Congo-Kinshasa: Tony Bolamba - 'Je suis candidat contre la pauvreté'

interview

À quelques heures du dépôt de sa candidature à la Magistrature suprême, l'ancien gouverneur de la province de l'Equateur est sorti de son mutisme pour décortiquer la vie politique congolaise telle qu'elle se déroule, avec ses contradictions et ses travers. Le leader de MOCO croit le moment venu pour apporter sa pierre à l'œuvre d'édification d'une nation qui compte. De ses motivations au projet social dont il est porteur, en passant par ses relations avec l'Union sacrée, il ne s'impose pas des limites dans une interview avec Le Courrier de Kinshasa qui donne la pleine mesure de sa capacité à lire les évènements.

Le Courrier de Kinshasa (LCK): Alors que l'Union sacrée de la nation (USN) dont vous êtes membre a levé l'option pour soutenir Félix Tshisekedi à la présidentielle de décembre 2023, votre candidature ne sonne-t-elle pas comme une espèce de révolte?

T.B : Non, ça n'est pas du tout le cas. Je n'ai jamais été un homme révolté, je suis plutôt un homme éclairé. Les mêmes qui étaient il y a cinq ans, sont les mêmes que les populations ont vu en train d'ovationner la candidature unique du président Félix-Antoine Tshisekedi. Le 14 avril 2022, lors d'un entretien avec votre collègue M. Zantoto, j'avais dit que le président Félix Tshisekedi n'avait pas besoin d'être entouré par un groupe des truands pour être aimé. Si demain, il sera réélu, ce sera grâce à lui-même. S'il perdra, ça sera à cause des hommes et femmes du passé et du passif du pays qui l'entourent, les mêmes qui ont fait perdre Emmanuel Ramazani alors dauphin du président Kabila. On ne peut pas faire du neuf avec du vieux!

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L.C.K: Quel est aujourd'hui l'état de vos relations avec les membres du présidium de l'Union sacrée ?

T.B : J'entretiens de très bonnes et particulières relations avec les membres du présidium que je connais. Avant la politique, avec le président Bahati, le président Mboso, nous sommes comme père et fils. Avec le président Bemba, nous sommes comme jeune frère et grand-frère. Avec le président Vital Kamerhe, c'est comme grand-frère et petit-frère. Avec la haute autorité de l'Union sacrée qu'est le président de la République, nous sommes comme neveu et oncle, jeune frère et aîné! Le secrétaire général Augustin Kabuya, je ne l'ai jamais côtoyé dans ma vie. Je ne peux donc pas définir notre relation! Dans la vie, il n'y a pas que la politique. Nous pouvons aussi avoir des divergences sur la gestion de la cité, mais les relations humaines doivent toujours prévaloir ! Même dans les oppositions, je suis en harmonie avec tout le monde, le gouverneur Katumbi, le président Fayulu et le Premier ministre Matata Ponyo, allant même jusqu'au FCC. J'ai la chance d'être bien avec les intelligences !

L.C K: Pensez-vous que votre candidature à la présidentielle soit bien accueillie par cette méga plateforme politique proche du président Félix Tshisekedi ?

T.B : Je ne saurais entrer dans les idées des charognards qui entourent l'Union sacrée. Tout ce que je sais est que le président de la République et moi avons plusieurs points qui nous rapprochent et quelques points qui nous séparent. Il y a quelque temps, j'avais dit que l'on pouvait reprocher le président sur tout, mais il s'avère que la mise en application de la gratuité scolaire est très merveilleuse pour nos enfants. Quand je fus gouverneur de l'Equateur, nous avons commencé la gratuité scolaire dans la Province, malheureusement stoppée par certains qui sont aujourd'hui dans l'Union sacrée. La gratuité scolaire devait être soutenue par une bonne politique d'infrastructures scolaires, mais hélas! Nous avons préféré construire un centre financier qui n'était pas une urgence. Je me pose la question, est-ce que la majorité des membres de l'Union sacrée d'aujourd'hui comprennent-ils vraiment la vision du président de la République? Je reste dubitatif!

L.C.K: Avec le chef de l'État, Félix-Antoine Tshisekedi, vos relations sont-elles au beau fixe ?

T.B : Je pense même qu'elles sont au zénith. Le chef de l'Etat sait que j'ai toujours soutenu le commandant suprême de notre armée en guerre et la politique diplomatique qu'il mène. Excepté les plans machiavéliques et les calomnies de certains comploteurs antipatriotiques contre ma personne pour nuire au nationaliste que je suis, des cabales contre mon humble personne sont planifiées pour qu'une fois exécutées, elles nuisent à la réputation du président de la République à l'international. Je l'avais appris en passant.

