Les autorités de transition nigériennes accusent la France de vouloir se maintenir dans le pays. Il y a dix jours, le président Emmanuel Macron annonçait le retrait des troupes françaises d'ici à la fin de l'année. Mais selon la junte au pouvoir et le chef du gouvernement de transition, les militaires français sont en train de déstabiliser le Niger.
Mardi, des ministres de la junte du CNSP et le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine rencontraient des représentants des forces vives du Niger. Le chef du gouvernement a affirmé que la France avait déjà commencé à déstabiliser le pays.
Il a fait référence à une très courte vidéo qui a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Il s'agit d'un extrait de l'intervention télévisée d'un certain Vincent Crouzet sur la chaîne française LCI. Un écrivain auteur de plusieurs romans d'espionnage et qui a effectivement travaillé avec les services de renseignements extérieurs français par le passé. Ce qui suffit pour le Premier ministre Lamine Zeine comme preuve d'une opération de déstabilisation de la France.
Pendant la rencontre, le ministre de l'Intérieur, le général de brigade Mohamed Toumba est allé plus loin en laissant entendre que ces troupes françaises pouvaient être complices des groupes armés terroristes. Le gradé s'étonne de « l'armement neuf » utilisé par les groupes armés. Un équipement que « les ennemis français ont pu leur acquérir », dit-il.
Il a affirmé que le nombre de militaires français sur le territoire n'est pas de 1 500, comme indiqué officiellement, mais plus du double, « plus de 3 000, voire 3 500 » et dont l'objectif est de « faire en sorte que les Nigériens s'entre-déchirent en créant la chienlit, la zizanie et l'émoi ». Le général Toumba a assuré qu'avec le départ des soldats français, le territoire « sera libéré des jihadistes en six mois. »
Toutes ces accusations interviennent suite à la mort d'au moins 60 militaires nigériens tués dans des attaques au nord des régions Tillaberi et de Tahoua ce lundi. Le ministre de l'Intérieur nigérien a souligné que la France « n'est pas dans une logique de quitter le Niger ». Il exige le départ des troupes françaises, mais pas en direction du Bénin, allié de la France et qui entretient des rapports tendus avec la junte.
L'état-major des armées à Paris se refuse à commenter les accusations. Les autorités françaises rappellent juste que tous leurs soldats auront quitté le Niger d'ici à la fin de l'année, conformément aux déclarations du président Emmanuel Macron le 24 septembre.