Le 2 octobre 2023, la justice militaire congolaise a condamné quatre officiers pour la répression sanglante (plus de 50 morts) d'une manifestation à Goma, dans l'est de la RDC, le 30 août 2023. « Nous saluons le travail qui est fait par la justice congolaise, mais il faut que ce travail aille jusqu'au bout », insiste Rostin Manketa, directeur exécutif de l'ONG de défense des droits humains, la Voix des sans voix.
En République démocratique du Congo (RDC), quatre officiers ont été condamnés le 2 octobre 2023 par la justice militaire après une manifestation à Goma réprimée dans le sang le 30 août dernier.
Le colonel Mike Mikombe a été condamné à mort, peine commuée en réclusion à perpétuité puisque la peine capitale n'est plus appliquée depuis 20 ans en RDC. Trois autres personnes écopent de dix ans de prison. Deux accusés ont par ailleurs été acquittés.
Un verdict salué par l'ONG de défense des droits humains, la Voix des sans voix, mais pour laquelle il faut aller plus loin.
En effet, pour Rostin Manketa, son directeur exécutif, toute la lumière n'a pas été faite sur ces événements. « Nous avons tenté de mener notre propre enquête, explique-t-il à Paulina Zidi. Et grâce à cela, nous avons eu quelques témoignages et nous avons eu les noms de quelques victimes. Mais sur le terrain, nous nous sommes rendu compte que les familles ont peur de s'exprimer. Donc, nous n'avons pas eu assez d'éléments. C'est ainsi que nous avons demandé aux autorités congolaises en général et au gouvernement en particulier de diligenter une enquête très approfondie et indépendante ».
« Ces militaires ont-ils agi seuls, de leur propre initiative ? C'est ça la grande question »
Il souligne : « C'est vrai qu'il y a eu quelques militaires qui ont été interpellés, dont le procès venait de prendre fin. Il y a eu des condamnations. Ces militaires ont-ils agi seuls, de leur propre initiative ? C'est ça la grande question. Nous saluons le travail qui est fait par la justice congolaise, mais il faut que ce travail aille jusqu'au bout. Sinon, dans le cas contraire, nous avons demandé à la Cour pénale internationale de s'autosaisir par rapport à ce massacre qui s'est passé à Goma le 30 août 2023. »
Pour rappel, six militaires (dont deux officiers supérieurs) de la Garde républicaine ont été jugés pour une opération meurtrière lancée contre une secte religieuse qui avait appelé à manifester contre la présence dans la région de l'ONU, de la force régionale d'Afrique de l'est et d'ONG internationales. Cette opération, dont le dernier bilan officiel fait état de 57 civils tués, avait entraîné un regain de tension à Goma, au coeur d'une région en proie aux violences de groupes armés et rébellions.