Le Soudan du Sud n'est pas prêt pour des élections en 2024. C'est la conclusion d'un rapport de la Commission des Nations unies pour les droits de l'homme, publié jeudi 5 octobre. C'est pourtant ce qui est prévu par l'accord revitalisé, qui a mis un terme en 2018 à la guerre civile qui opposait Salva Kiir, toujours au pouvoir, à Ryek Machar son ancien vice-président.
Selon le rapport de la Commission des droits de l'Homme, le pays ne fournit pas un « environnement favorable à la démocratie » puisqu'il s'oppose notamment à tout débat. Le rapport met au jour le système de répression notamment des médias mis en place par le pouvoir sud-soudanais.
Au coeur de cette ingénierie, le Service de sécurité nationale (NSS). Le NSS fiche, écoute, suit, menace et emprisonne les journalistes. En août 2022, la reporter Diing Magot est interpelée en plein jour après avoir interviewé des étudiants. Accusée d'espionnage, elle passera huit jours en détention sans qu'aucune charge ne lui soit reprochée. En janvier 2023, 7 journalistes de la chaine SSBC sont emmenés au quartier général du NSS. Certains y resteront jusqu'en mars.
Dans les rédactions, un officier de liaison du NSS relit, coupe, censure les sujets sensibles : l'opposition, les droits de l'homme, la vie politique en général. Dans ces conditions, beaucoup de rédactions se limitent à ne couvrir que les évènements officiels, pointe le rapport. Mais même à ces occasions, les reporters se voient parfois menacés par le ministre de l'Information. « L'abandon de ces pratiques autocratiques sera essentiel si les Soudanais du Sud veulent réaliser leurs aspirations à la liberté » conclut Barney Afako l'un des commissaires des Nations unies.