Le remplacement du lieutenant-colonel Evrard Somda par le lieutenant-colonel Kouagri Natama, par décret présidentiel en date du 4 octobre dernier, est loin d'être une surprise.
On est d'autant plus fondé à le dire que Dame rumeur avait déjà annoncé le limogeage du patron de la Gendarmerie. Et ce ne sont pas les derniers événements, notamment le coup d'Etat déjoué le 26 septembre dernier, dans lequel seraient impliqués de hauts gradés de la Gendarmerie, qui auraient arrangé les choses. Dans la mesure où des arrestations ont été opérées au sein de la Gendarmerie, on ne voyait pas comment le premier responsable de cette institution pouvait échapper à l'épée de Damoclès qui planait déjà au-dessus de sa tête.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que les tensions sur fond de rivalités qui ont toujours caractérisé les rapports entre l'armée et la gendarmerie, n'ont pas facilité la collaboration entre le patron de la Gendarmerie et le nouveau locataire du Palais de Koulouba. Cela dit, doit-on nourrir des craintes que ce jeu de chaises musicales affecte la cohésion au sein de l'armée? En temps normal, un remplacement de responsable à la tête d'une institution, fût-elle militaire, ne saurait donner lieu à des inquiétudes.
Car, c'est un processus normal dans le fonctionnement des institutions de la République. Lorsqu'un chef d'Etat estime qu'un changement est nécessaire pour plus de dynamisme et d'efficacité, c'est son droit le plus absolu de l'opérer. Mais si le cas d'Evrard Somda semble se singulariser, c'est parce que ce pandore n'est pas n'importe qui. De l'insurrection populaire de 2014 à l'attaque du restaurant Aziz Istanbul en passant par le coup d'Etat manqué du général Gilbert Diendéré en 2015, Evrard Somda a acquis une notoriété auprès des citoyens burkinabè voire au-delà.
Si l'objectif visé est d'obtenir plus de résultats, c'est tant mieux !
Aux yeux de nombreuses personnes, ce lieutenant-colonel incarne des valeurs de courage, de patriotisme et de probité morale au point que nombre de ses frères d'armes le considèrent comme le gardien du temple de la Gendarmerie. Son remplacement à la tête de cette institution pourrait donc constituer une douche froide pour tous ceux qui le tiennent en haute estime. Mais comme on le dit, nul n'est indispensable sur cette terre.
Au-delà, l'homme peut encore servir sa nation sur d'autres fronts comme il sait si bien le faire. Si la conquête de la ville forteresse, Arbinda, par les groupes armés terroristes, est restée jusqu'à ce jour, vaine, c'est grâce en partie au sens du patriotisme, de l'honneur et de courage que ce lieutenant-colonel a su insuffler aux hommes qui protègent cette ville. Tout ce qu'il faut souhaiter, c'est que son successeur qui est loin d'être un novice en la matière, puisse travailler à renforcer la cohésion d'abord au sein de la Gendarmerie et ensuite avec les autres entités militaires.
La Gendarmerie qui a fait ses preuves sous le régime Kaboré, en matière de lutte contre le terrorisme, ne doit, en aucun cas, se laisser gagner par une quelconque démoralisation. Il est vrai qu'après l'annonce de la présumée tentative de coup d'Etat, beaucoup de rumeurs tendent à salir l'image des Pandores mais c'est à eux de travailler à redorer leur blason. Comme l'adage nous l'enseigne, « il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain ». Et tout le mal qu'on puisse souhaiter au nouveau patron de la Gendarmerie, c'est de réussir.
En tout état de cause, pourvu que dans ce remplacement des hommes, prévale l'intérêt de la Nation. Si l'objectif visé est d'obtenir plus de résultats, surtout sur le terrain de la lutte contre l'hydre terroriste, c'est tant mieux ! Il faut à tout prix libérer le pays des griffes des groupes armés terroristes qui l'endeuillent depuis maintenant 8 ans.