Sénégal: « Ubbi Tèy Jàng Tey' - Une appropriation par les acteurs, malgré un résultat mitigé

Dakar — Lancée sous forme de campagne pour inciter les écoles à démarrer leurs enseignements dès la rentrée des classes, "Ubbi Tey, Jàng Tey" (démarrage effectif des cours dès le premier jour de la rentrée scolaire) est devenu aujourd'hui le slogan le plus répété à la veille de la rentrée scolaire, parsemant discours, modes d'emploi, mesures et agenda des acteurs de l'école.

A l'origine, des acteurs de la société civile s'étaient retrouvés en 2014 pour réfléchir sur les difficultés de l'école notamment les faibles résultats scolaires, l'inefficience du système éducatif, entre autres symptômes du système éducatif sénégalais auxquels il fallait trouver des solutions pérennes, a rappelé l'un des initiateurs du concept, le directeur exécutif de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l'éducation publique (Cosydep).

Une telle "situation inquiétante (...) invitait, selon Cheikh Mbow, à adresser les déterminants essentiels de la qualité parmi lesquels le temps d'apprentissage".

Il a rappelé que "le calendrier scolaire est régulièrement amputé, du fait des nombreuses fêtes, des grèves cycliques d'enseignants et d'élèves, mais pire du démarrage toujours tardif des cours".

Chaque année, les écoles, particulièrement du public, perdent un voire deux mois, avant que le démarrage des cours ne soit effectif.

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Une étude publiée en 2013 par la Cosydep avait révélé, contrairement à ce que beaucoup pensaient, que le temps perdu au démarrage des cours était plus important que celui perdu pour raison de grève. "Un devoir de prise d'initiatives et de propositions alternatives s'imposait dès lors", a souligné Cheikh Mbow.

La Cosydep et ses partenaires, notamment le Mouvement du 23 juin (M23) et des syndicats d'enseignants avaient alors décidé de "passer aux actes après toute la longue période de réflexion autour des Assises de l'éducation de 2014".

La communauté éducative était attendue pour adresser l'optimisation du quantum horaire annuel qui n'atteignait pas 700 heures, malgré une norme officielle d'au moins 900 heures.

Ainsi, une action citoyenne, sous la forme d'une mobilisation générale dénommée "Campagne "Ubbi tey, Jàng tey", était lancée en août 2014 pour "alerter et inviter tous les acteurs à constater que la norme ne devait point être un démarrage des cours un mois après la rentrée des classes.

L'initiative repose ainsi selon les initiateurs, sur "les principes d'inclusion, de participation, de responsabilité partagée et d'engagement volontaire, à travers une démarche holistique et participative" structurée autour de la collaboration avec l'administration centrale, les autorités déconcentrées et décentralisées, les autorités religieuses et coutumières, les organisations d'enseignants, les associations de parents d'élèves, les associations de jeunes et de femmes (ASC, GPF, ressortissants, émigrés), les apprenants et la presse.

En 2023, environ neuf ans après, le concept fait son chemin avec des résultats non encore à la hauteur des attentes mais somme toute très encourageants, estime Cheikh Mbow. "Notre objectif, rappelle-t-il, c'était de faire en sorte que +ubbi tey, jang tey+ soit l'affaire de tous."

Aujourd'hui, les initiateurs pensent que les acteurs se sont bien appropriés le concept, comme en témoignent la présence massive des enseignants le jour de la rentrée des personnels, l'appropriation de la campagne par les autorités, la mobilisation des organisations communautaires de base et du service civique national, pour rendre le maximum d'écoles salubres et accueillantes, les débats autour des enjeux stimulés par les médias.

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