Le parcours professionnel de Mme Saye Guèye, enseignante en mathématiques et sciences physiques est un modèle assez illustratif de patriotisme à servir partout son pays. Découragée par ses parents à rejoindre son premier poste d'affectation à Sédhiou, en Casamance, au motif d'un conflit armé en cours, elle a défié ces préjugés pour faire ce voyage. Aujourd'hui, elle déclare que Sédhiou est plus sécurité que Thiaroye à Dakar, sa ville natale. Dans ce portrait que nous lui dressons, elle s'étale sur son séjour ainsi que son parcours pour faire de fortes recommandations à l'endroit des jeunes en ce 5 octobre, décrété Journée mondiale des enseignants.
«Quand je venais ici, à Sédhiou, à ma sortie d'école de formation, même mes parents avaient des inquiétudes et invoquaient des motifs d'insécurité en Casamance, avec la rébellion. Mais, je les ai rassurés en promettant de venir voir la réalité du terrain. Et une fois à Sédhiou, c'était tout le contraire. Sédhiou est une région paisible, où il fait bon vivre». Ces propos sont de Madame Saye Guèye, professeur de mathématiques et sciences physiques au collège Amadou Mapathé Diagne de Sédhiou où elle dispense depuis 2007 des cours de mathématiques et de sciences physiques. A sa sortie d'école de formation à Dakar, Saye Guèye a défié tous les préjugés relatifs à une insécurité ambiante en Casamance, pour venir servir à Sédhiou.
Trouvée assise hier, mercredi 4 octobre, à l'entrée de l'Inspection d'académie (IA) de Sédhiou, elle a accepté, volontier, de nous raconter ses premiers pas à Sédhiou, nonobstant les préjugés négatifs copieusement reçus de Dakar, sa région natale. «Je suis sortie de l'Ecole normale supérieure (ENS), aujourd'hui appelée FASTEF (Faculté des sciences et technologies de l'éducation et la formation, ndlr) et on m'avait affectée à Sédhiou. J'avais vraiment des inquiétudes avec mes parents qui craignaient pour ma sécurité, car ils invoquaient des motifs d'insécurité liée à la rébellion en Casamance. Mais, sachant que nous sommes tous des Sénégalais et chaque citoyen est appelé à servir partout dans son pays, j'ai pris mon courage à deux mains et décidé de venir», explique-elle.
Et Saye Guèye de poursuivre sur l'élan d'hospitalité légendaire à Sédhiou qu'elle trouve plus paisible que Dakar. «Vraiment Sédhiou est une ville très calme, paisible et où les gens sont gentils et solidaires. Je trouve que c'est même mieux que ma région d'origine, Dakar, et surtout ma ville de Thiaroye où l'insécurité est ambiante, de jour comme de nuit».
«ENSEIGNER EST UNE ACTIVITE NOBLE»
Du haut de ses 49 ans, de teint clair et le sourire facile, mariée et mère de plusieurs bouts de bois, Saye Guèye se hisse plus haut sur son solide capital d'expériences, pour exhorter les jeunes sortants des écoles de formation à servir partout au Sénégal où le devoir citoyen et patriotique les appellent. «C'est de s'adapter car je vous dis que moi-même je ne connaissais personne ici et c'est mon principal d'alors, Moussa Cissokho, qui m'avait logée et n'a jamais voulu que je quitte Sédhiou. J'ai vu le cas d'un enseignant qu'on avait affecté dans le Sud du pays et qui avait refusé de rejoindre et a fini par démissionner. Je trouve que de pareilles attitudes ne sont pas dignes d'un patriote prêt à servir son pays», dixit Mme Guèye.
Et de rajouter : «J'exhorte les jeunes à comprendre le sens du patriotisme et à accepter de trimer pour leur pays. Le reste, c'est le comportement qui le détermine. Partout où tu vas, si tu te comportes bien, tout le monde sera solidaire envers toi et tu seras traité au rang de ton honneur. Enseigner est une activité noble car plus tard on rencontre des gens devenus des cadres à qui on a tenu la classe ; c'est une fierté».
MIEUX PROMOUVOIR LES DISCIPLINES SCIENTIFIQUES
Mme Saye Guèye a fini d'intégrer la cours des femmes leaders car, au-delà de sa parfaite maîtrise des disciplines scientifiques, en tant que femme, elle coordonne la Cellule des professeurs de mathématiques. N'est-ce pas assez illustratif pour encourager les jeunes filles à embrasser les sciences ? «J'encourage les jeunes filles à embrasser les matières scientifiques car c'est juste une option, celle de décider de bien travailler avec abnégation. J'ai l'habitude de leur donner mon exemple, en tant que femme enseignante en sciences. Ma fille a réussi cette année, 2023, au Baccalauréat, en série S1. Donc, avec un peu de volonté, elles peuvent y arriver, avec bien sûr l'accompagnement des parents», précise-t-elle.
En ce 5 octobre qui consacre la Journée mondiale de l'enseignant, ce modèle de femme engagée de la trempe de Saye Guèye doit vraiment faire école, pour redonner goût à ceux qui commencent à en perdre, au péril de leur avenir.