La 7e édition du Salon international des mines (Sim) s'est ouverte mardi, à Diamniadio, sur le thème « Les géosciences et l'exploitation responsable des ressources minérales : défis et opportunités pour le développement économique et social ». Au-delà de cette réflexion, il s'agit, en toile de fond, de faire la promotion du secteur minier sénégalais dont une idée du potentiel a été exposée par le Premier ministre dans son discours.
Après le format hybride de 2021 à cause notamment de la Covid-19, le Salon international des mines (Sim), pour sa 7e édition ouverte, mardi, a retrouvé sa version originelle, c'est-à-dire en présentiel. Et cela s'est ressenti à travers la forte affluence aussi bien en termes de participants - plus de 1000 - qu'en termes d'exposants - 120 stands. Néanmoins, elle a changé de cadre. Elle ne se tient pas comme les six éditions passées au King Fahd Palace, mais au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio.
À part ces considérations de forme, le fond du Sim, lui, reste le même : faire la promotion du secteur minier national au confluent des apports extérieurs les plus innovants. Une promotion qui se nourrit, cette année, de la thématique axée sur l'importance des géosciences pour une meilleure compréhension et gestion responsable des ressources minérales au bénéfice du développement et social. À cet effet, des tables-rondes et conférences sont au programme des trois jours de ce salon.
À la cérémonie d'ouverture qu'il a présidée, le Premier ministre Amadou Ba a tenu un discours qui renseigne sur la position du Sénégal en tant qu'acteur majeur de l'industrie minière dans la sous-région. Une position que le pays doit, selon lui, à un contexte géologique favorable lié à l'existence d'un potentiel minier important dont le développement joue un rôle de premier plan dans l'économie nationale. C'est la raison pour laquelle, a rappelé le Premier ministre, le secteur minier est inscrit comme l'une des priorités du Plan Sénégal émergent (Pse). « À cet égard, il faut relever et se féliciter des résultats déjà obtenus dans la mise en oeuvre des projets et réformes phares du secteur, notamment dans les deux premières phases du Pse.
Les mines représentent 4,8 % du Pib
Les évaluations de la première décennie de ce plan montrent que le secteur minier est un véritable moteur de croissance et un levier du développement économique et social », a indiqué le chef du Gouvernement. Pour étayer ses propos, Amadou Ba a fait observer qu'en 2021, par exemple, le secteur minier a contribué à hauteur de 4,8 % au Pib. Dans le même temps, la production totale des produits miniers (ciment, acide phosphorique et engrais) est passée de 1.142 milliards de FCfa en 2020 à 1.508 milliards de FCfa en 2021, soit une hausse de 24 %. Cette production est essentiellement portée par l'or avec 512 milliards de FCfa, soit 34 % de la production totale, suivie du ciment, évalué à 341 milliards de FCfa, soit 22 %, de l'acide phosphorique avec une production 298 milliards de FCfa, soit 19 %, des phosphates avec 79 milliards de FCfa (5,3 %), d'ilménite avec 74 milliards de FCfa (5,1 %) et du zircon avec 62 milliards de FCfa (4,1 %).
La valeur ajoutée du secteur extractif est passée de 598 milliards de FCfa en 2020 à 730 milliards de FCfa en 2021, soit une hausse de 22 %. L'effectif de la main d'oeuvre dans le secteur minier industriel est passé de 9.508 à 11.213 travailleurs entre 2020 et 2021, pour une masse salariale de 101 milliards de FCfa, le secteur artisanal, quant à lui, emploie environ 30.000 personnes. Les recettes fiscales du secteur extractif s'élèvent en 2021 à 206 milliards de FCfa dont 190 milliards de FCfa pour le secteur minier, soit 8 % des recettes budgétaires hors dons de l'État.
Rééquilibrer la gouvernance des ressources minérales
Outre ces indicateurs, le Premier ministre est revenu sur l'une des missions que le Président de la République a confiées au Gouvernement relativement à la gestion du secteur minier : il s'agit du rééquilibrage de la gouvernance des ressources minérales par le maintien de l'attractivité du secteur et de la promotion d'un partenariat mutuellement avantageux entre l'État, les investisseurs et les communautés hôtes. Or, pour atteindre ce résultat et pour une meilleure prise en charge des enjeux et défis actuels et futurs, il est primordial d'améliorer la connaissance de la géologie et des potentialités minérales en mettant un accent particulier sur le développement des géosciences et le respect des meilleures normes d'exploitation. D'où la pertinence, selon Amadou Ba, du thème de cette 7e édition du Salon international des mines : « Les géosciences et l'exploitation responsable des ressources minérales : défis et opportunités pour le développement économique et social ».