N'oubliez pas que je suis un ancien gouverneur et j'ai accès à certaines informations si pas renseignements! Savons-nous comment l'assassinat du ministre Okende avait terni l'image de notre pays à l'international ? Je sais que le président de la République sait que je ne suis pas candidat contre sa personne. Je suis candidat contre la pauvreté, je suis candidat pour qu'un plan d'austérité soit mis en place et en application afin de permettre au pays de faire des économies et réaliser des travaux d'urgence, de sorte à résoudre l'épineuse question des dettes intérieures. Nous devons baisser le train de vie des institutions, et revoir à la baisse notre budget. Je ne cesse de le dire!

L.C.K: Votre candidature à la présidentielle, est-ce de la simple figuration ou procède -t-elle d'une solide conviction?

T.B : Je suis un homme de conviction, raison pour laquelle j'irai jusqu'au bout !

L.C.K: Pensez-vous que ces élections auront effectivement lieu lorsqu'on sait que les perspectives d'un dialogue ne sont pas totalement écartées?

T.B: Dans la vie des humains, nous ne devons toujours pas vivre pour la raison, nous devons plus vivre pour la compréhension. Si nous sentons que ces élections n'auront pas lieu à temps, nous devons toujours nous parler entre nous afin d'aller à un processus apaisé. La Constitution avait déjà prévu cela dans son article 70 alinéa 2 qui stipule qu' à la fin de son mandat, le président de la République reste en fonction jusqu'à l'installation effective du nouveau président élu. En tant que contestataire, dans l'observation, je constate qu'aujourd'hui en RDC, la Majorité présidentielle (Union sacrée) et les oppositions (FCC, Ensemble et Alliés, Ecide et Alliés) se regardent en chiens de faïence.

Je pense qu'un dialogue avant le début des élections est important non pas pour se partager le pouvoir mais pour nous refaire confiance et apaiser les esprits pour le bien de la République et le vivre-ensemble de notre nation. Personne n'a le monopole d'aimer le Congo plus que les autres! Nous devons tout faire revenir le FCC dans le processus. Il a géré le pays durant près de dix huit ans, ce n'est pas peu! Après mon dépôt de candidature, je rencontrerai certains leaders de l'opposition pour parler de la République

L.C.K: Comment se décline votre projet de société?

T.B : Notre programme est simple, il sera basé sur cinq grands axes : la Santé, l'Education, la Sécurité, le Social et l'Emploi. C'est pour cela que nous devons mettre un plan d'austérité en place. Baisser les salaires des membres du gouvernement et des mandataires publiques, baisser les frais de fonctionnement des ministères pour réorienter les dépenses dans l'armée, la santé et encourager les entrepreneurs locaux pour multiplier les PME et créer des emplois, baisser certaines taxes afin d'encourager les investissements étrangers et attirer les investisseurs.

L.C.K: Quels seront les défis que vous allez vous imposer une fois élu ?

T.B : Le plus grand défi que je vais m'imposer en tant que président de la République élu, c'est de rendre au peuple congolais sa dignité, de tout faire pour que l'équité soit rétablie dans le pays pour que nous puissions réapprendre à nous faire confiance, à vivre en harmonie les uns et les autres afin de sécuriser notre pays! On ne se développe que dans la sérénité!

L.C.K: Quel crédit accordez-vous à ces scrutins lorsqu'on sait que le fichier électoral continue d'être récusé?

T.B : Je comprends que la méfiance puisse exister entre les humains. Raison pour laquelle je souhaiterais vivement que la classe politique se parle, pour nous éviter des incompréhensions qui risqueraient de troubler les esprits.

L.C.K: Comment évaluez-vous la gouvernance de l'actuel régime durant son premier quinquennat ?

T.B: Chacun de nous a sa part de responsabilité. J'assume tout ce qui est de négatif comme de positif de ce gouvernement. Une fois élu président de la République, je poursuivrais tout ce qui est positif et je réparerai tout ce qui est négatif!

L.C.K: Votre dernier mot?

T.B: Je sais que nous avons beaucoup d'ennemis intérieurs qui cherchent à éliminer les nationalistes que nous sommes. Je suis au courant des cabales déjà mises en place pour nuire aux nationalistes afin de laisser le terrain libre aux fossoyeurs de la République. Mais le Congo restera un et indivisible. J'ai dit.

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