconnaitre ce mérite-là. Ensemble, tirons-lui notre chapeau! Frantz Fanon, dans « Peau noire, masques blancs » remarque comment et pourquoi « A tout prendre, je saisis mon narcissisme à pleines mains et je repousse l'abjection de ceux qui veulent faire de l'homme une mécanique. Si le débat ne peut pas s'ouvrir sur le plan philosophique, c'est-à-dire de l'exigence fondamentale de la réalité humaine, je consens à le mener » sur celui de la psychanalyse, c'est-à-dire des « ratés », au sens où l'on dit qu'un moteur a des ratés ». En attendant l'ouverture d'un procès contre les élucubrations de l'ancien président de la CENI, je trouve normal, au nom du principe selon lequel « est pris qui croyait prendre » de laisser Félix Tshisekedi jouer son rôle jusqu'à la fin du film, quitte à mettre Nangaa au pilori et les autres producteurs dudit film; Nangaa dont je ne comprends pas très bien la portée de la démarche, alors que c'est bien lui, le principal iconoclaste de ce scénario de polichinelle. Ainsi, fait à Kinshasa, le 1er Octobre 2023 Antoine-Dover OSONGO-LUKADI Habilité de Philosophie (post-docteur) Docteur en Philosophie et Lettres Professeur d'Universités Membre de l'Association des Philosophes Américains (APA)

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