Retombées des mines pour les populations
L'invite d'Amadou Bâ aux entreprises exploitantes
L'exploitation des ressources naturelles doit se faire dans un cadre de bonne gouvernance et de développement durable. Mais, elle doit surtout contribuer à asseoir une dynamique de croissance pouvant générer de meilleures conditions de vie des populations. Si les entreprises minières, dans le cadre de la Rse et de l'accompagnement du développement des territoires, réalisent des infrastructures utiles et importantes dans les zones d'implantation minière, le Premier ministre Amadou Ba semble leur dire d'en faire encore plus et mieux.
« Le Gouvernement salue ces actions, mais les entreprises minières doivent comprendre qu'il est inacceptable de les voir prospérer alors que les communautés environnantes sont appauvries. Si les ressources naturelles, conformément à notre Constitution, appartiennent au peuple, leur exploitation doit assurément bénéficier aux communautés impactées et leur assurer une vie après la mine », a-t-il déclaré.
Il a rappelé que c'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles la loi 2016-32 du 8 novembre 2016 portant Code minier a institué un Fonds d'appui au développement local alimenté annuellement à hauteur de 0,5 % du chiffre d'affaires hors taxes des sociétés titulaires de titres miniers en phase d'exploitation, de contrats de partage de production ou de contrats de services. Toutes les sociétés minières sans exception sont assujetties au paiement de cette redevance qui vient compléter les fonds d'appui et de péréquation dont bénéficient déjà les collectivités territoriales et qui correspondent à 20 % des redevances minières, taxes superficiaires et droits d'entrée collectés annuellement.
Le développement des éoles et instituts de mines
Un levier de performance dans le secteur des mines
Dans son discours d'ouverture de la 7ème édition du Salon international des mines, le Directeur de la géologie, par ailleurs président du comité d'organisation du Sim, a souligné les progrès réalisés dans le secteur grâce aux innovations apportées dans les techniques de recherches mais aussi dans la gestion optimale des ressources minières et minérales. Selon Saliou Samb, ces progrès sont le résultat de l'option prise par le Président de la République d'installer le secteur des mines au coeur des priorités du Pse.
Une option qui s'est traduite par la création des écoles et instituts supérieurs dédiés aux mines, mais aussi des changements institutionnels porteurs de progrès. « Je voudrais saluer les multiples réalisations du Président de la République qui ont eu un impact remarquable dans le secteur minier, notamment la création de l'Université Amadou Mahtar Mbow avec un département entièrement dédié aux mines et à la géologie, le déploiement progressif dans tout le pays des Isep et la création de l'Institut national du pétrole et du gaz (Inpg), mais également le changement de statut de l'Institut des Sciences de la Terre, devenu Ecole Nationale Supérieure des Mines et de la Géologie.
Nous assistons ainsi à une démocratisation de l'accès aux structures de formation favorisant le développement de l'expertise nationale, de l'employabilité des jeunes et leur capacité à entreprendre », a soutenu Saliou Samb. C'est dans cette perspective que s'inscrivent les performances réalisées par les pensionnaires de l'Université Amadou Mahtar Mbow de Diamniadio et ceux de l'Institut National de Pétrole et du Gaz (Inpg) qui ont raflé les prix de la 3ème édition du Hackathon organisée dans le cadre des activités du salon.
Ainsi, le 3ème prix est revenu à une équipe de quatre étudiants de l'Uam qui se sont distingués avec une innovation basée sur la bio-oxydation. Un procédé utilisé dans l'extraction de l'or. Les 2e et 3e prix sont allés à des étudiants de l'Inpg qui ont consacré leurs recherches, respectivement, sur les procédés de réduction des gaz à effet de serre dans le cadre de l'exploitation du gaz (une découverte qui permet également la création d'emplois) et sur le développement d'une technique d'utilisation de l'attapulgite comme boue de forage par les entreprises pétrolières.
Cette technologie, en plus d'améliorer les techniques de forages, constitue une opportunité d'exploitation de la ressource et la création de redevances mais aussi d'emplois. C'est pourquoi, ces concepteurs ont obtenu le 1er prix du Hackathon doté d'une enveloppe de 3000 000 Fcfa. Les 2e et 3e prix ont été récompensés respectivement par des chèques de 2 500 000 Fcfa et 2 000 000 Fcfa.
Pour le Directeur de la géologie, ce processus d'innovation va se poursuivre grâce notamment au développement de la géoscience avec l'installation du hub minier régional. « Dans le même sillage la composante académique du hub minier régional, programme phare du Pse contribuera au développement des géosciences avec une ressource humaine à même de répondre aux aspirations d'une administration forte et d'un marché de travail de plus en plus exigeant », a prédit Saliou Samb.