Les autorités camerounaises imposent l'intégration de militaires dans les convois chargés de transporter les fèves de cacao dans le Sud-Ouest anglophone. La mesure vise à sécuriser l'écoulement de cette marchandise, cible des combattants séparatistes, et massivement revendue au Nigeria via des circuits illicites.
Pour le préfet du département de la Meme, l'un des principaux bassins de production de cacao dans le sud-ouest anglophone, cette décision vise à sécuriser le transport de la précieuse marchandise. Les militaires doivent ainsi désormais escorter les camions transportant les fèves de cacao sur les principaux tronçons routiers desservant le département, sujets qu'ils sont aux détournements des combattants séparatistes qui foisonnent dans la région. Les autorités soupçonnent en fait que le cacao, produit dans ces régions anglophones en conflit, soit devenu l'une des sources de financement des combattants séparatistes.
Un énorme marché
Le Nigeria voisin représentant un énorme marché, et les échanges étant facilités par la porosité des frontières. Ces dernières années et avec l'enlisement de la crise, plusieurs attaques de camions par des combattants armés ont été recensées et des productions entières volatilisées. Selon le ministère camerounais du Commerce, ce trafic est évalué à environ 30 000 à 60 000 tonnes de cacao ainsi exportées illégalement dans ce pays. Pour le seul exercice 2022-2023 les pertes pour l'État du Cameroun sont annoncées à hauteur de 70 milliards de francs CFA.
Critiques et inquiétudes
La décision de faire escorter la production par les militaires n'emporte pour autant pas l'adhésion de tous les acteurs du secteur. Elle suscite même critiques et inquiétudes. Certains transporteurs et négociants soutiennent que la mesure les transformerait davantage en cible prioritaire face aux combattants séparatistes. Certains autres soupçonnent une manoeuvre habile de quelques autorités locales qui pourrait renforcer des complicités avec les réseaux criminels.