Toujours aucune nouvelles de la journaliste et blogueuse nigérienne Samira Sabou depuis samedi 30 septembre 2023, lorsque des hommes en civil, se présentant comme des policiers, se sont présentés à son domicile à Niamey et l'ont emmenée. Cinq jours après, ni son avocat ni ses proches ne savent où elle se trouve. Plusieurs organisations s'alarment et appellent à sa libération immédiate.
« Où est Samira Sabou ? » La question s'affiche sur le site de Reporters sans frontières (RSF) avec une photo de la journaliste et blogueuse nigérienne, connue pour ses publications sur les réseaux sociaux. RSF, tout comme la Cenozo (Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d'investigation), le CPJ (comité pour la protection des journalistes), et Amnesty International demandent sa libération immédiate.
Maitre Ould Salem Said, l'avocat de Samira Sabou, est très inquiet. « Elle a été enlevée par des hommes non identifiés en présence de sa famille. Depuis samedi, Samira Sabou n'a donné aucun signe de vie. Elle n'est entrée en contact avec personne. »
« Les témoins, avec qui nous avons pu parler, nous ont dit qu'elle a été encagoulée très vite dans la voiture, que ces individus sont venus récupérer son téléphone pour fouiller ses communications », explique Ousmane Diallo est chercheur sur le Sahel au bureau régional pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre de l'organisation.
« On est hors de tout cadre judiciaire »
Reporters sans frontières dénonce une détention secrète et demande que toute la lumière soit faite sur cette affaire. Le pouvoir en place au Niger garde jusqu'à présent le silence. « Aucune autorité n'a revendiqué être l'auteur ou avoir reçu des instructions pour l'interpellation de Mme Samira Sabou, pointe Maitre Ould Salem Said. C'est pourquoi mercredi après-midi, nous avons déposé une plainte contre X devant le procureur de la république pour enlèvement, séquestration et détention arbitraire. Je rappelle qu'elle a le droit d'être assisté par un avocat de son choix au cas où elle est arrêtée par une autorité compétente. »
« Ses proches et son avocat sont allés auprès de la police judiciaire et se sont heurtés à un mur du silence. Par rapport à cette situation, ce qui est très alarmant et qui montre qu'en termes juridiques, on n'est même pas dans le cadre d'une détention, mais d'une disparition forcée. Et ça, c'est relativement nouveau [...]. On est hors de tout cadre judiciaire », analyse le chercheur Ousmane Diallo.
Samira Sabou a déjà été interpellée à plusieurs reprises. Au début de 2022, elle a été condamnée à un mois de prison avec sursis après avoir partagé une enquête de Global Initiative sur le trafic de drogue. Elle a aussi passé plus d'un mois en prison en 2020 après une plainte du fils de l'ancien président Mahamadou Issoufou.