Burkina Faso: Etat-major de la gendarmerie nationale - Attention à ne pas ouvrir la boîte de... Pandore

Nouvelle valse de bérets. Le président de la Transition a signé en effet le mercredi 4 octobre 2023 une série de décrets nommant de nouveaux chefs militaires.

Parmi les promus, on notera surtout le lieutenant-colonel Kouagri Natama, qui remplace le lieutenant-colonel Evrard Somda à la tête de l'état-major de la gendarmerie nationale.

Depuis que le terrorisme s'est installé au Burkina, de Roch Marc Christian Kaboré à Ibrahim Traoré en passant par Paul-Henri Sandaogo Damiba, le changement des premiers responsables des Forces de défense et de sécurité (FDS) se produit à une cadence particulièrement soutenue.

Ce qui vient de s'opérer n'a donc rien d'extraordinaire en soi, d'autant plus d'ailleurs que cela relève des prérogatives régaliennes du chef suprême des armées, qui peut décider à tout moment d'effectuer un jeu de chaises musicales pour de meilleurs résultats et plus d'efficacité.

Cela dit, les nominations actuelles interviennent au moment où l'actualité nationale est toujours dominée par le coup d'Etat qui aurait été tué dans l'oeuf, selon les autorités, et qui n'a certainement pas fini de révéler tous ses tenants et ses aboutissants.

Parmi les officiers arrêtés dans le cadre de cette affaire, figurent notamment le commandant de la légion spéciale de gendarmerie, le lieutenant-colonel Cheick Hamza Ouattara, et le numéro 2 de l'Unité spéciale d'intervention de la gendarmerie (USIGN), le capitaine Christophe Maïga.

Au-delà des deux incriminés, c'est toute la gendarmerie en tant qu'institution qui était au coeur du tumulte, sur fond d'intox et d'informations difficilement vérifiables sur les réseaux sociaux. Certains n'ont d'ailleurs pas hésité à mettre en doute la loyauté de la maréchaussée, pourtant réputée légaliste et loyaliste, quand pour d'autres, le désormais ci-devant CEMGN aurait quelque part lâché ses hommes pour protéger sa propre tête.

Des rumeurs faisaient également cas de velléités de dissolution du corps, ce qui a obligé le chef de l'Etat à les démentir au cours de l'interview télévisée qu'il a accordée à l'occasion du premier anniversaire de son arrivée au pouvoir. Et pas plus tard qu'il y a quelques jours, on entendait Evrard Somda, dans un audio, défendre le bilan des pandores dans la lutte contre le terrorisme et appeler ses hommes à la sérénité et à faire confiance à la justice.

C'est donc dans un contexte particulièrement pollué qu'intervient le débarquement de celui qui était en poste depuis environ 20 mois.

A vrai dire, entre Evrard, qui avait été nommé par Damiba et les capitaines du MPSR 2, le courant semblait plutôt alternatif et s'il avait conservé son poste jusque-là, il y a de fortes chances que cela ait tenu plus du mariage de raison que de la fusion amoureuse. Le divorce est donc consommé et la question de l'avenir immédiat de l'ancien CEMGN se pose désormais. Mais qu'il ait été sur la sellette ou pas, il n'est pas le premier et ne sera pas non plus le dernier à avoir été débarqué, surtout en ces temps troubles où tous sont assis sur des sièges éjectables.

Ce qu'il faut espérer, c'est que ce turnover au sein de la gendarmerie et de l'armée d'une manière générale soit source de plus de cohésion et d'efficience dans la lutte contre le terrorisme.

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