Madagascar: Sot métier

Une journée mondiale des enseignants complètement passée inaperçue, sinon ignorée. Excepté les revendications ici et là, on ignore si la race des enseignants existe encore.

Du moins ceux qui ont une vocation à enseigner, ceux qui sont nés pour enseigner, ceux qui sont faits pour enseigner.

Car enseigner est un dur métier, le plus noble qui soit, qui nécessite persévérance, rigueur, renoncement.

Des qualités en voie de disparition, étant donné qu'enseigner est devenu le parent pauvre d'entre tous.

Déconsidéré, mal rémunéré, méprisé, être enseignant est devenu le refuge de ceux qui n'ont rien d'autre à faire, ceux qui ont un bac ou un BEPC mais qui ont été rejetés par les universités ou qui sont les seuls diplômés d'un village dont l'école primaire n'a qu'un gardien comme personnel.

Vu le traitement infligé aux enseignants à tous les niveaux et dans tous les cycles depuis plusieurs années, il faut vraiment avoir une vocation de fer pour encore oser embrasser ce métier.

C'est la raison pour laquelle la relève manque dans l'enseignement supérieur, voire au niveau des écoles primaires et secondaires.

Adulé et traité comme un roi, avec logement et indemnités durant la première République où un petit "instit" payé à 30.000 ariary par mois pouvait régler la traite d'une Peugeot 404 de 180.000 ariary en neuf mois, l'enseignant est devenu complètement un faire-valoir en l'espace de quatre républiques.

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Aujourd'hui, il a du mal à joindre les deux bouts et crie à tue-tête pour revendiquer une vacation de cinq mille ariary, cumul de plusieurs années d'ingratitude de l'administration.

Avec le mauvais traitement dont souffrent les enseignants, c'est l'éducation en général qui se trouve dans de beaux draps, selon les rapports des bailleurs de fonds, qui ne cessent de tirer la sonnette d'alarme tout en continuant de financer le recrutement massif d'enseignants non qualifiés.

On ne peut pas avoir de bons résultats avec la médiocrité des acteurs.

À l'approche de la campagne électorale pour l'élection présidentielle, on continue d'espérer que l'éducation et les enseignants figureront en bonne place parmi les soucis des prétendants à la magistrature suprême.

Tout est urgent dans un pays tombé très bas dans tous les domaines, mais il est impossible de rêver pour redresser la situation, si l'éducation et l'enseignement continuent leur descente aux enfers et qu'enseigner reste le premier sot métier.

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