Tunisie: Dirigeants sportifs tunisiens - Le comble de l'indécence

5 Octobre 2023

Il ne se passe pas un jour sans que l'on constate que nous perdons progressivement les valeurs qui ont fait, à une certaine époque, du sport tunisien une référence. Pas une semaine sans qu'on ne se pose des questions à propos de ces réactions qui choquent et qui plongent ceux qui continuent à croire naïvement que cela finira par s'arranger. Au train où vont les choses, cela relève de l'utopie. Lorsque de hauts responsables de ce sport osent menacer qu'un organisme international se fera fort de rejeter une loi tunisienne, cela dépasse tout entendement.

Est-ce que ce genre d'organisme étranger, effectivement, possède la faculté de choisir quel type d'organisation nous voulons appliquer dans notre pays, entre nos murs et nous dicter ce qui nous convient le mieux à nous et à nos enfants? C'est à perdre ses dernières illusions, face à des interprétations aussi grossières qu'insensées. Lorsqu'on conçoit de quelle manière les activités physiques et sportives d'un pays devraient être conçues, il y a de quoi rêver. A notre humble connaissance, il suffit de respecter la législation internationale régissant telle ou telle discipline et de veiller à les appliquer scrupuleusement.

Comment cela a été conçu relève d'un autre problème, celui d'agrandir le champ des consultations et de se rapprocher de ceux qui ont dirigé ce sport pour éviter de répéter les erreurs qui ont été à la base d'une révision de la loi actuellement en vigueur et qui a démontré ses limites, cela se conçoit. Il y a des juridictions qui sont là pour qu'on les mette à contribution.

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Mais se transformer en coupeur de têtes et menacer que rien ne se fera sans l'accord de telle ou telle partie (notamment étrangère), cela relève de l'ironie du sort que l'on soit descendu si bas. Pas plus que cela. Nous avions relevé dans une précédente édition cette lacune, mais cela ne devrait pas constituer, pour un Tunisien, un motif pour ameuter un organisme international à l'effet de le braquer sur nos affaires internes pour des causes inavouables.

Et pourtant, en dépit de ce que l'on a reproché à ceux qui utilisent l'étranger pour gagner un bras de fer, on continue d'avoir recours à ces procédés que personne n'accepte et que la majorité rejette. Y avoir recours, refuser d'aller au-devant des instances nationales pour régler «nos» affaires intérieures relèvent aussi de l'indécence.

Comportement inadéquat

Il n'y a pas que cela. Un président de fédération ou un «responsable» tout court, qui organise une conférence de presse ou qui saisit l'occasion d'une réunion pour donner des chiffres concernant les dépenses consenties en faveur d'un athlète d'élite, relève également de l'impudeur. Ce sportif qui souffre dans sa chair et dans son âme quand il ne reçoit pas l'argent dont il a besoin pour vivre, qui emprunte et s'endette dans l'attente du mandat, pour pouvoir s'entraîner à l'effet d'être au point le jour où on aura besoin de lui, n'a pas, à notre connaissance, présenté le total des calories dépensées, les effets des nuits sans sommeil en raison du stress et de la fatigue qui a chassé le sommeil, l'angoisse qui le tenaille chaque fois qu'il monte sur un plot ou s'arcboute à un starting-block pour s'élancer à la conquête d'une médaille.

Une médaille qui permettra à ces responsables soigneusement costumés et en cravate de grimper à la tribune d'honneur et de se pavaner devant les caméras. Cet argent, dont il présente des détails et des totaux, c'est le contribuable qui l'a payé pour qu'on en fasse bon usage. A notre connaissance, les fédérations qui sont en mesure de se passer des ressources que met à leur disposition le Département des Sports pour fonctionner et encadrer les meilleurs pour en faire de dignes représentants du pays, se comptent sur les doigts d'une main. Et encore.

Dévoiler des éléments qui devraient relever de la stricte intimité qui règne entre une fédération et un élément d'élite, c'est de l'indécence. Nous portons une attention particulière et régulière sur ce que diffusent les médias étrangers à propos de leur élite, nous n'avons jamais vu ce genre de comportement inadéquat et incompréhensible. Il faudrait pousser le raisonnement pour dévoiler, par la même occasion, ce que l'on paie à un entraîneur qui s'occupe, à sa façon, d'un groupe de jeunes et expliquer les raisons du choix portés sur lui et pas sur un autre et de la somme qu'on lui sert.

Cela complétera ce dossier où la naïveté l'emporte sur le bon sens et le respect pour cette élite qui lutte avec les moyens du bord pour tenir tête aux meilleurs dans des disciplines aussi difficiles qu'exigeantes. Dommage que ces valeurs s'étiolent et que le respect que l'on se doit entre sportifs devienne de plus en plus la qualité la moins partagée dans ce monde.

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